Quoi qu’on en dise, le salaire de 15 $ l’heure est le strict minimum nécessaire en Saskatchewan

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Le moment est enfin venu. Le premier ministre Scott Moe augmente le salaire minimum en Saskatchewan à 15 $ l’heure. C’est une bonne nouvelle. C’est une bonne nouvelle pour les travailleuses et travailleurs qui occupent des emplois peu rémunérés. C’est une bonne nouvelle pour leurs enfants et leur famille.

C’est une bonne nouvelle pour les entreprises locales dont les clients auront désormais plus d’argent à dépenser pour les produits de première nécessité et les petits extras qui rendent la vie agréable.

Dans l’ensemble, 62 000 travailleuses et travailleurs en Saskatchewan gagnent actuellement moins de 15 $ l’heure, ce qui correspond à peu près à la population de Prince Albert et de Moose Jaw réunie.

En même temps, il est clair qu’un salaire de 15 $ l’heure n’est plus suffisant.

Le nouveau salaire minimum de 15 $ l’heure ne sera pas pleinement en vigueur avant 2024, soit 7 ans après que la campagne pour un salaire minimum de 15 $ l’heure soit devenue un cri de ralliement provincial en 2017.

Sept ans, c’est long, et un tel salaire perd une bonne partie de son pouvoir d’achat pendant ce temps. 

En tenant compte de l’inflation, un salaire de 15 $ l’heure en 2017 équivaut à 16,65 $ en 2022 . En 2024, ce chiffre pourrait atteindre 17,50 $ ou plus si les tendances actuelles se maintiennent.

La question se pose : quel est le bon indice de référence pour un salaire minimum équitable?

Unifor préconise une politique sur le salaire minimum qui se conjugue à d’autres indicateurs propres au marché du travail et au niveau de vie d’une province. Plus précisément, nous recommandons que le salaire minimum corresponde à 60 % du salaire médian des travailleuses et travailleurs à temps plein. Dans les régions où le salaire médian est extrêmement bas, nous recommandons un salaire minimum d’au moins 15 $ l’heure.

D’après ce repère, le salaire minimum en Saskatchewan devrait être de 18 $ l’heure cette année . Selon cette mesure raisonnable, le plan de Scott Moe d’établir un salaire minimum de 15 $ l’heure dans 2 ans et demi est tout à fait inadéquat.

Les économistes du travail considèrent le « travail à bas salaire » comme étant le travail effectué pour un salaire inférieur aux deux tiers du salaire horaire médian. En Saskatchewan, ce chiffre est de 17,82 $.

Vous pouvez constater comment une augmentation du salaire minimum au-dessus du seuil du travail à bas salaire pourrait être bénéfique pour la province : environ 1 travailleur sur 4 en Saskatchewan, soit 116 000 adultes, fait ce qui est considéré comme un travail à bas salaire.

De plus, bon nombre d’entre eux occupent des emplois à temps partiel, temporaires ou occasionnels où les heures et les revenus sont souvent imprévisibles.

En portant le salaire minimum à 15 $ l’heure en 2024, le premier ministre Moe fait le strict minimum pour les travailleuses et travailleurs peu rémunérés, mais c’est loin d’être suffisant pour garantir qu’ils soient en mesure de répondre à leurs besoins de base, et encore moins prospérer.

Le salaire minimum n’est pas le seul aspect pour lequel Scott Moe laisse tomber les travailleuses et travailleurs de la province. Son piètre bilan s’étend à d’autres aspects critiques du droit du travail, comme les briseurs de grève.

Les travailleuses et travailleurs syndiqués ne gagnent généralement pas un bas salaire, mais Scott Moe accroît leur vulnérabilité en refusant d’interdire les briseurs de grève pendant les grèves et les lock-out. Même le premier ministre Justin Trudeau a pris des mesures pour uniformiser les règles du jeu en s’engageant à interdire les briseurs de grève dans le secteur fédéral.

Le recours aux briseurs de grève détruit complètement l’essence d’un conflit de travail, c’est-à-dire un retrait de la main-d’œuvre qui engendre un coût tant pour le syndicat que l’employeur.

Ironiquement, faire pencher la balance du pouvoir en faveur des employeurs en ayant recours à des briseurs de grève ne permet pas d’atteindre l’objectif qui consiste à faire capituler plus tôt les travailleuses et travailleurs syndiqués : les briseurs de grève prolongent en fait les conflits de travail. La durée moyenne d’un conflit de travail impliquant des briseurs de grève est de 265,1 jours. Sans eux, le conflit moyen ne dure que 42,8 jours.

Les travailleuses et travailleurs de la Saskatchewan méritent un premier ministre qui défend leurs droits et les salaires décents. Jusqu’à ce que Scott Moe prenne des mesures significatives concernant le salaire minimum et les briseurs de grève, nous savons de quel côté il se trouve.


 

Media Contact

Ian Boyko

Représentant national aux communications - Région de l'Ouest
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