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La première journée du Conseil canadien d’Unifor a été un véritable tour de force.
Des milliers de dirigeantes et de dirigeants ainsi que de militantes et militants de sections locales d’Unifor se sont rassemblés au Palais des congrès de Montréal le 27 septembre pour célébrer les victoires du syndicat au cours de la dernière année, partager leurs histoires de militantisme et renouveler leur engagement commun à continuer d’aller de l’avant en toute solidarité dans le cadre de ce conseil d’une durée de trois jours.
« Quelle énergie! Quelle ambiance dans cette salle! On sent votre grande force, a mentionné la présidente nationale d’Unifor Lana Payne dans son allocution. Je suis si fière de chacune et chacun d’entre vous. Vous avez connu une année exceptionnelle. Ensemble, nous avons connu une année exceptionnelle.
Le conseil a commencé avec une allocution émouvante de Don Barnaby, membre de la Première Nation Micmac et danseur traditionnel qui suit le chemin rouge de la guérison. Il a parlé de l’histoire tragique de sa mère qui a grandi dans un pensionnat autochtone ainsi que de leurs traumatismes générationnels et de la guérison associée à cet héritage.
« Je n’en veux pas à ma mère pour ce qu’elle a fait subir à mes frères et à moi. Tout ce que je pouvais faire c’était de prier pour elle, a-t-il expliqué. Je chante pour les gens qui ne peuvent pas chanter. Je danse pour celles et ceux qui ne peuvent pas danser... le pow-wow m’a sauvé la vie. »
Dans son rapport, la présidente nationale Lana Payne a mentionné qu’Unifor et les travailleuses et travailleurs partout au pays ont une occasion exceptionnelle de lutter pour obtenir de meilleurs contrats de travail et faire valoir leurs droits.
Elle a expliqué que la grève à Metro l’été dernier qui a touché 3 700 travailleuses et travailleurs dans la grande région de Toronto et l’entente type qui a suivi ont véritablement changé l donne.
« Cette grève a changé des vies. Elle a changé notre syndicat. Elle a inspiré l’ensemble du mouvement syndical, a-t-elle ajouté.
Et lorsque ce conflit a été réglé, le courage de ces travailleuses et travailleurs a propulsé Unifor dans une situation différente. L’année dernière, notre syndicat a montré à tous les employeurs avec lesquels nous négocions qu’Unifor lutte pour toutes les travailleuses et pour tous les travailleurs, sans exception. Lorsque nous luttons ensemble, nous gagnons! »
Elle a aussi tenu à souligner les efforts des membres pour bâtir le syndicat en qualifiant l’organisation de « syndicat audacieux, militant et fort ».
Il y a quelques mois, plus de 800 travailleuses et travailleurs de l’entrepôt d’un centre de distribution de Walmart ont voté en faveur de l’adhésion à Unifor, malgré une campagne antisyndicale féroce. Cette unité a obtenu son accréditation cette semaine du Conseil des relations de travail de l’Ontario et le jour même, Wal-Mart a été contraint d’accorder 94 millions de dollars en augmentations salariales à ses employées et employés au Canada.
« Avant même de nous asseoir à une table de négociation, l’employeur nous accorde des gains. Donc préparez-vous, car ce sera une lutte épique », a ajouté Mme Payne.
Elle a déclaré que des travailleuses et travailleurs dans tous les secteurs de l’économie, notamment l’aviation, les soins de santé, les pièces d’automobiles, l’hôtellerie et l’énergie, se joignent au syndicat.
Au cours de la dernière année, des travailleuses et travailleurs exigeant un plus grand respect ont obtenu des contrats de travail historiques avec des augmentations salariales et des hausses des cotisations aux régimes de retraite sans précédent, des indemnités de vie chère ainsi que des libellés et des mesures de soutien pour des intervenantes ou intervenants pour la justice raciale et auprès des femmes.
« Nous avons réalisé tous ces gains ensemble, a déclaré Mme Payne. Je leur ai promis que nous serions là pour aider ces membres en mettant à leur disposition toute la force de notre syndicat. »
La présidente nationale présentera quatre recommandations sur le droit de grève, le renforcement de l’économie canadienne, l’engagement envers les politiques en faveur des travailleuses et travailleurs ainsi que la proclamation de la vérité et de la réconciliation au Canada.
Le Conseil a aussi fourni un soutien aux travailleuses et travailleurs en grève.
Les membres de la section locale 171 qui travaillent à Stablex, une entreprise située à Blainville, au Québec, ont déclenché une grève lundi dernier. Ces 134 membres demandent une augmentation salariale convenable alors que l’employeur a présenté une offre prévoyant la plus faible augmentation des conditions financières depuis 16 ans.
« Nous avons été surpris de voir que l’employeur nous présentait une centaine de demandes, a expliqué Jonathan Trudel, président de la section locale 171. Il cherchait à nous mettre à l’épreuve. Puis, il nous a présenté une deuxième offre encore moins avantageuse que la première. Il cherchait à briser notre solidarité. »
Les déléguées et délégués ont aussi exprimé toute leur solidarité avec les membres de la section locale 1541 à Best Theratronics, un établissement qui produit de l’équipement médical situé à Kanata, en Ontario, qui sont sur les lignes de piquetage depuis le 1er mai dernier après que le propriétaire ait déposé une offre ne prévoyant aucune augmentation salariale sur deux ans.
« Nous faisons un travail exceptionnel qui est crucial pour les gens qui luttent contre le cancer partout dans le monde. Toutefois, nos salaires sont 20 % sous le taux d’inflation, a expliqué James Thuot, membre du comité de négociation de la section locale 1541.
Le directeur québécois Daniel Cloutier a exprimé sa grande fierté d’accueillir le Conseil canadien à Montréal. Il a pris un moment pour rendre hommage au représentant Joël Perreault, un représentant du Québec qui s’est enlevé la vie l’année dernière.
« Je parle de cela aujourd’hui parce qu’il nous manque encore terriblement et que je crois qu’il est important d’aborder la question de la santé mentale, a expliqué M. Cloutier. N’hésitez pas à demander de l’aide. Ne vous isolez pas. N’hésitez pas. Vous n’êtes pas seuls. »
Daniel Cloutier a aussi tenu à souligner certains gains importants réalisés au Québec au cours de la dernière année, y compris à Viterra, Canadoil Forge, Kruger et La Voie maritime du Saint-Laurent. Il a aussi rappelé avec fierté la mobilisation au Québec pour défendre les membres d’Autoport ainsi que la lutte pour les travailleuses et travailleurs des secteurs des télécommunications et des médias dans le cadre de la campagne #HonteÀBell.
Daniel Cloutier a aussi mis l’accent sur les actions politiques nécessaires pour atténuer les effets de la crise dans le secteur forestier.
« Nous devons considérer le secteur forestier comme étant l’une de nos puissances économiques au Québec et en Ontario et notre syndicat doit contribuer à préserver les forêts pour les générations futures.
Je pourrais vous parler pendant des heures du travail de nos membres au Québec et, malgré tout, je ne crois pas que cela ferait justice au travail exceptionnel qu’ils réalisent au quotidien. », a ajouté M. Cloutier.
« Le secteur de l’aérospatiale est un pilier essentiel de l’économie québécoise et un symbole de notre expertise technologique. Nous nous engageons à défendre les droits des travailleuses et travailleurs qui contribuent à cette industrie de classe mondiale pour qu’ils obtiennent des conditions de travail équitables et de solides possibilités pour l’avenir. »
Magali Picard, présidente de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) a mis en garde les déléguées et délégués sur les effets potentiels d’un gouvernement conservateur dirigé par Pierre Poilievre qui pourrait déstabiliser la situation pour les travailleuses et travailleurs en éliminant la formule Rand, une décision de la Cour suprême qui autorise les syndicats à prélever les cotisations directement sur les chèques de paie.
En 2012, Pierre Poilievre a fait campagne pour permettre aux travailleuses et travailleurs du secteur public de renoncer au paiement des cotisations syndicales.
« Il parle aux gens, mais il ne leur dit pas la vérité. Il veut se débarrasser des syndicats, a déclaré Mme Picard.
Si nous perdons la formule Rand, [le Canada] sera au même niveau que ses voisins du sud. »
Magali Picard faisait ainsi référence au fait que Detroit est le quatrième état le plus fortuné aux États-Unis en 2010, mais a abandonné la formule Rand en 2012. Cette décision a fait en sorte que 50 % des travailleuses et travailleurs ont cessé de payer leurs cotisations syndicales. Six mois plus tard, moins de 5 % des travailleuses et travailleurs avaient acquitté leurs cotisations syndicales, causant ainsi la faillite des syndicats et l’élimination des conventions collectives. En 2016, la Ville de Detroit a déclaré faillite, une situation qu’elle ne souhaite pas voir se répercuter au Canada.
« Nous devons lui montrer qu’au Canada, on ne joue pas avec les droits des travailleuses et des travailleurs. La politique, c’est du sérieux, mais notre avenir est entre nos mains. »