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Le pouvoir du militantisme vient du cœur. Parfois, il commence doucement, mais il peut aller en crescendo jusqu’à devenir un rugissement.
C’est le thème qui s’est installé dans la salle principale du Palais des Congrès de Montréal lors de la deuxième journée du Conseil canadien d’Unifor, le 28 septembre.
« Aujourd’hui, je veux vous parler de l’espoir, cette force tranquille et inébranlable qui réside en chacun de nous », a déclaré la directrice de la région de l’Atlantique, Jennifer Murray, dans son allocution.
« L’espoir n’est pas seulement un souhait ou un rêve. C’est en fait une croyance puissante en la possibilité d’un avenir meilleur. C’est la lumière qui brille dans nos moments les plus sombres, nous rappelant que nous pouvons surmonter nos difficultés. »
Jennifer Murray a salué « le sept chanceux » – les membres du Syndicat des pêcheurs, de l’alimentation et des travailleurs assimilés (SPATA) qui ont été retrouvés vivants après que leur navire eut été porté disparu en juillet, de même que la solidarité des membres d’Unifor du Québec, de Winnipeg et de l’Ontario qui, sans hésitation, ont aidé à mettre en place une ligne de piquetage légale après qu’Unifor eut dénoncé le recours de CN Autoport à des briseurs de grève.
« Notre grande famille Unifor s’est mobilisée pour montrer au CN à quel point Unifor est puissant », a-t-elle déclaré.
Dans une décision historique prise au début du mois, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a adopté un projet de loi visant à sensibiliser à la violence entre partenaires intimes et à la prévenir, déclarant qu’il s’agit d’une épidémie. Le projet de loi a été adopté le jour même où il a été déposé.
« En y repensant, bien qu’il ait fallu 20 minutes de courage extraordinaire, cette victoire est due à de nombreuses personnes qui, depuis des décennies, œuvrent pour mettre un terme à la violence conjugale », a déclaré Mme Murray.
L’espoir peut également naître au niveau de la section locale du syndicat. Le Conseil s’est ouvert par la présentation d’un rapport du secrétaire-trésorier national d’Unifor, Len Poirier, qui a rendu hommage aux sections locales qui ont invité les dirigeantes et dirigeants élus du syndicat à visiter leurs locaux et leurs lieux de travail.
« J’ai un grand respect pour les dirigeantes et dirigeants du lieu de travail et de la section locale, car je me souviens très bien de ce qu’implique ce poste, a-t-il déclaré. Ce rôle peut être à la fois le plus gratifiant et le plus exigeant que l'on puisse connaître ».
M. Poirier a pris le temps de souligner les luttes au sein du secteur des télécommunications et a défendu la campagne #HonteàBell, « après le chaos gigantesque et inutile que Bell a imposé à nos membres ». Unifor n’a pas hésité à défiler dans les rues d’Ottawa pour envoyer un message fort à Bell, à savoir que leur traitement impitoyable des mises à pied de leur main-d’œuvre était inacceptable.
« Ils ont une fois de plus présenté leurs actions sous la forme d’une restructuration. Ce qui a été restructuré, ce sont les immenses sommes d'argent qui se trouvent sur les comptes bancaires de chacun des PDG/directeurs et des membres du conseil d'administration », a-t-il affirmé.
« Nous avons fait un excellent travail en dénonçant la cupidité des entreprises, mais nous devons élargir notre champ d’action. Le public canadien doit comprendre que les bons emplois dans le secteur des télécommunications sont importants, car ils permettent de construire et d’entretenir l’infrastructure dont dépendent l’ensemble des Canadiens et Canadiennes et toutes les entreprises. »
« Vous faites tous la différence et j’espère que vous êtes aussi fiers que je le suis », a ajouté M. Poirier.
Dans son rapport, le directeur de la région de l’Ouest, Gavin McGarrigle, a évoqué tous les progrès réalisés dans sa région au cours de la dernière année.
Il a souligné les efforts déployés par le syndicat pour lutter contre les gouvernements conservateurs de l’Ouest, notamment la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, qui a proposé de retirer les Albertaines et Albertains du Régime de pensions du Canada, et qui a annoncé des changements politiques radicaux qui ciblent cruellement les jeunes transgenres, non binaires et de la diversité des genres.
« Elle vise les plus vulnérables de nos jeunes dans le but de se faire du capital politique à bon marché auprès des ultraconservateurs. C’est dégoûtant », a déclaré M. McGarrigle.
M. McGarrigle a aussi fait valoir qu’Unifor doit créer une stratégie pour aider les membres et les sections locales à faire pression pour améliorer les secours en cas de catastrophe et les mesures de prévention des incendies dans les communautés vulnérables.
Au Canada et ailleurs, un regain de militantisme parmi les travailleuses et travailleurs face aux salaires bas et à l’inflation élevée incite d’autres personnes à exiger davantage de leurs employeurs et, s’il le faut, à joindre la ligne de piquetage comme des dizaines de milliers de membres d’Unifor l’ont fait au cours des deux dernières années, a-t-il fait remarquer.
« Vous êtes ce feu, plus grand et plus brillant que jamais, a-t-il dit aux délégations. Vous êtes ce qu’est Unifor. Vous êtes ce qu’Unifor peut devenir. »La directrice de la région de l’Ontario, Samia Hashi, a affirmé qu’il est extraordinaire de se réveiller chaque jour et de servir notre syndicat en entendant parler de la vie des travailleuses et travailleurs.
« C’est dans ces conversations que nous trouvons l’inspiration, a-t-elle déclaré. Nous découvrons de nouvelles façons de rendre le mouvement plus grand et plus fort. »
Mme Hashi a déclaré qu’elle continuerait à se tenir aux côtés des travailleuses et travailleurs de la santé, des personnes incroyables et dévouées qui luttent toujours contre la privatisation et la détérioration de leurs conditions de travail.
« Les fermetures, le manque de personnel et les horreurs des soins de santé à l’américaine, a-t-elle dénoncé. Notre travail continue d’envoyer un message fort au gouvernement de [Doug] Ford et à tous ceux qui essaient de vendre notre système de santé. Nous ne permettrons pas que notre système de santé public soit démantelé et vendu au plus offrant. »
Mme Hashi a dénoncé certains des pires patrons du Canada à Bell et à Best Theratronics, ainsi que le gouvernement Ford qui est « si déconnecté » lorsqu’il s’agit des loyers, des rénovations et des personnes sans logement, mais elle a aussi fait l’éloge des femmes au sein d’Unifor, qui défoncent les plafonds et les murs de verre.
« Vous êtes les forces inébranlables de notre syndicat et je suis très fière que vous soyez mes mentores, mes alliées et mes consœurs dans notre lutte pour le changement », a-t-elle déclaré. [Lana] : Vous avez inspiré une génération de femmes syndicalistes à trouver leur voix, à diriger et à être courageuses dans notre lutte pour un monde meilleur. »
La présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, et M. Poirier ont annoncé qu’un montant de 120 000 $ a été recueilli par les sections locales et les membres pour appuyer les travailleuses et travailleurs en grève de Stablex et de Best Theratronics pendant le Conseil, et que le syndicat national verserait une somme équivalente à ces dons, pour un total de 240 000 $.
Dans l’après-midi, les délégations ont entendu un groupe d’experts sur la manière de mobiliser les membres vers les urnes pour les prochaines élections dans tout le pays.
Lors d’une présentation émouvante, le Conseil a également rendu hommage aux dirigeants d’Unifor Dave Moffat et Gary Parent, qui ont toujours eu à coeur d’améliorer la vie des travailleuses et des travailleurs et de créer une société plus juste.
Dan Valante, adjoint aux dirigeantes et dirigeants nationaux, a déclaré que M. Moffat, qui a occupé les fonctions de président de la section locale 975 d’Unifor et d’adjoint à la présidente nationale, était un enseignant et un mentor au sein du mouvement syndical, profondément intéressé par les liens et motivé par son désir d’aider les autres à établir des liens durables.
« Notre confrère Dave Moffat avait le pouvoir de faire sentir à chaque personne qu’elle était la plus importante », a-t-il déclaré.
« Il était doté d’un esprit vif et d’instincts aiguisés qui ont fait de lui un négociateur et un dirigeant syndical hors pair, ainsi qu’un ami et un confrère merveilleux. »
M. Parent a passé plus de 40 ans en tant que dirigeant syndical dans sa ville natale de Windsor, en Ontario, dont 22 ans en tant que secrétaire-trésorier de la section locale d’Unifor 444, et 25 ans en tant que président du Conseil du travail de Windsor et du district.
« Pour beaucoup d’entre nous, Gary était l’exemple même de ce que signifie être un syndicaliste. Il dirigeait avec compassion, restait fidèle à ses idéaux et soutenait toujours les personnes défavorisées et dans le besoin », a indiqué James Stewart, président de la section locale 444.
« La communauté de Windsor, Unifor et l’ensemble du mouvement syndical se souviendront de Gary Parent pour son engagement, sa compassion et ses efforts pour renforcer la communauté.
Justin Gniposky, directeur du recrutement d’Unifor, a accueilli deux groupes influents de nouveaux membres qui ont récemment rejoint le syndicat – l’Association canadienne des humoristes stand-up, sketch & impro (ACHS) et les travailleuses et travailleurs de Walmart à Mississauga, en Ontario.
« Nous nous sommes battus pour des lieux de travail qui ne comptaient que deux personnes, et pour d’autres qui en comptaient plus de 800, a-t-il affirmé. La différence d’Unifor, c’est que notre équipe fournit le même niveau d’engagement, d’intensité et de dévouement à une campagne qui touche un seul travailleur qu’à une campagne qui en touche 1 000.
Unifor représente désormais les membres de l’Association canadienne des humoristes stand-up, sketch & impro, qui a récemment rejoint le syndicat en tant que section communautaire.
L’humoriste Sandra Battaglini a créé l’association en 2016, à la suite d’un exode massif d’humoristes canadiens vers les États-Unis pour y trouver du travail dans le domaine de l’humour.
« Sans le soutien de l’industrie et du financement pour les arts, nous n’avons pas d’argent pour nous promouvoir. Nous restons dans l’ombre », a fait valoir Mme Battaglini, ancienne présidente et responsable du lobbying de l’ACHS.
Clifford Myers, le président de l’association, a déclaré qu’il était fier de se tenir aux côtés de personnes qui travaillent dur à longueur de semaine et qui viennent à leurs spectacles d’humour pour évacuer le stress, être avec leur communauté et rire.
« Nous nous battons pour vous, et aujourd'hui, nous nous battons avec vous, a-t-il déclaré. Il m’est arrivé d’être payé 1 000 $ pour 20 minutes. J’ai aussi été la tête d’affiche pour un sac de Cheetos et un doigt d’honneur. Nous nous intéressons aux humoristes canadiens parce qu’ils méritent d’évoluer dans un environnement de travail sain et sûr et d’être payés adéquatement, et parce que nous voulons qu’ils aient de quoi manger sur leur table. »
La campagne de Walmart, menée par la campagne Solidarité d’entrepôts d’Unifor et dirigée par un groupe déterminé de travailleuses et travailleurs d’un entrepôt de Mississauga, est entrée dans l’histoire en devenant la première à réussir à recruter un centre de distribution de Walmart au Canada.
« Tout a commencé par un appel téléphonique. Des réunions en personne, des réunions Zoom, l’équipe rouge a vu le jour », a déclaré Rodolfo Pilozo, responsable du recrutement à Walmart. « Nous avons réuni notre équipe et sommes entrés dans l’histoire du Canada. »
Unifor espère que cette victoire créera un précédent et que le syndicat continuera à cibler d’autres sites de Walmart au pays.
« Oui, ils sont entrés dans l’histoire, mais ils ont surtout inspiré des milliers de travailleuses et de travailleurs dans tout le pays, qui savent maintenant ce qu’il est possible de faire. Ils ont montré qu’il était possible de s’opposer à un géant comme Walmart et de faire ce qu’ils ont fait », a déclaré Lana Payne.
« Il faut une dose particulière d’espoir et de détermination pour se regarder soi-même et ses collègues et imaginer comment les choses pourraient être différentes et meilleures si l’on travaillait ensemble. »