« NOUS NE NOUS INCLINERONS DEVANT PERSONNE » : le Conseil régional de l’Ontario s’unit pour défendre les emplois au Canada

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Conference room full of delegates and ORC on a screen hanging above.
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Alors que l’année 2025, marquée par des bouleversements économiques, touche à sa fin, les déléguées et délégués au Conseil régional de l’Ontario se sont réunis à l’hôtel Sheraton de Toronto avec un seul et même message : les travailleuses et travailleurs canadiens ne sont pas seuls dans cette guerre commerciale. Ils peuvent compter sur le soutien indéfectible d’Unifor.

Samia Hashi, la directrice de la région de l’Ontario d’Unifor, a dressé un bilan sans concession des difficultés auxquelles sont confrontés les travailleuses et les travailleurs dans un contexte caractérisé par la hausse des tarifs douaniers, des pertes d’emplois et la cupidité croissante des entreprises.

« Nous vivons actuellement une période difficile », a-t-elle déclaré. 

A women speaking at a podium

« Chaque jour, je reçois des messages de membres qui sont inquiets. Inquiets pour leur emploi, inquiets quant à leur prêt hypothécaire. Inquiets de savoir s’ils auront encore leur place dans l’économie ontarienne à l’avenir. »

Elle a parlé des travailleuses et des travailleurs des villes forestières, des usines automobiles, des hôpitaux et des centres de télécommunications, qui se battent pour protéger leurs moyens de subsistance et leurs communautés.

« L’Ontario n’est fort que si le Nord est fort, a-t-elle ajouté. Nous ne laisserons pas tomber ces communautés. »

Concernant la crise dans le secteur de la santé, elle a souligné : « Il ne sera pas possible de redresser la situation en Ontario sans améliorer les soins de santé ni d’améliorer les soins de santé sans respecter les travailleuses et les travailleurs qui en sont les piliers. »

Elle a par ailleurs dénoncé le gouvernement de l’Ontario pour son refus de déclarer la violence entre partenaires intimes comme une épidémie, faisant de l’Ontario l’une des rares provinces à ne pas le faire.

« Déclarer que la violence entre partenaires intimes est une épidémie est loin d’être symbolique. C’est la première étape pour débloquer des ressources réelles et concrétiser des mesures de soutien ainsi qu'une responsabilisation », a-t-elle ajouté. 

« [Les survivantes et les survivants] méritent mieux que de simples paroles. Ces personnes méritent que des mesures soient prises. »

Elle a conclu par un message ancré dans la force collective d’Unifor.

« L’Ontario est fort parce que vous êtes forts », explique-t-elle. 

« Et ce syndicat est puissant parce que vous êtes puissants. Parce nous sommes Unifor. Nous sommes un syndicat engagé dans la lutte. Lorsque nous luttons ensemble, nous gagnons. »

La présidente du syndicat national Unifor, Lana Payne, s’est adressée au conseil dans un discours vigoureux et militant, soulignant les difficultés considérables auxquelles sont confrontés les travailleuses et les travailleurs partout au pays. Elle a réitéré l’engagement d’Unifor pour la solidarité, la résistance et la défense des emplois canadiens dans un contexte d’escalade des tarifs douaniers imposés par le président américain Donald Trump.

A women speaking at a podium

« [Les entreprises] peuvent se mettre à genoux devant Donald Trump, mais sachez que ce syndicat ne se pliera devant personne », a-t-elle déclaré. 

« Pas tant qu’il nous restera un souffle de vie. Pas tant que nous aurons la capacité de nous défendre. Pas tant que nous bénéficierons de cette solidarité exceptionnelle qui est indispensable à la victoire des travailleuses et des travailleurs. »

Elle a décrit en détail les difficultés auxquelles sont confrontés de nombreux secteurs, notamment l’automobile, la foresterie, l’aluminium, l’industrie manufacturière et les transports. Les fermetures d’usines, les lock-out et les gouvernements de plus en plus hostiles font peser sur les travailleuses et travailleurs et leurs familles le poids d’un conflit commercial international dont ils ne sont pas responsables. La seule constante, dit-elle, c’est que les membres d’Unifor restent solidaires les uns envers les autres.

Elle a réservé ses critiques les plus sévères à Stellantis, qui, selon elle, a manqué à ses engagements dans la convention collective de Brampton, créant ainsi un « grave problème de crédibilité ».

« Les constructeurs automobiles qui ne défendent pas la filière automobile canadienne doivent comprendre que la population du pays constate leur manque d’engagement envers notre main-d’œuvre », a prévenu Lana Payne. 

« C’est déplorable. Ils ont une dette envers les travailleuses et les travailleurs canadiens, ces personnes qui, par leur travail acharné et leur savoir-faire, ont soutenu leurs entreprises jour après jour et leur ont permis de traverser une crise financière mondiale ainsi qu'une pandémie planétaire. En retour, on a constaté le pire de la culture d’entreprise. »

Lana Payne a souligné qu’Unifor est souvent la seule voix cohérente qui incite les gouvernements et les entreprises à protéger l’économie industrielle du Canada. Elle a réclamé des investissements publics et privés conséquents dans les secteurs de l’aérospatiale, du transport ferroviaire, des véhicules électriques, du logement, des télécommunications et de la foresterie, en affirmant que « Achetez canadien »  doit également signifier  « Fabriqué au Canada ».

« Ce syndicat est souvent le seul contrepoids dans cette guerre commerciale, la seule voix qui défend les travailleuses et les travailleurs. Et nos membres et les citoyens du pays comptent sur nous, a-t-elle ajouté. Nous sommes un syndicat canadien pour les travailleuses et travailleurs canadiens. » 

Elle a également déploré les mesures législatives antisyndicales adoptées en Alberta, au Québec et en Ontario. Les projets de loi 3 et 89 au Québec, affirme-t-elle, menacent la formule Rand et la démocratie syndicale fondamentale, une initiative qui a mobilisé les militantes et militants d’Unifor partout au pays.

« Voilà un syndicat qui ne se conformera pas aux lois de la province de Québec », a assuré Lana Payne, saluant les membres qui ont « déclenché une lutte » à Montréal la semaine dernière.

Elle a souligné le courage des travailleuses et des travailleurs en première ligne, notamment les membres nouvellement syndiqués de Walmart, Amazon, CTV News, Cleveland Cliffs et les travailleuses et travailleurs de la santé de la section locale 8300. Elle a rendu un hommage particulier aux membres de Titan Tool à Windsor, en lock-out depuis 117 jours, saluant leur détermination malgré les intimidations et les poursuites judiciaires de l’entreprise.

Elle a conclu son allocution par un appel à l’action.

« Reposez-vous, a-t-elle dit, et commençons l’année 2026 avec la fougue que nous savons nécessaire pour obtenir des gains pour les travailleuses et les travailleurs! »

Le conseil a débuté par un accueil autochtone et un appel à la protection des emplois canadiens

La première journée du Conseil s’est ouverte par un accueil autochtone de l’aîné John Laforme et un puissant tambourinement du WalksacrossCollective..

La présidente du Conseil régional de l’Ontario d’Unifor, Shinade Allder, a donné le ton de la semaine.

A women at a mic

« C’est l'occasion de redonner espoir, d’écouter et d’apprendre les uns des autres, de tisser les liens qui nous permettront de mener à bien ce combat, a-t-elle expliqué. Rien ne se fait sans les travailleuses et les travailleurs de l’Ontario. »

Len Poirer, secrétaire-trésorier national, a ensuite exprimé sa gratitude envers les déléguées et délégués pour leur résilience et leurs réalisations.

A man speaking at a podium

« Le Conseil régional de l’Ontario est toujours un moment privilégié de réflexion sur l’ensemble du travail à la fois difficile et remarquable que vous, les membres, et nos sections locales avez accompli, ainsi que sur toutes les grandes victoires remportées au cours de l’année », a-t-il affirmé.

La foresterie assiégée

Stéphane Lefebvre, président du Conseil de la foresterie du syndicat national Unifor, a exposé les contraintes sidérantes auxquelles est confronté le secteur : deux décennies marquées par des incendies de forêt, des infestations, un déclin économique, des conflits liés au bois d’œuvre résineux et, maintenant, la guerre commerciale menée par Donald Trump.

La présidente du Conseil primaire de la foresterie de l’Ontario, Katrina Peterson, a fait savoir que les tarifs douaniers américains sur le bois d’œuvre canadien s’élevaient désormais à 45 %.

Four poeple on a stage holding up green "Fight for Forestry Jobs" signs

« Les répercussions sont catastrophiques pour les travailleuses et travailleurs forestiers et leurs familles », a-t-elle déclaré. 

« De nombreuses collectivités rurales du centre et du nord de l’Ontario dépendent du secteur forestier pour leur survie. Lorsque le secteur forestier est en difficulté, ces collectivités en pâtissent. »

Unifor a réclamé des aides financières immédiates pour les travailleuses et travailleurs mis à pied, ainsi qu’une stratégie industrielle à long terme pour rétablir la demande en produits du bois canadiens. Les déléguées et délégués brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Luttons pour les emplois dans le secteur forestier » et « Gardons les scieries ouvertes ».

« Le temps n’est plus aux demi-mesures »

A women speaking into a mic

Joanna Johnson, éducatrice et conférencière invitée, a exhorté les syndicats à remettre en question les mythes politiques réconfortants qui maintiennent le public dans la passivité. Utilisant des métaphores tirées du film Wicked, elle a soutenu que les syndicats doivent prendre les devants, dire la vérité et « monter sur leur balai ».

« Le temps n’est plus aux demi-mesures. Ce n’est plus le temps d'être gentil. Ce n’est plus le temps de suivre les règles », a déclaré Mme Johnson.

La crise de la violence entre partenaires intimes au cœur de la deuxième journée du Conseil régional de l’Ontario

Un groupe de discussion composé de la députée provinciale Kristyn Wong-Tam, de la directrice générale de Hiatus House,  Sylvie Guenther, et de la directrice du Service de la condition féminine d’Unifor, Tracey Ramsey, a présenté la violence entre partenaires intimes comme une crise nationale nécessitant une action immédiate.

« Les femmes ne meurent pas par manque de connaissances sur les mesures à prendre. Elles meurent à cause de l’inaction de notre système », a affirmé Mme Ramsey. 

Three women sitting in bucket chairs on a pannel talking

« Vous ne devriez pas être laissée seule pour faire face à ces difficultés, et un syndicat ne peut pas y remédier seul sans le partenariat du gouvernement. »

La campagne nationale du syndicat national Unifor  invite les gouvernements à reconnaître officiellement la violence entre partenaires intimes comme une épidémie et à accompagner cette déclaration d’investissements concrets dans les refuges, les logements de transition, les aides au revenu, les programmes de prévention et les systèmes judiciaires qui protègent les survivantes plutôt que de les mettre en danger.

Elle a décrit les lourdes pressions qui pèsent sur les refuges, soulignant que celui de Windsor-Essex, qui compte 44 lits, accueille actuellement 74 femmes. Les survivantes ont besoin d’un logement sûr, d’un soutien psychologique et d’une sécurité financière.

« Le traumatisme est un véritable problème pour les femmes qui sortent d’une relation violente, et cela prend du temps, a-t-elle poursuivi. Elles ont besoin de soutien pour surmonter certaines de ces difficultés. »

Kristyn Wong-Tam a critiqué le refus du gouvernement de l’Ontario de déclarer la violence entre partenaires intimes comme une épidémie, comparant le terme « endémique » à une situation « similaire aux oreillons ».

« Elle se manifeste ponctuellement... contentons-nous de la gérer. Ce n’est pas suffisant », a-t-elle déclaré. 

« Lorsque vous qualifiez un problème d’épidémie, vous mobilisez l’ensemble des ressources gouvernementales nécessaires pour y répondre de manière appropriée selon le niveau d’urgence requis.

Le syndicat national Unifor a fait un don de 50 000 dollars à Hiatus House pour aider les femmes et leurs enfants à échapper à des relations familiales violentes en leur offrant un logement temporaire, un soutien psychologique et une stabilité financière.

A group of women wearing purple beenies and holding a banner

Coiffés de casquettes violettes pour symboliser leur soutien aux victimes de violence entre partenaires intimes, des centaines de déléguées et délégués ont ensuite assisté à une veillée de l’autre côté de la rue, à la place Nathan Phillips, pour marquer la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes et rendre hommage aux 14 femmes tuées dans un acte de violence sexiste à l’École polytechnique de Montréal, le 6 décembre 1989.

ORC executive getting swarn in on stage

Réélection de la présidente du Conseil régional de l’Ontario

Le Conseil régional de l’Ontario a réélu Shinade Allder à la présidence et Balkar Bains au poste de secrétaire-trésorier. Manny Cardoso, élu vice-président, les rejoindra au sein de la direction du Conseil régional de l’Ontario. 

Huit membres ordinaires et membres du comité du Conseil régional de l’Ontario ont également été élus.

Soutien aux travailleuses et travailleurs en grève

Dans l’après-midi, le conseil s’est levé pour soutenir les membres de la section locale 195 de Titan Tool & Die à Windsor, victimes d’un lock-out.

Les membres sont en arrêt de travail depuis le 11 août, l’entreprise canadienne continuant d’exiger que les travailleuses et travailleurs acceptent des concessions punitives, tout en semblant délocaliser les activités de son usine de Windsor vers d’autres sites, notamment dans le Michigan. 

Five people on stage holding up wanted signs.

« Nos membres ont été mis en lock-out, non pas pour avoir exigé davantage, mais pour avoir refusé d’accepter moins », a déclaré Randy St. Pierre, président de la section locale d’Unifor à Titan Tool & Die. 

« C'est désormais le point central du plus long conflit de travail de l’histoire de Windsor, une étape sombre et inutile qu’aucun lieu de travail ne devrait jamais avoir à franchir. » 

Il a reproché au gouvernement fédéral de n’avoir prévu « aucune sanction, aucune politique, aucune mesure de protection pour empêcher les entreprises de délocaliser leurs activités aux États-Unis quand bon leur semble. » 

Il a insisté sur le fait que chaque travailleuse et chaque travailleur de cette chaîne de production se bat non seulement pour son propre emploi, mais aussi pour protéger l’industrie canadienne elle-même.

« Cette affaire va plus loin que Titan Tool. C’est un gouvernement fédéral qui parle de défendre les bons emplois syndiqués, mais qui refuse d’agir lorsque ces mêmes emplois sont chargés dans des camions à destination du Michigan. »

« Les travailleuses et travailleurs de Titan Tool and Die refusent d’abandonner l’industrie manufacturière canadienne, les emplois canadiens et la dignité canadienne. »

Le syndicat national Unifor, le Conseil régional de l’Ontario, les sections locales et des dons personnels ont permis de recueillir plus de 229 000 dollars pour les travailleuses et travailleurs en grève.

Le syndicat national, le Conseil régional de l'Ontario et les sections locales ont versé 150 000 dollars à la fondation Homes for Heroes, qui vise à mettre fin à l’itinérance des anciens combattants, tandis que 13 000 dollars ont été recueillis lors du conseil pour venir en aide aux victimes de l’ouragan en Jamaïque.

La troisième journée du Conseil régional de l’Ontario était consacrée au journalisme fondé sur des faits

La dernière journée du conseil s’est ouverte par une présentation sur la campagne « Vérification des faits » du Plan d’action Médias d’Unifor, dont l’objectif  est de sensibiliser le public à la lutte contre la désinformation en vérifiant les informations auprès d’une source d’information canadienne crédible et à la nécessité de se méfier des réseaux sociaux.

« Avec le contenu généré par l’IA qui inonde l’internet et le partage d’« informations » sur les réseaux sociaux, la frontière entre le vrai et le faux devient de plus en plus difficile à discerner », a déclaré Julie Kotsis, présidente du Conseil des médias d’Unifor.

A women speaks at a podium

« À mesure que la confiance s’effrite, le besoin d’un journalisme crédible et ancré localement devient plus urgent. »

Le groupe Shared Bylinesa ensuite présenté un programme de mentorat et de bourses destiné à soutenir les étudiantes et étudiants en journalisme noirs, autochtones et de couleur.

Les déléguées et délégués ont également assisté à une présentation sur la rapide expansion de l’IA sur les lieux de travail, donnée par la Dr Hannah Johnston, professeure à l’université York.

Elle a expliqué comment l’IA façonne déjà le travail quotidien par le biais de la surveillance, les systèmes de planification, le suivi des performances, les outils de recrutement, le contrôle des entrepôts, l’analyse des centres d’appels et les logiciels de productivité. Plutôt que de donner plus de pouvoir aux travailleuses et travailleurs, ces outils augmentent souvent la pression, renforcent la discipline et leur font porter la responsabilité lorsque les systèmes échouent. 

Selon Mme Johnston, le problème ne se limite pas à la vie privée des individus, mais touche aussi le monde du travail dans son ensemble,  car la puissance réside dans la combinaison des données de l’ensemble des effectifs.

« Les données ne sont pas comme ce verre d’eau qui disparaît une fois que je l’ai bue », a-t-elle expliqué.

« Les données recueillies aujourd’hui à votre sujet pourraient être plus tard utilisées à des fins que vous n’avez pas encore envisagées.

La présidente du Conseil régional de l’Ontario, Shinade Allder, a clos le conseil par des mots d’encouragement et a remercié toutes les personnes présentes pour leur solidarité.

Consultez les photos du Conseil régional de l’Ontario 2025, jour 1 et jour 2