Les clientes et clients exigent mieux des télécoms, et les travailleuses et travailleurs aussi.

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Telecommunications worker checks lines.
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Jennifer Murray, directrice de la région de l’Atlantique

Le premier ministre Tim Houston a fait des vagues cette semaine lorsqu’il a critiqué les entreprises de télécommunications pour leur manque de transparence et de coopération dans le sillage de la supertempête Fiona. Je propose que nous ajoutions tous une autre critique à cette liste : les mauvais traitements infligés par les télécoms aux travailleuses et travailleurs.

Dans le sillage de Fiona, les Canadiens de l’Atlantique ont massivement soutenu les travailleuses et travailleurs sur le terrain, s’exclamant et applaudissant lorsque les camions s’arrêtent devant leurs maisons et leurs commerces pour reconnecter les services essentiels.

Mais les applaudissements ne suffisent pas à effacer le manque de respect démoralisant de leurs employeuses et employeurs.

Les membres d’Unifor travaillant à Eastlink dans la région de Dartmouth/Bedford/Sackville sont à un an de la négociation de leur prochain contrat syndical et sont actuellement les techniciennes et techniciens les moins bien payés à Eastlink. Les travailleuses et travailleurs d’Eastlink de l’autre côté du port gagnent beaucoup plus, tant en salaire général qu’en indemnité de disponibilité. Le groupe de Dartmouth gagne 38 % de moins que ses homologues de Halifax, rien qu’en indemnités de disponibilité.

Unifor, le syndicat représentant ces travailleuses et travailleurs, a invité l’employeur à corriger immédiatement la dernière année de leur contrat actuel en alignant leurs salaires sur ceux du reste de la compagnie - mais Eastlink a refusé. Imaginez que vous partiez faire votre 24e heure supplémentaire en trois jours en sachant cela.

Contrairement aux « 3 grands », Bell, TELUS et Rogers, Eastlink demeure une compagnie privée fondée par de riches barons du bleuet néo-écossais, la famille Bragg. Dans un communiqué publié l’an dernier par l’entreprise  à l’occasion de son 50e anniversaire, elle « braquait » les projecteurs sur son entreprise « humble » et « locale » qui conserve ses « valeurs de petite ville ».

Mais Eastlink ne fait pas la démonstration des valeurs qui font la réputation des Canadiennes et Canadiens de l’Atlantique. Nous valorisons le travail acharné, nous aidons nos voisines et voisins et, en cas de catastrophe, nous ne profitons absolument pas des autres pour nous enrichir.

Les Bragg ne sont pas les seuls à maltraiter les travailleuses et travailleurs. La règle du jeu, c’est que les télécoms canadiennes aggravent la situation. La sous-traitance, la délocalisation et les conditions de travail dangereuses sont plus courantes, pas moins.

Il existe certaines solutions législatives que nous pouvons demander au gouvernement fédéral de mettre en œuvre, comme exiger que les programmes de large bande financés par des deniers publics soutiennent de bons emplois dans les communautés locales..

Mais les changements législatifs ne suffiront pas à résoudre la crise à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui. Eastlink, et avec elle d’autres compagnies de télécommunications, doivent commencer à joindre le geste à la parole. Alors que les profits augmentent, les emplois sont sous-traités ou, dans le cas des membres de Bell Aliant, sont moins bien payés que leurs homologues du centre du Canada.

La cupidité des compagnies n’est pas une valeur de petite ville. Les compagnies de télécommunications comme Eastlink peuvent choisir de faire maintenant des changements qui permettront de bâtir une main-d’œuvre plus satisfaite, plus loyale et plus en sécurité, et donc de fournir un meilleur service.

Le fait est que les salaires sont bas et injustes, et que les heures, particulièrement pour celles et ceux qui travaillent dans la région de l’Atlantique en ce moment, sont insoutenables. Être poussée et poussé à l’extrême dans un travail de réparation de ligne est non seulement techniquement difficile, mais aussi l’un des emplois les plus dangereux au Canada.

Les travailleuses et travailleurs font face à des risques de blessures et de mort en raison de chutes, d’électrocutions et d’autres dangers.

Il est temps que nous tenions tête aux très riches compagnies de télécommunications du Canada et que nous exigions le respect des travailleuses et travailleurs et des consommatrices et consommateurs.

Les clientes et clients le savent : lorsqu’un modèle commercial est basé sur la sous-traitance et ne paie pas aux travailleuses et travailleurs des salaires équitables, leurs services en pâtissent.

Nous en avons assez de payer les frais de télécommunications les plus élevés au monde.

Nous sommes frustrés par le déclin du service à la clientèle et par les supports de plus en plus externalisés et automatisés.

Nous sommes tous consternés par le manque de respect envers les travailleuses et travailleurs des télécoms.

Il est temps pour les clientes et clients, et les gouvernements d’exiger davantage des grandes compagnies de télécommunications.