À l’occasion de ces élections, les travailleuses et travailleurs payés au salaire minimum en Ontario veulent que des mesures soient prises en leur faveur

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Rally for $15 for fairness group holding a unifor banner
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Par Navjeet Sidhu, représentant national, service de la recherche

À l’approche des élections du 2 juin en Ontario, le manque croissant de sécurité des revenus et d’abordabilité dans la province suscite de plus en plus d’inquiétudes.

En conséquence, les partis politiques de l’Ontario se lancent dans la campagne électorale afin de promouvoir leurs politiques visant à atténuer les difficultés économiques auxquelles sont confrontés les travailleuses et travailleurs à revenu faible et moyen, notamment en promettant d’augmenter le salaire minimum.

 Le NPD, par exemple, a promis de faire passer le salaire minimum à 20 $ en 2026. Les libéraux, quant à eux, ont annoncé une augmentation à 16 $ à partir du 1er janvier 2023, et le Parti vert de l’Ontario a fait une déclaration générale sur la hausse du salaire minimum.

Les progressistes-conservateurs de Doug Ford ont signalé leur intention de relever le salaire minimum à 15,50 $ à partir du 1er octobre 2022, en faisant de l’augmentation annuelle liée à l’évolution de l’IPC une promesse électorale. Les travailleuses et travailleurs n’ont cependant pas oublié la manière dont M. Ford a supprimé l’augmentation du salaire minimum prévue de 14 à 15 $ en 2019 lors de son arrivée au pouvoir, introduisant à la place un crédit d’impôt inefficace pour les bas salaires. À la fin de l’année dernière, le gouvernement a fait marche arrière, annonçant une augmentation à 15 $ à partir du 1er janvier 2022.

En prévision du rôle que jouera la politique du salaire minimum de l’Ontario dans les élections de cette année, et de l’alarmisme habituel du lobby pro-entreprises, il est utile de fournir un aperçu de la situation de la main-d’œuvre payée au salaire minimum de l’Ontario – en particulier dans le contexte des appels croissants des défenseurs d’un salaire minimum de 20 $.

L’Ontario comptait 405 100 travailleuses et travailleurs touchant le salaire minimum ou moins en 2021. Avant la pandémie de COVID-19, cependant, nous avons constaté une augmentation de 14 % du nombre de travailleuses et travailleurs au salaire minimum entre 2011 et 2019, qui est passé de 598 500 à 683 000 travailleuses et travailleurs.

La figure 1 met en évidence la proportion de travailleuses et travailleurs ontariens gagnant le salaire minimum ou moins entre 2011 et 2021. En dépit d’une baisse de la proportion de travailleuses et travailleurs au salaire minimum entre 2011 et 2017, il s’est produit une augmentation significative à 15,4 % en 2018. Ce phénomène est attribuable au bond du salaire minimum, qui est passé de 11,60 $ à 14 $, englobant un plus grand nombre de travailleuses et travailleurs à bas salaire. Juste avant la pandémie, en 2019, la proportion de salariés touchant le salaire minimum a atteint 11 % -- un quasi retour aux niveaux de 2011 et le double du taux de de 1998.

Fig. 1

 

 

 

 

 


Source : Statistique Canada, totalisation spéciale

Si l’on examine la répartition des travailleuses et travailleurs au salaire minimum selon la taille de l’entreprise, on constate que les salariés payés au salaire minimum sont représentés de façon disproportionnée dans les grandes entreprises (remarque : une entreprise se distingue d’un établissement, en ce sens qu’une entreprise déclare les finances de plusieurs sites détenus en commun). En 2021, près de la moitié (47,3 %) des travailleuses et travailleurs au salaire minimum travaillaient dans de très grandes compagnies de 500 employés ou plus, tandis que 28,1 % travaillaient dans des compagnies de taille moyenne comptant entre 20 et 500 employés (Fig. 2). En comparaison, 24,7 % des salariés au salaire minimum travaillaient dans de petites compagnies de 20 employés ou moins.

Fig. 2

Source : Statistique Canada, totalisation spéciale

Les grandes compagnies employaient également des travailleuses et travailleurs au salaire minimum dans des proportions plus élevées que les petites compagnies. Les grandes compagnies ont connu une augmentation de 18,1 % du nombre de travailleuses et travailleurs au salaire minimum, qui est passé de 279 600 en 2011 à 330 300 en 2019, tandis que les petites compagnies ont connu une augmentation de 4,1 %, passant de 156 900 à 163 300.

Ces chiffres démontrent la nécessité persistante de plaider en faveur d’un salaire minimum équitable, à la fois pour stimuler l’économie et pour protéger les travailleuses et travailleurs à bas salaire contre l’exploitation actuelle des grandes compagnies qui ont le plus à gagner et à profiter du maintien d’une main-d’œuvre à bas salaire. Les défenseurs des travailleuses et travailleurs et des communautés doivent s’assurer que tous les partis politiques s’engagent et fassent des salaires équitables et des normes d’emploi solides des éléments clés de leurs programmes électoraux, de façon à garantir que les travailleuses et travailleurs à bas salaire ne décrochent pas davantage du fait de l’augmentation du coût de la vie.

Researchers

Navjeet Sidhu

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Navjeet Sidhu, National Representative, Research Department
Représentant nationale, département de la recherche
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