Une Conférence des travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur pleine d’émotions sur la justice raciale et la guérison

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Photo de groupe des déléguées et délégués à la Conférence des travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur.
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Après deux longues années de racisme exacerbé par la pandémie, les travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur se sont rassemblés à Port Elgin pour échanger sur les événements traumatisants qu’ils ont vécus.

Cette année, la Conférence des travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur s’est déroulée en présentiel du 17 au 19 juin 2022, sous le thème : « Prendre soin de sa santé : un acte de militantisme ».

Dans un discours percutant, Christine Maclin, directrice du Service des droits de la personne d’Unifor, a déclaré que la haine et le racisme ont atteint des sommets jamais atteints. Elle a dit être certaine que « tout le monde dans cette salle a été touché par la montée du racisme ».

« Nous sommes nombreux ici à avoir besoin de guérison », a dit Christine Maclin au groupe de plusieurs centaines de personnes, ajoutant que toutes les personnes présentes avaient sûrement déjà subi du racisme.

Christine Maclin

« Nous avons besoin d’évoluer avec la communauté et les uns avec les autres, et d’élaborer ensemble des stratégies pour communiquer un changement en profondeur. »

Une formation historique de 40 heures destinée à de futurs intervenants et intervenantes en justice raciale est à l’origine de cette conférence, qui a débuté par une cérémonie de reconnaissance du territoire célébrée par l’Aînée Marsha Reany. Ensuite, Christine Maclin a dirigé en musique un groupe d’enfants – les enfants des déléguées et délégués présents à la conférence.

« Les jours sombres sont derrière nous et des jours d’espoir sont devant nous. C’est pour cette raison que ces enfants devaient traverser les salles pour voir toutes les personnes noires, autochtones et de couleur présentes ici, parce que nous espérons qu’ils représentent l’avenir », a déclaré Christine Maclin.

Lana Payne

La secrétaire-trésorière nationale d’Unifor, Lana Payne, a dit quelques mots à propos du rapport publié la semaine dernière par le Service de police de Toronto sur les données raciales. Selon ce rapport, les policiers ciblent de façon disproportionnée les personnes noires, autochtones et de couleur pour des fouilles à nu et l’usage de la force. Un nombre stupéfiant de résidents noirs sont 230 % plus à risque que les personnes blanches de se retrouver dans une situation où un policier pointe une arme à feu sur eux même s’ils n’ont pas l’air d’être armés.

« Ce n’est pas la normalité que nous voulons. Nous n’allons pas nous battre pour la normalité, nous allons nous battre pour une vie meilleure », a-t-elle dit aux déléguées et délégués. « Ensemble, nous montrerons la voie vers un monde différent. Luttons ensemble contre la haine chaque fois que nous la voyons à l’œuvre. Unissons-nous autour des principes de notre syndicat, car quand nous le faisons, nous gagnons à tout coup. »

Dereck Berry a été élu membre du Conseil exécutif national d’Unifor pour représenter les travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur. Il remplacera Ruth Pryce, qui a été honorée lors d’un dîner-hommage tenu pendant la fin de semaine.

Dans son discours d’acceptation, Dereck Berry a déclaré que toutes les divisions devaient cesser, faisant référence à la nécessité de faire plus de place aux travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur dans les milieux de travail.

La directrice de la région de l’Ontario d’Unifor, Naureen Rizvi, a encouragé les déléguées et délégués à exhorter les dirigeantes et dirigeants élus à regarder à travers le prisme de la communauté noire, autochtone et de couleur.

« Vous m’avez parlé de votre programme de lutte contre la haine. Bravo! C’est l’objectif de cette conférence. « Le travail des dirigeantes et dirigeants qui viennent ici consiste à vous écouter et à prendre connaissance de vos besoins », a-t-elle dit.

Dereck Berry a été élu membre du Conseil exécutif national.
Naureen Rizvi

Naureen Rizvi a fait savoir qu’elle avait entendu les participantes et participants mentionner la nécessité d’avoir plus d’espace, d’élire plus de personnes noires, autochtones et de couleur à des postes de direction et de créer des politiques qui les incluent.

« N’ayez pas peur si quelqu’un vous répond avec émotion. Ce n’est pas grave si vous êtes mal à l’aise, parce que vous faites quelque chose de nouveau », a-t-elle fait observer. « N’oubliez pas le pouvoir de votre voix. Racontez vos expériences. »

Des membres d’Unifor sont montés sur l’estrade pour raconter les défis et les traumatismes auxquels ils et elles ont été confrontés au travail pendant la pandémie.

Angela Downey, une travailleuse de la santé membre de la section locale 4606, a raconté que les ses patients atteints de la maladie d’Alzheimer ne comprenaient pas pourquoi ils devaient rester isolés dans leur chambre pendant la pandémie.

« C’était difficile. Je ne travaille pas dans le domaine de la santé pour l’argent, mais pour la dignité et le respect de ces personnes », a-t-elle dit avant d’être applaudie chaleureusement.

Jacqueline McIntosh, présidente de l’unité de CTV de la section locale 79-M d’Unifor, décrit des conditions de travail épouvantables, alors que des journalistes étaient harcelés et attaqués parce qu’ils portaient des masques. Elle a raconté que lorsque la pandémie a tout paralysé, les travailleurs ont été obligés d’uriner dans des bouteilles d’eau pendant leur travail.

« C’est dégoûtant, a-t-elle dit. En tant que confrères et consœurs de couleur, nous devons unir nos efforts pour être protégés et que nos intérêts sont pris en compte. Personne ne le fera à notre place; nous devons nous occuper les uns des autres. »

Katha Fortier

Katha Fortier, adjointe à la présidence nationale, a parlé des milieux de travail qui tiennent compte des traumatismes subis dans différents secteurs pendant la pandémie.

« Plusieurs membres d’Unifor sont morts après avoir contracté la COVID dans leur milieu de travail. Des travailleuses et travailleurs ont littéralement donné leur vie. »

À la conférence, la foule a eu droit à des aperçus de deux vidéos sur la justice raciale qui seront présentées en première au congrès en août. Mentionnons par exemple une entrevue avec Mozart Mimms, un homme de 104 ans arrivé à Vancouver en 1952. Il a travaillé 32 ans pour le Canadien Pacifique et VIA Rail, présidé un comité de règlement des griefs et été président de la Fraternité des porteurs de wagons-dortoirs.

Les déléguées et délégués ont participé à un atelier du Réseau canadien contre la haine, puis fabriqué des tambours dans le cadre d’un atelier de guérison.

« Aujourd’hui, 19 juillet, c’est aux États-Unis le Jour de l’Émancipation, qui marque l’abolition de l’esclavage », a déclaré Christine Maclin la dernière journée de la conférence. « Mais je veux que nous reconnaissions le 1er août, jour de l’Émancipation au Canada, qui commémore l’abolition de l’esclavage dans la colonie britannique. C’est grâce au travail d’Unifor que cette date a été reconnue l’année dernière par le gouvernement fédéral. »

Elle a ajouté : « La justice raciale concerne tout ce que nous faisons. Elle est intimement liée à tous les aspects de la négociation collective et de la vie de tous les jours. »

Regardez l'album de photos de la Conférence des travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur publié sur Facebook.