Le président Joe Biden doit réaliser qu'il tire une balle dans le pied du secteur automobile américain

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Jerry Dias a annoncé un accord avec Chrysler pour la construction de véhicules électriques au Canada en 2020
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Cette chronique a été publiée pour la première fois le 27 novembre 2021 dans le Windsor Star

Il prévoit d'accorder des subventions aux Américains qui achètent des véhicules électriques à batteries assemblés aux États-Unis. Il pense que cela créera plus d'emplois américains, mais il se trompe.

Ces véhicules sont construits avec des pièces fabriquées au Canada et contiennent des composants essentiels tels que le nickel et le cobalt provenant du Canada.

Le fait est que le destin du Canada et des États-Unis est lié en matière d'automobile.

De puissants syndicats, dans les deux pays, se sont battus pour obtenir de bons emplois qui ont élevé le niveau de vie de millions de personnes. Cela est vrai depuis un siècle et le restera alors que le secteur passe aux véhicules électriques à batteries.

Je ne comprends pas pourquoi M. Biden croit que le Canada va simplement attendre tranquillement pendant qu'il paie les gens pour qu'ils n'achètent pas de voitures fabriquées au Canada par des travailleurs syndiqués.

Nous devrons peut-être faire preuve de fermeté pour lui faire comprendre son erreur.

Même en essayant de réussir un tel coup, je crois que Joe Biden ne fera que nuire aux travailleurs américains. Et non pas à long terme, mais dès maintenant.

En voici un exemple.

La populaire mini-fourgonnette Pacifica de Chrysler est assemblée à Windsor. Mais ses moteurs et ses batteries sont fabriqués aux États-Unis.

Si des véhicules tels que les futures versions de la Pacifica sont exclus des subventions prévues par le président Biden simplement parce qu'ils sont assemblés de l'autre côté de la rivière à Détroit, il risque d'y avoir d'importantes pertes d'emplois pour tous les travailleurs américains qui fabriquent les moteurs, les batteries et autres.

Tu parles d'une façon de se tirer une balle dans le pied.

Les risques sont considérables.

D'ici 2040, les véhicules à zéro émission devraient représenter jusqu'à 80 % des ventes aux États-Unis, tandis que les ventes au Canada devraient atteindre 100 % d'ici 2035. Il est donc logique de se tailler une place dans cet horizon.

Il y a un an, Unifor négociait avec les trois constructeurs automobiles de Détroit des conventions collectives prévoyant l'assemblage de véhicules électriques à batteries ici même au Canada, avec l'appui des gouvernements provinciaux et fédéral.

Le Canada est également un réservoir reconnu de tous les minéraux et métaux nécessaires à la fabrication des composants des véhicules électriques, comme les batteries. L'avenir des chaînes d'approvisionnement de l'automobile au Canada est prometteur.

Nous avons exhorté les gouvernements du Canada à soutenir les entreprises qui créent des emplois ici, notamment par des incitations à acheter des produits fabriqués chez nous. Par ailleurs, nous avons mené nos propres campagnes " Fait au Canada " dans le passé.

Nous nous sommes également rendus à Washington et à Detroit pour faire valoir que toute politique de ce type doit s'appliquer à l'ensemble de l'Amérique du Nord et être liée à de bons emplois syndiqués.

Si Joe Biden devait mettre en œuvre son plan de subventions, ce serait, selon nous, une déclaration de guerre contre le Canada. Nous n'aurions d'autre choix que de riposter, peut-être dans le cadre d'un effort coordonné avec le Mexique qui serait également lésé par ces subventions.

Au début des années 1980, lorsque les constructeurs automobiles japonais inondaient notre marché de voitures à bas prix, le Canada freinait effectivement les expéditions de ces véhicules en retardant les formalités douanières à la frontière.

Le Canada a fait preuve de fermeté et de créativité. Le Japon a accusé le Canada d'enfreindre les règles commerciales et certains ont même tenté de taxer le gouvernement de manque de responsabilité.

Vraiment ?

Allez dire cela aux milliers de travailleurs d'Alliston, de Cambridge et de Woodstock qui fabriquent aujourd'hui des voitures pour les constructeurs automobiles japonais - des entreprises qui ne veulent plus jamais voir leur chaîne de production se balancer dans les vagues au large des côtes de la Colombie-Britannique.

Face à cette dernière menace, il nous faudra peut-être redevenir fermes comme par le passé.

S'il faut rappeler à monsieur Biden l'importance de l'industrie automobile canadienne pour l'industrie américaine, nous devrions peut-être la lui montrer.

Il est peut-être temps de mettre fin à la vente de pièces automobiles canadiennes aux États-Unis. La réalité est que les usines d'assemblage américaines ne pourraient survivre sans les moteurs et autres composants que nous fabriquons ici. Le Mexique pourrait choisir de faire de même.

D'ailleurs, il ne peut pas non plus bâtir une industrie de véhicules électriques à batteries durable sans le nickel, le cobalt, le manganèse et d'autres minéraux provenant du Canada.

L'industrie automobile est la première industrie d'exportation du Canada, avec 80 milliards de dollars de recettes en 2019. Elle emploie plus de 129 000 personnes, et ses dérivés créent 475 000 autres emplois au Canada.

Des mesures énergiques sont donc indispensables pour protéger ces acquis et les développer au fur et à mesure de la transition de l'industrie.

Selon certaines rumeurs, le président Biden pourrait étendre sa politique " Fabriqué en Amérique " aux emplois syndiqués au Canada. Cela semble tout à fait logique. Le but de tout cela, après tout, est de protéger et de créer de bons emplois.

Mais ça, il ne peut le faire sans le Canada. Et s'il a besoin qu'on le lui rappelle, je me ferai un plaisir de le faire.