Charte d’Unifor sur les droits et libertés des travailleuses et travailleurs du transport aérien

Nos conditions de travail sont vos conditions de voyage

Le chaos dans le secteur du transport aérien a eu un impact négatif sur les travailleuses et travailleurs ainsi que sur les passagers partout dans le monde. Au Canada, les voyageurs doivent continuellement composer avec des retards, des annulations, une surréservation et de longs délais d’attente au service à la clientèle.

Parmi les solutions mises en place par le gouvernement pour remédier à ce chaos, mentionnons des modifications apportées au règlement sur la protection des passagers aériens, surnommé la « déclaration des droits des passagers aériens ». Ces modifications imposent des amendes plus élevées, obligent les compagnies aériennes à rembourser les passagers, à leur donner au besoin accès à de la nourriture, à de l'eau et à des chambres d’hôtel, ainsi qu’à envoyer des communications supplémentaires lorsqu’il y a des retards ou qu’un vol est annulé.

Les amendes et les remboursements sont une piètre consolation pour les vacances annulées, l’arrivée tardive chez la famille et les amis ou les réunions d’affaires manquées.

Les autorités aéroportuaires doivent en faire davantage pour faire en sorte que les aéroports et les milieux de travail du secteur de l’aviation offrent de meilleur conditions et un environnement de travail plus sécuritaire.

Le gouvernement aimerait garantir le respect des droits de la personne en cas d’annulation ou de surréservation, mais il devrait également obliger les compagnies aériennes à améliorer leurs normes de service à la clientèle et à corriger leurs mauvaises pratiques commerciales. Si les compagnies aériennes n’assument pas une plus grande part de responsabilité, les clients continueront d’accumuler les frustrations tandis que les travailleuses et travailleurs continueront de manquer des ressources nécessaires.

Description du problème

Les employeurs du transport aérien ne fournissent pas à leurs effectifs les outils, la formation ou une dotation en personnel suffisante pour que le travail soit effectué efficacement.

Le règlement sur la protection des passagers aériens ne répond pas aux attentes des clients et n’empêche pas les annulations et les surréservations de se produire. Les règles actuelles sont insuffisantes pour réduire au minimum les retards, les bagages égarés et le chaos en général.

Il faut réorganiser la manière dont le secteur traite ses effectifs et revoir l’importance qu’il accorde à toutes les étapes du service, notamment l’enregistrement des bagages, les services d’escale, le service aux clients dans les terminaux, les services à bord des avions, le pilotage et le contrôle du trafic aérien.

Pour mettre fin au chaos dans le secteur, il faut faire plus que d’augmenter les amendes et de prévoir des remboursements. Le gouvernement et les compagnies aériennes doivent agir en amont des problèmes au lieu de se contenter d’éteindre les feux.

Pour se conformer au règlement sur la protection des passagers aériens et offrir une expérience de voyage sans tracas, il faudra embaucher un plus grand nombre de travailleuses et travailleurs et accroître la qualité des emplois dans tous les segments du secteur. Les compagnies aériennes ne le feront pas de leur plein gré. Le gouvernement fédéral doit prendre l’initiative pour obliger les compagnies aériennes ainsi que les aéroports canadiens à assainir leurs pratiques.

Charte des travailleuses et travailleurs du transport aérien

La charte d’Unifor sur les droits et libertés des travailleuses et travailleurs du transport aérien énonce les droits fondamentaux qui devraient constituer la pierre angulaire d’un secteur aérien renouvelé et fonctionnel.

Une rémunération convenable : Les travailleuses et travailleurs de tous les niveaux de rémunération ont de la difficulté à suivre le rythme de la hausse du coût de la vie et perdent du terrain par rapport à leurs homologues des autres régions. Les employeurs doivent faire en sorte que le salaire minimum vital soit le salaire à l’embauchage pour toutes les classifications de tâches, car les travailleuses et travailleurs méritent un salaire juste.

Des mécanismes de signalement sûrs : Le secteur du transport aérien est un réseau complexe d’entreprises et d’une grande variété d’opérations qui fonctionnent ensemble pour faire voler les avions en toute sécurité et les ramener au sol. Les travailleuses et travailleurs sont souvent les mieux placés pour détecter les problèmes et proposer des solutions, mais il devrait y avoir plus de mécanismes de signalement sûrs et efficaces pour les effectifs ou leurs représentants, afin de garantir que leur voix sera entendue.

Protection contre la sous-traitance : Le recours considérable à la sous-traitance et les nombreux transferts de contrats ont entraîné la baisse des salaires et des conditions de travail et, par conséquent, une baisse de la qualité des services.  Le Code canadien du travail doit être modifié afin de garantir le respect de toutes les obligations du nouvel employeur. En outre, le secteur doit à la fois 1) limiter à trois le nombre des compagnies de service d’escale dans chaque aéroport, afin d’éliminer le roulement constant des prestataires de services; et 2) obliger les aéroports et les compagnies aériennes à internaliser le travail, c’est-à-dire à revenir au prestataire initial.

S’attaquer à l’intensification du travail : Le temps que les passagers passent dans les files d’attente, en attente au téléphone ou pour l’embarquement et le débarquement découle directement des décisions des employeurs de ne pas embaucher suffisamment de personnel et de ne pas lui donner la formation nécessaire, parce qu’ils préfèrent recourir aux heures supplémentaires, à la sous-dotation des équipes de travail ou à des charges de travail excessives. Les exigences de la déclaration des droits des passagers aériens du gouvernement ne peuvent être respectées efficacement sans une dotation en personnel suffisante. Cette déclaration doit donc être élargie de façon à garantir l’embauche d’un personnel suffisant et la dotation adéquate des équipes de travail. 

Une formation de grande qualité : Les employeurs ont largement adopté un modèle de formation en ligne sans aucune formation en cours d’emploi. La plupart des nouvelles personnes embauchées ne sont formées que pour traiter les questions les plus élémentaires, ce qui a pour conséquence que les clients sont obligés de patienter dans des files d’attente interminables ou de rester en ligne pendant des heures pour joindre un agent qui a reçu la formation adéquate. Les stagiaires qui ne sont pas à l’aise avec les méthodes d’apprentissage traditionnelles n’ont pas la possibilité d’apprendre de la manière qui leur convient le mieux. Certains employeurs se basent sur un ratio d’apprentissage qui exerce une pression excessive sur les professionnels certifiés. Dans le cas, par exemple, des techniciens responsables de l’entretien des aéronefs, la surcharge de travail qui en résulte pourrait compromettre la sécurité.

Un environnement de travail sans harcèlement : Les situations évoquant la déclaration des droits des passagers aériens sont généralement désagréables, ce qui aggrave la colère des clients et conduit, par ricochet, au harcèlement du personnel des compagnies aériennes, que ce soit en personne, au téléphone ou en ligne. Le gouvernement fédéral et le secteur de l’aviation doivent trouver des solutions au problème croissant du harcèlement, en adoptant notamment une politique de tolérance zéro assortie de conséquences tangibles en cas d’infraction. Les travailleuses et travailleurs doivent savoir que leurs employeurs vont intervenir et les soutenir en cas de harcèlement et qu’ils s’emploieront activement à prévenir et à désamorcer les situations qui causent de la frustration.

Des horaires réguliers : Pour joindre les deux bouts, une grande proportion des travailleuses et travailleurs employés par les compagnies aériennes et les entreprises sous-traitantes présentes dans les aéroports cumulent plusieurs emplois à temps partiel dont les horaires sont variables. Une pratique courante chez les employeurs consiste à prolonger sans préavis le quart de travail d’un employé. L’établissement d’horaires réguliers et prévisibles privilégiant le plus grand nombre de postes à temps plein possible doit être une priorité. 

Des milieux de travail sains et sécuritaires : Les travailleuses et travailleurs ne peuvent pas offrir une expérience de voyage saine et sécuritaire si leur environnement de travail n’est pas sain et sécuritaire.   L’élargissement des règles relatives à la gestion de la fatigue, des délais suffisants pour la formation du nouveau personnel, l’accès à des dispositifs de protection adéquats et efficaces et la prévention du harcèlement sont tous des exemples de changements proactifs que le gouvernement et le secteur peuvent superviser.

Un droit de regard sur les changements technologiques : Les effectifs méritent d’être informés et d’avoir voix au chapitre quant aux changements technologiques qui ont une incidence sur leur travail ou leurs conditions de travail.  Ces changements comprennent, entre autres, la surveillance, la gestion par algorithmes, l’intelligence artificielle, la biométrie, la technologie sans contact. De nombreux employeurs négligent totalement de parler avec leur personnel du travail qu’ils tentent de copier, d’augmenter ou de remplacer par de nouvelles technologies. Ce manque de communication, qui est à l’origine de systèmes mal conçus ne répondant pas aux besoins des clients, finit par créer plus de travail. Les travailleuses et travailleurs doivent avoir l’assurance que les données recueillies par leur employeur seront protégées et qu’elles ne seront pas indûment utilisées contre eux. La technologie doit être maintenue en bon état et mise à jour lorsque cela est nécessaire.

La perception des employeurs envers la valeur du travail dans le secteur du transport aérien a considérablement changé. Les emplois dans ce secteur permettaient autrefois de bâtir une carrière et de subvenir aux besoins d’une famille. Cependant, les 30 dernières années ont connu la déréglementation, la fissuration du milieu de travail et la baisse des salaires, ce qui a érodé la qualité des emplois et dévalorisé le parcours de carrière d’un grand nombre de travailleuses et travailleurs.

Cette tendance doit être inversée. L’amélioration des conditions de travail aura une incidence directe et positive sur les conditions de voyage.

Nos conditions de travail déterminent vos conditions de voyage.