Le secteur de l’aviation reçoit un coup de pouce, mais ce n’est pas suffisant pour qu’il prenne son envol

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Jerry Dias with Katha Fortier speaking at a mic to a rally Unifor flags
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Le secteur canadien du transport aérien a enfin reçu une aide financière de la part du gouvernement au cours des derniers mois, mais il devra bénéficier d’une attention accrue avant de pouvoir se rétablir de la crise de la COVID-19.

« Le secteur du transport aérien a été durement touché, a commenté Jerry Dias, président national d’Unifor. Nous avons plus que jamais besoin d’une feuille de route vers la relance qui inclut un plan exhaustif pour la réouverture des frontières du Canada et un plan garantissant des emplois de qualité et la durabilité sociale pour les travailleuses et travailleurs de ce secteur. »

Depuis des mois, Unifor demande au gouvernement de mettre en œuvre un plan national de relance pour le secteur du transport aérien qui comporte une aide financière et un plan pour ouvrir les frontières, en plus de mettre l’accent sur les moyens de mettre fin aux emplois précaires et de favoriser le bien commun après la pandémie.

Au cours des mois précédant le budget, le gouvernement a enfin répondu en accordant des prêts totalisant 6,95 milliards de dollars aux transporteurs aériens du Canada par le biais de son programme Crédit d’urgence pour les grands employeurs (CUGE). Ce programme procure une aide à court terme sous forme de prêts à terme portant intérêt aux grands employeurs canadiens touchés par la pandémie de COVID-19. Les employeurs industriels ont également reçu du soutien par le biais de la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC).

Dans le cadre de cet investissement de 6,95 milliards de dollars, le gouvernement fédéral a conclu en mars une entente d’aide financière avec Air Canada, qui devait fournir au transporteur aérien 5,9 milliards de dollars, à condition qu’Air Canada accepte de rembourser les clients dont les vols ont été annulés en raison de la pandémie. Air Canada a également convenu de rétablir les vols dans 17 aéroports régionaux. Le gouvernement a accordé 700 millions de dollars à Air Transat, 375 millions de dollars à Sunwing et un montant confidentiel à Flair Airlines.

Parmi les autres investissements modestes mentionnons un engagement à garder ouvertes les tours de contrôle de la circulation aérienne. Le gouvernement a aussi accordé des fonds pour maintenir les services aériens essentiels dans les communautés nordiques. Le CUGE comportait certaines conditions importantes demandées haut et fort par Unifor depuis un an, notamment une exemption au rachat d’actions, des restrictions sur les dividendes et la rémunération des cadres supérieurs, ainsi qu’un engagement à respecter les conventions collectives.

Le budget fédéral présenté le mois dernier a provisoirement répondu à une demande de longue date visant à mettre fin aux transferts de contrats, mais il n’oblige pas les nouveaux sous-traitants à embaucher le personnel employé par le sous-traitant précédent et ne vise pas non plus tous les travailleurs et travailleuses des aéroports.

Avant la pandémie, quelque 16 500 membres travaillaient dans le secteur du transport aérien d’Unifor notamment comme pilotes, contrôleur(se)s de la circulation aérienne, représentant(e)s du service à la clientèle, ingénieur(e)s, agent(e)s de bord et mécanicien(ne)s d’aéronefs.

Les membres d’Unifor travaillent chez certains des plus grands employeurs de ce secteur, comme Air Canada, NAV Canada, Sunwing, l’Autorité aéroportuaire du Grand Toronto, Jazz Air et Swissport.

Le secteur du transport aérien se retrouve dans une situation précaire en raison de la pandémie de COVID-19.

Les grands transporteurs aériens canadiens ont transporté moins de 800 000 personnes en janvier, ce qui représente une baisse de 90 % du nombre de passagers par rapport à la même période en 2020. En janvier de cette année, 45 % des membres d’Unifor qui travaillent dans le secteur du transport aérien ont été mis à pied, mis en congé forcé ou congédiés.

Unifor a déclaré que NAV Canada doit s’engager à mettre fin aux mises à pied et à former un plus grand nombre de contrôleur(se)s et de spécialistes de la circulation aérienne. Le gouvernement doit améliorer les règles pour mettre fin aux transferts de contrats dans les aéroports. Les travailleuses et travailleurs doivent bénéficier de normes d’emploi plus strictes et de prestations pour soins de santé et avoir accès à des régimes de retraite. Les aéroports ont besoin d’un plan et de fonds pour rappeler les travailleuses et travailleurs mis à pied. Il est beaucoup plus complexe de rappeler au travail les travailleuses et travailleurs des aéroports puisque le maintien des compétences et les laborieuses attestations de sécurité du personnel ne permettent pas un retour rapide.

« Jusqu’à présent, certaines de nos demandes ont été satisfaites, notamment l’investissement de 7 milliards de dollars pour les transporteurs aériens, mais ce n’est vraiment pas suffisant pour pallier l’effondrement du secteur », a expliqué Jerry Dias.

En comparaison, le gouvernement des États-Unis a investi plus de 50 milliards de dollars pour soutenir son industrie aérienne, et les pays membres de l’Union européenne avaient investi 31,5 milliards de dollars en date d’octobre 2020.

L’administration Biden a fait plusieurs déclarations sur l’importance des voyages et des transports pour une économie nationale et la nécessité de faire des dépenses d’infrastructure une priorité. Il s’est engagé à rénover les aéroports dans le cadre de son plan d’emploi américain et à créer des emplois syndiqués de qualité. Au Canada, les aéroports ne se sont vu accorder que la possibilité de reporter leurs paiements de loyer jusqu’en 2024, moment où ils devront commencer à rembourser le loyer dû pour les quatre années précédentes.

Le syndicat a indiqué savoir que les sociétés essaieront d’utiliser la crise de la COVID-19 comme prétexte pour déréglementer davantage le secteur et revenir aux relations d’emploi établies sur la base de la négociation à la baisse. Les membres du secteur de l’aviation d’Unifor sont déjà passés par là, et le syndicat a déclaré qu’il ne laisserait pas la situation se reproduire sans rien faire pour l’empêcher.

« Il est impossible de rebâtir en mieux notre pays si le secteur du transport aérien n’est pas dynamique, a déclaré Jerry Dias. Autrement, le pays est dans le pétrin. »

Pour de plus amples renseignements, visitez unifor.org/aviation.