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Avec le budget 2024, le gouvernement fédéral ouvre, une fois de plus, la porte à la privatisation et à la rentabilisation des aéroports du Canada.
Dans l’ensemble, si Unifor se réjouit de voir le budget fédéral de cette année renforcer le tissu social dont le Canada a besoin, le syndicat est déçu que le budget 2024 mentionne la possibilité de privatiser les aéroports ou de transformer le réseau aéroportuaire canadien à des fins lucratives.
« Tout comme nos services ferroviaires de transport de passagers, les aéroports du Canada doivent rester publics et sans but lucratif, a déclaré la présidente nationale d’Unifor, Lana Payne. La privatisation n’améliore ni les conditions de travail ni les conditions de déplacement. Parce qu’ils ne se concentrent pas sur les moyens à prendre pour réellement améliorer le réseau aéroportuaire, les transporteurs aériens, les aéroports et le gouvernement font tout ce qu’il faut pour que le secteur du transport aérien ne puisse pas répondre aux besoins des voyageurs. »
Dans le budget, le gouvernement annonce qu’il va publier cet été un énoncé de politique qui examinera les « flexibilités existantes » du modèle actuel de gouvernance des aéroports du réseau aéroportuaire national du Canada, afin d’attirer des capitaux, notamment des régimes de retraite privés.
L’objectif déclaré du gouvernement est de stimuler la croissance économique et d’offrir des revenus stables aux membres des régimes de retraite. Cette vision transformera les aéroports en institutions à but lucratif et les entreprises privées auront leur mot à dire sur la façon dont les entités de l’État, comme les aéroports, sont administrées.
Le budget annonce également que le gouvernement fédéral entend créer un groupe de travail, financé par son ministère des Finances, dont le mandat sera d’explorer le moyen de catalyser de plus grandes possibilités d’investissement intérieur pour les caisses de retraite du Canada, y compris dans les installations aéroportuaires du Canada.
Le secteur privé est avide de possibilités d’investissement dans les aéroports canadiens depuis que le gouvernement en a fait des organisations à but non lucratif dans les années 1990.
Le gouvernement fédéral rejette ces demandes depuis des décennies, y compris les propositions du rapport Emerson, publié en 2016, qui suggérait au gouvernement de vendre les terrains des aéroports et d’ouvrir les opérations aéroportuaires au profit.
De nombreuses organisations, notamment Unifor et quelques grands aéroports, se sont prononcées contre cette recommandation. À l’époque, le gouvernement n’a pas donné suite à cette recommandation.
Cependant, avec cette annonce dans le budget, le gouvernement propose une version modifiée de la privatisation, avec la possibilité de mettre en place des structures à but lucratif qui risquent de faire augmenter les coûts, de miner davantage la qualité des emplois et de dégrader le service.
Il ne fait aucun doute que des changements s’imposent dans le système de transport aérien du Canada, notamment dans les aéroports canadiens. L’augmentation de la demande en transport exercera des pressions sur les aéroports du Canada et il faudra développer l’infrastructure et augmenter le nombre de travailleuses et travailleurs pour accommoder plus de voyageurs. Les temps d’attente, les annulations de vols, les passagers mécontents et l’augmentation des coûts poussent déjà à bout les passagers ainsi que les travailleuses et travailleurs.
« Au lieu de chercher des moyens de tirer des profits du réseau aéroportuaire du Canada, le gouvernement fédéral et toutes les parties intéressées devraient chercher des moyens d’améliorer l’expérience des voyageurs et veiller à ce que les aéroports agissent dans l’intérêt public, comme c’est leur mandat de le faire », a déclaré Mme Payne.
La Charte d’Unifor sur les des droits et libertés des travailleuses et travailleurs du transport aérien préconise neuf changements pour améliorer les conditions de travail, ce qui se traduira directement par une meilleure expérience de voyage. Le syndicat a déjà préparé le terrain pour améliorer l’industrie du voyage – le gouvernement n’a plus qu’à l’adopter.
Il n’y a pas suffisamment de détails dans le budget pour permettre au syndicat de bien comprendre le changement de politique qui s’en vient, mais nous savons qu’il pourrait y avoir une refonte en profondeur.
Unifor surveillera l’évolution de la situation et continuera de militer en faveur de changements qui amélioreront les aéroports du Canada, l’expérience des travailleuses et travailleurs, ainsi que celle des voyageurs.