L’inaction du gouvernement laisse les voyageurs et les effectifs du transport aérien dans une situation difficile

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Article publié dans The Hill Times, le 19 avril 2023

Il est incontestable que les effectifs et les voyageurs du transport aérien ont été mis à rude épreuve au cours des trois dernières années.

En 2022, pendant les périodes très achalandées, comme les vacances d’été et celles de décembre, le secteur était totalement désorganisé : il y avait de longues files d’attente, des annulations de vols, des passagers bloqués au sol, des bagages perdus et des temps d’attente excessifs aux contrôles de sécurité.

Lors de la forte augmentation des voyages pendant la semaine de relâche de mars, les aéroports ont mis en œuvre des solutions simplistes en limitant l’offre de vols au lieu d’augmenter leur personnel pour que le système de transport aérien du Canada soit en mesure de répondre à la demande. 

Malheureusement, ils ne se sont pas attaqués à la cause du problème créé par le secteur, à savoir des emplois précaires et mal rémunérés qui ne répondent pas aux besoins des travailleuses et travailleurs.

Les membres d’Unifor avaient demandé au gouvernement fédéral de régler ces problèmes bien avant la pandémie. Les bas salaires, les transferts de contrats, les horaires de travail imprévisibles, le cumul d’emplois à temps partiel pour joindre les deux bouts et la colère des voyageurs mécontents ne sont que quelques-uns des problèmes auxquels sont confrontés des milliers de travailleuses et travailleurs du transport aérien.

Ces problèmes ont des effets dévastateurs dans l’ensemble du secteur en provoquant une crise d’attraction et de rétention des effectifs que le secteur et le gouvernement refusent de régler adéquatement. La vérité est que le secteur a créé cette situation catastrophique en faisant peu de cas des besoins de sa main-d’oeuvre. 

Le manque de personnel, les salaires insuffisants et une mauvaise formation donnent à penser que les employeurs n’accordent pas de valeur à ce travail.

Jusqu’à présent, le gouvernement et le secteur ont fait le strict minimum pour donner l’impression qu’ils essayaient de régler le problème, tout en prenant peu de mesures pour améliorer la situation.

Dans le budget fédéral de 2023, le gouvernement a annoncé des fonds supplémentaires (1,8 milliard de dollars sur cinq ans) pour l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien afin de gérer et d’améliorer les temps d’attente aux contrôles et de renforcer la sécurité des aéroports. Ils ont également infligé des amendes supplémentaires aux compagnies aériennes, mis en place de nouveaux règlements sur le remboursement des vols annulés et annoncé l’octroi de fonds supplémentaires pour traiter l’arriéré croissant des plaintes, tout en promettant de recueillir plus de données pour analyser le rendement du secteur.

Certains aéroports ont limité le nombre de vols et d’autres ont mis fin à leurs contrats avec les entreprises de services d’escale les moins performantes. Entre-temps, les aéroports et les compagnies aériennes continuent de mettre l’accent sur les nouvelles technologies au détriment de leurs effectifs et des voyageurs.

Rien de tout cela n’est suffisant pour régler les problèmes. C’est simple, les aéroports et les compagnies aériennes ne peuvent pas fonctionner sans personnel.

Le gouvernement et les administrations aéroportuaires doivent faire davantage pour essayer de résoudre les problèmes liés à l’attraction et à la rétention de personnel, pour améliorer la qualité des emplois et augmenter le nombre de travailleuses et travailleurs qui ont décidé de rester dans le secteur pour effectuer le travail essentiel nécessaire.

La hausse récente du salaire minimum fédéral était un pas dans la bonne direction, mais tant qu’un salaire décent ne sera pas versé à ces travailleuses et travailleurs et qu’on ne créera pas plus d’emplois à temps plein, il est illusoire de penser que les choses vont changer.

Les administrations aéroportuaires et les compagnies aériennes doivent verser un salaire suffisant à tous les travailleurs et travailleuses des aéroports, y compris aux effectifs des entrepreneurs et des détaillants. L’Administration aéroportuaire de Vancouver a amorcé ce processus en s’engageant à verser un salaire décent à ses employés directs. Unifor attend d’eux qu’ils passent à l’étape suivante et qu’ils étendent la politique du salaire décent à tous les travailleurs et travailleuses de l’aéroport, y compris aux effectifs des entrepreneurs, des compagnies aériennes et même des détaillants. On se demande pourquoi le gouvernement ne l’exige pas par voie de règlement. 

Le gouvernement doit mettre fin aux pires effets du transfert de contrats en mettant en œuvre les pleins droits du syndicat successeur et en limitant le nombre d’entreprises de services d’escale ayant le droit d’exercer leurs activités dans un aéroport. Cela limiterait le recours des employeurs à la baisse des salaires et des conditions de travail pour réduire leurs coûts, avec pour conséquence que les bagages ne suivent pas toujours les voyageurs. Ces mesures augmenteraient également le nombre d’emplois à temps plein plutôt que d’organiser à la hâte des emplois à temps partiel.  

Les compagnies aériennes et les aéroports doivent cesser de fonctionner à court de personnel ou en exigeant un nombre extrême d’heures supplémentaires au lieu d’embaucher plus de personnel et d’offrir une formation adéquate.

Par ailleurs, le gouvernement et le secteur doivent travailler ensemble pour s’attaquer au problème croissant du harcèlement au travail. L’embauche d’un nombre suffisant de travailleuses et travailleurs pour répondre aux demandes des passagers serait une mesure évidente. Mais si le harcèlement se produit inévitablement, les travailleuses et travailleurs doivent savoir qu’ils peuvent compter sur le soutien de leurs employeurs.

Le gouvernement et le secteur ont gaspillé du temps et des efforts pour mettre en œuvre des solutions qui ne fonctionneront tout simplement pas. Tant qu’ils ne prendront pas les mesures capables de régler les problèmes de fond, les effectifs et les voyageurs continueront d’être abandonnés à leur sort.