Les syndicats ne tomberont pas dans le piège des conservateurs

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57 / 5000 Translation results à l'intérieur d'une voiture avec un assainisseur d'air Erin O'toole
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Jerry Dias
Initialement publié dans le Toronto Sun

Les partis fédéraux du Canada essaient, très fort, de gagner le soutien des membres des syndicats lors de cette élection.

C'est logique.

Le Canada compte environ 5 millions de syndiqués titulaires d'une carte, ce qui représente à peu près 30 % de la population active.

Les syndiqués connaissent bien la démocratie, pratiquée par le biais d'élections syndicales et professionnelles. 

Les déléguées et délégués syndicaux sont des leaders politiques à part entière. Ils font campagne pour leur emploi et obtiennent le privilège de représenter les intérêts de leurs collègues, un peu comme ceux qui briguent un siège au Parlement.

Vous pouvez généralement compter sur les membres d’un syndicat – et leurs familles – pour se présenter le jour des élections et voter.

Ce qui rend les élections de cette année différentes, c'est la façon dont les conservateurs traditionnellement antisyndicaux, dirigés par Erin O'Toole, tentent désespérément de gagner ces votes.

La plupart de ceux qui sont dans les rangs conservateurs ont fait leurs armes en politique en attaquant les syndicats. Le parti lui-même a passé des décennies à essayer de démanteler les droits syndicaux et de punir les organisations syndicales de s'engager en politique – laissant ce terrain, exclusivement, aux groupes de pression des entreprises.

De nombreux membres de l'équipe conservatrice, notamment Erin O'Toole, sont des habitués de l'ère de Stephen Harper.

Les conservateurs de Harper ont représenté la période la plus sombre pour les syndicats de mémoire récente. Ils ont présidé le Parlement le plus antisyndical et anti-travailleurs depuis des générations.

Le gouvernement Harper est allé jusqu'à imposer des amendes aux syndicats qui luttent pour l'équité salariale, a rendu plus difficile l'accès aux prestations de chômage pour les travailleuses et travailleurs licenciés, a restreint le droit de grève des membres d’un syndicat, a réduit les paiements de pension des travailleuses et travailleurs retraités et a tenté de décourager la syndicalisation. La liste est longue.

Cette attaque flagrante contre les travailleuses et travailleurs pourrait expliquer pourquoi le Parti conservateur se retrouve perdu dans le désert politique.

Malgré tout ce bagage, les conservateurs d’Erin O'Toole sont maintenant prêts à tout pour s'unir et chanter « So-so-solidarité » (si vous êtes un membre du personnel politique qui prend des notes au siège du Parti conservateur, sachez qu'il s'agit d'une chanson syndicale habituellement chantée sur les piquets de grève).

Après avoir passé des années à construire une marque politique en attaquant les syndicats et les membres des syndicats, tout à coup, Erin O'Toole et les conservateurs nous aiment et veulent désespérément notre vote.

Il n'y a pas si longtemps, Erin O'Toole a promis à une foule de partisans que, s'il était élu chef du Parti, il serait le « pire cauchemar » de Jerry Dias. Au début, j'ai pris ça comme un compliment. Maintenant, je trouve que c'est une façon maladroite de faire du pied politique.

Je vous prie donc de m'excuser de ne pas croire que cette nouvelle génération de conservateurs corporatistes tiendra ses promesses en faveur des travailleuses et travailleurs. Ils n'ont tout simplement pas ce qu'il faut pour faire progresser les droits syndicaux dans ce pays.

Jetez un coup d'œil – un vrai coup d'œil – à leur programme pour comprendre pourquoi. 

Ils promettent de meilleures prestations de chômage, mais uniquement lorsque notre économie est en crise.

Ils prétendent que l'extension des crédits d'impôt financés par l'État revient à accorder une augmentation de salaire aux travailleuses et travailleurs.

Ils proposent de faire siéger des travailleuses et travailleurs aux conseils d'administration des sociétés sous juridiction fédérale, mais omettent commodément d'expliquer comment ces travailleuses et travailleurs seront sélectionnés.

Ils veulent s'assoir et discuter avec les syndicats pour améliorer les lois du travail, mais seulement pour les mauvais employeurs – comme si les syndicats étaient une punition, et non une voie vers l'autonomisation des travailleuses et travailleurs.

Faut-il s'étonner qu'ils continuent à soutenir des lois qui permettent aux employeurs d'utiliser des briseurs de grève?

Ce qui me fait le plus rire, c'est que Erin O'Toole vante aux travailleuses et travailleurs canadiens son désir de négocier des accords commerciaux plus équitables. 

Soit Erin O'Toole est amnésique, soit il dormait lorsqu'il était secrétaire au commerce de M. Harper, mais il est en partie responsable d'avoir entraîné le Canada dans certains des pires pactes commerciaux et d'investissement, les plus hostiles aux travailleuses et travailleurs, jamais élaborés. Cela inclut des accords terribles avec la Chine et la Corée.

Le bon côté des choses, c'est que je connais des membres de syndicats et qu'ils font très attention aux détails.

Ils ne sont pas enclins à se laisser berner par de fausses promesses. Pas par un parti politique dont le bilan est des plus sombres.

Ils savent reconnaître une escroquerie conservatrice quand ils en voient une.