L'adoption précipitée de la télévision à la carte est une menace pour le contenu local

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TORONTO, le 19 mars 2015 /CNW/ - La décision prise aujourd'hui par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) d'imposer aux distributeurs la télévision à la carte perturbera inutilement les secteurs de la diffusion et du divertissement au Canada et mettra en danger la capacité des citoyens à raconter leurs propres histoires, déclare le principal syndicat des médias au pays.

« Si le CRTC est déterminé à choisir cette voie, il devrait procéder de façon graduelle et expérimentale », explique le directeur d'Unifor pour le secteur des médias, Howard Law.

« Trop d'emplois sont en jeu, les emplois de personnes qui gagnent leur vie en racontant des histoires canadiennes aux Canadiens. Nos talentueux acteurs et créateurs devront se rendre aux États-Unis pour trouver du travail. »

Cet après-midi, le CRTC a annoncé que les consommateurs auront bientôt la possibilité de choisir les chaînes de télévision par câble qu'ils veulent, plutôt de se voir imposer l'actuel système de bouquets. Ils auront également accès à des forfaits de base qui comprendront les stations locales et les services éducatifs provinciaux.

L'annonce s'inscrit dans le cadre du discours du Trône de 2013 dans lequel le gouvernement Harper a promis qu'aucun emploi ne serait perdu si une telle décision était prise. Notons toutefois que le conseil a lui-même déclaré publiquement qu'il était fort probable que certaines chaînes ne survivent pas à la formule à la carte.

Il est particulièrement décevant de constater que certaines chaînes américaines auront un accès privilégié aux forfaits de base, alors que les chaînes canadiennes devront se battre pour être choisies dans les forfaits à la carte. Le CRTC a clairement rejeté toute exigence voulant que les Canadiens aient à choisir une certaine partie de leurs chaînes dans une liste d'options canadiennes. 

« Si quiconque doit être exposé aux services à la carte, c'est bien les réseaux américains », affirme M. Law.

Dans sa présentation au CRTC, Unifor a clairement indiqué qu'une approche précipitée à l'égard des services à la carte ou par forfait de base allait inévitablement entraîner des pertes d'emploi (plus de 16 000 d'ici 2020), et que plusieurs chaînes et fournisseurs de contenu n'allaient pas survivre à ce changement. Cela signifie qu'il y aura non seulement moins de Canadiens qui pourront raconter notre histoire, mais aussi moins de choix et de diversité pour les consommateurs.

Appliquer ces nouvelles règles de façon expérimentale et par essai nous donnerait toutefois du temps pour évaluer leur incidence sur la fidélisation des abonnés du câble et les revenus et faciliterait la transition de cette industrie essentielle.

« C'est une décision décevante et il revient maintenant au gouvernement Harper d'expliquer comment il tiendra les promesses qu'il a faites dans son discours du Trône », déclare Randy Kitt, le président du conseil du secteur des médias à Unifor.

« Il ne fait aucun doute que l'industrie de la diffusion traverse une période de transition, mais nous risquons trop en allant trop loin, trop rapidement. »

Il vaudrait mieux, dit-il, de minimiser les perturbations en adoptant à un rythme approprié des mesures réglementaires adéquatement conçues.

Pour consulter la présentation d'Unifor au CRTC, consultez Unifor.org (en anglais seulement).

Unifor, principal syndicat du secteur privé au Canada, représente plus de 305 000 travailleurs, dont 13 000 dans le secteur des médias. Il a été fondé pendant la fin de semaine de la fête du Travail en 2013, par la fusion du Syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile et du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier.

SOURCE Unifor