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Par Kaylie Tiessen, représentante nationale, Service de la recherche
La principale mesure de l'inflation au Canada a atteint son plus haut niveau en 18 ans en septembre 2021, à un taux de 4,4 % par rapport à l'année précédente.
Septembre a marqué le sixième mois consécutif où l'inflation d'une année sur l'autre est supérieure au taux cible de la Banque du Canada, qui se situe entre 1 % et 3 %. Cette tendance a donné lieu à de nombreux commentaires chocs qui ont suscité la peur et l'inquiétude. Mais comme la Banque a repoussé la date d'une éventuelle augmentation du taux d'intérêt d'un quart de point de pourcentage et qu'elle a laissé entendre que l'inflation pourrait durer trois mois de plus que prévu, le Canada n'est pas dans le scénario pessimiste que certains voudraient nous faire croire.
Dans un blogue précédent, Sune Sandbeck, représentant national au Service de la recherche d'Unifor, a expliqué pourquoi la Banque n'a pas encore décidé de modifier le taux d'intérêt, en se basant sur diverses mesures de la croissance des prix à la consommation. Dans ce blogue, nous examinons de plus près l'IPC global, la mesure la plus souvent couverte par les médias, afin d'identifier les prix qui changent et de comprendre pourquoi.
Le graphique ci-dessous déconstruit les variations mensuelles des prix dans tous les sous-types de biens de consommation depuis janvier 2019 et met en évidence certains points importants concernant l'inflation.
Premièrement, le transport et le logement ont été les plus grands contributeurs à l'inflation au cours des sept derniers mois, l'alimentation venant en troisième position.
Deuxièmement, l'inflation a été inférieure à 1 % pendant les 10 premiers mois de la pandémie, y compris quelques mois de déflation, lorsque les prix ont effectivement diminué. Cela est dû à une baisse du prix du pétrole et du gaz et à de légères baisses du prix des activités de loisir, des vêtements et des chaussures – tous des articles qui ont connu une baisse substantielle de la demande en 2020.
Troisièmement, si les chiffres mensuels de l'inflation ont été volatiles tout au long de la pandémie et sont actuellement assez élevés, le taux moyen d'inflation depuis janvier 2019 est de 2,8 %. Les décideurs politiques examinent la variation moyenne de l'IPC sur une période donnée pour établir un certain contexte pour la tendance actuelle et comprendre si les variations de prix sont hors norme ou non.
La Banque du Canada a souligné deux raisons principales pour lesquelles l'inflation est plus élevée que les années précédentes.
Premièrement, les prix continuent de se redresser après les baisses, et dans certains cas après les déclins, enregistrées en 2020 lorsque la demande de pétrole a chuté de façon si importante que les producteurs payaient plus pour expédier un baril de pétrole que ce qu'ils pouvaient gagner en vendant ce même baril. En substance, c'est parce que les prix se « rétablissent » après une période de stagnation.
Et deuxièmement, les perturbations de la chaîne d'approvisionnement, notamment aux États-Unis, ont un effet démesuré sur les prix à court et moyen terme.
Aucune de ces raisons expliquant le récent taux d'inflation élevé ne sera résolue en augmentant le taux d'intérêt et en ralentissant potentiellement l'activité économique.
En fait, augmenter les taux d'intérêt maintenant, alors que le taux de chômage reste élevé et que le PIB n'a pas encore complètement rebondi, risque tout autant de causer des dommages économiques.