La direction d'Unifor promet une mobilisation dans le cadre du forum de discussion national sur la crise dans le secteur des soins de santé au Canada

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A Zoom screen of nine attendees, some wearing headsets.
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Un homme âgé de Fredericton, au Nouveau-Brunswick, est décédé seul dans un fauteuil roulant. Un autre patient est mort alors qu'il attendait pour recevoir des soins, après des heures d'attente aux urgences de l'hôpital. Un homme de 76 ans a fait une crise cardiaque dans la salle d'attente des urgences. Une femme aveugle de 88 ans a été placée dans un lit se trouvant dans un placard. Puis, une ambulance est appelée à une résidence de la grande région de Moncton. Elle est dépêchée de Saint John, à une heure et demie de route. Les poumons de l'enfant se sont affaissés et il a fallu l'emmener d'urgence à l'hôpital pour enfants le plus proche, l'IWK de Halifax (N.-É.). Les ambulances font la queue devant les hôpitaux pendant de nombreuses heures et les patients doivent attendre avec les ambulanciers parce qu’il n'y a pas suffisamment de lits pour les accueillir.

La directrice de la région de l’Atlantique d’Unifor, Jennifer Murray, a décrit avec gravité ces histoires tragiques de la côte Est, soulignant à quel point les soins de santé au Canada sont mis à rude épreuve, lors d'une discussion ouverte virtuelle nationale sur la crise dans le système de santé canadien qui s'est tenue le 12 janvier 2023.

« Les ambulanciers font la queue devant les hôpitaux et s'occupent des patients pendant des heures, parce qu'il n'y a pas de lits pour les transférer, a déclaré Mme Murray. Beaucoup de vies ont été changées à jamais par cette crise. Ce ne sont là que quelques exemples, mais je pense qu'ils reflètent bien la crise qui sévit dans le domaine des soins de santé. C'est effrayant, désolant, frustrant et déconcertant. »

Dans une allocution destinée aux dirigeantes et dirigeants nationaux et aux présidentes et présidents des sections locales d'Unifor, la présidente nationale Lana Payne a déclaré que le Canada érode actuellement le système de soins de santé d'un océan à l'autre et ouvre la voie au profit et à la privatisation, au lieu de protéger et d’élargir les services publics.

« Nous considérons que les emplois dans le secteur de la santé peuvent être de bons emplois, mais le système doit être valorisé et le travail des travailleuses et travailleurs de la santé doit être reconnu », a-t-elle déclaré.

Mme Payne a mentionné que, lors d'une réunion entre le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, ainsi que les membres et la direction d'Unifor, M. Duclos a mentionné que le public pouvait s'attendre à des nouvelles concernant les soins de longue durée en 2023.

« Notre syndicat réclame depuis longtemps des normes de soins dans le domaine des soins de longue durée. Nous surveillerons de très près l'évolution de la situation et nous continuerons à faire pression en ce sens », a-t-elle déclaré, invitant les syndicalistes à se faire entendre et à se mobiliser auprès des gouvernements fédéral et provinciaux sur la question des soins de santé.

« Nous savons que, dans toute crise, certains chercheront à en tirer profit, et c'est ce que nous constatons actuellement dans le domaine de la santé, où l'on pousse à la privatisation, et où les soins payants prennent chaque jour de plus en plus de place. Nous ne pouvons pas laisser faire ça, et nous ferons en sorte que ça ne se produise pas. Nous aurons besoin de la participation de tous pour ce qui s'en vient. C'est de la plus haute importance. »

Le directeur québécois d'Unifor, Daniel Cloutier, a qualifié les soins de santé au Québec de « cauchemar », le taux d'occupation des salles d'urgence étant de 180 %, selon des reportages de l'automne dernier.

« Au Québec, il n'est pas rare d'attendre deux jours dans une salle d'urgence », a-t-il déclaré. C'est l'une des raisons pour lesquelles il y a tant d'attente aux urgences. Il y a un problème d'organisation du travail, mais aussi un problème de personnel. »

M. Cloutier a déclaré qu'il est pratique courante au Québec d'imposer les heures supplémentaires obligatoires au personnel infirmier, ce qui oblige les infirmières et infirmiers à faire des doubles quarts de travail.

« On a beau injecter 57 milliards de dollars par an dans le système de santé au Québec – qui constitue apparemment le poste budgétaire le plus important de la province –, il y a un déséquilibre entre les salaires et les conditions de travail que l'on offre aux médecins, qui sont considérés au Québec comme des travailleurs autonomes », a-t-il déclaré.

« Les médecins ont le droit de se constituer en société, par exemple, et ils se sont taillé la part du lion. Pendant ce temps, on sous-traite le travail du personnel infirmier, et que dire des préposés aux bénéficiaires ou du personnel d’entretien dans les hôpitaux, qui gagnent à peine le salaire minimum. »

Naureen Rizvi, la directrice régionale d'Unifor pour l'Ontario, a déclaré que les travailleuses et travailleurs de la santé n'ont eu droit qu'à un manque de respect de la part du gouvernement de Doug Ford, qui attaque leurs droits et plafonne leurs salaires par le biais du projet de loi 124.

« Pour pallier le manque de lits et de places, le gouvernement a déposé un autre projet de loi controversé visant à libérer des lits d'hôpitaux, a déclaré Mme Rizvi. Le gouvernement a permis aux hôpitaux de déplacer tous les patients bénéficiant d'un niveau de soins alternatif vers des établissements de soins de longue durée, et de les faire payer s'ils choisissaient de ne pas partir et de rester à l'hôpital. C'est malheureusement la réalité en Ontario. »

Le directeur régional de l'Ouest d'Unifor, Gavin McGarrigle, a déclaré qu'en Saskatchewan, 37 communautés différentes ont subi la fermeture de leur hôpital local ou des interruptions de service. De plus, selon un rapport du vérificateur provincial publié l'an dernier, la Saskatchewan a perdu 600 travailleuses et travailleurs de la santé.

Pendant ce temps, le premier ministre albertain de droite, Daniel Smith, tente d'habituer les Albertains à dépenser leur propre argent pour obtenir des soins de santé au lieu de financer convenablement le régime public.

Dans les régions rurales de la Colombie-Britannique, les salles d'urgence de 13 hôpitaux ont été fermées pendant quatre mois en 2022, laissant les résidents de ces communautés « perdus pendant plus de 120 jours sans accès à leur salle d'urgence locale. Ces fermetures sont le résultat de pénuries de personnel, de vagues de congés de maladie et de problèmes persistants de rétention du personnel », a déclaré M. McGarrigle.

Citant un rapport, M. McGarrigle a déclaré que, en plus du fait que les travailleuses et travailleurs de la santé de la Colombie-Britannique ont, dans l'ensemble, signalé trois fois la moyenne provinciale de blessures liées à la violence entre 2017 et 2021, près de 75 % du personnel paramédical a déclaré avoir été victime d'actes de violence au cours de la dernière année. Cette situation est attribuable à la pénurie de main-d'œuvre, à la santé mentale, à la toxicomanie, aux crises, au manque de soins tenant compte des traumatismes, à la dépendance excessive à l'égard des médicaments au lieu de la dotation en personnel, aux soins de longue durée et à la colère suscitée par la vaccination dans pendant la pandémie.

« Ce qui est triste, c'est que lorsque les travailleuses et travailleurs sont menacés de la sorte, ils atteignent le point de rupture, et souvent ils quittent le travail et ne reviennent tout simplement jamais, a-t-il déclaré. Pour les travailleuses et les travailleurs de la santé, tout cela conduit à un réel sentiment de non-respect de la part de leur gouvernement. Notre système de soins de santé est assurément en crise. »

Kelly-Anne Orr, adjointe de la direction nationale, a déclaré qu'elle est en communication avec les membres d'Unifor du secteur des soins de santé et qu'elle entend les histoires traumatisantes de stress accru et d'épuisement professionnel des travailleuses et travailleurs, qui sont maintenant confrontés à des arriérés massifs et à une pénurie de collègues.

« Certains disent que les travailleuses et travailleurs de la santé sont résilients », a déclaré Mme Orr.

« Ils peuvent gérer la charge de travail sur le court terme. Ils peuvent retourner au travail après avoir géré un décès dans une salle d'attente. Ils peuvent rester plus de 12 heures lorsqu'il n'y a personne pour prendre le relais. Mais ils ne veulent pas être résilients. Ils veulent des niveaux de dotation adéquats pour préserver les soins aux patients et des environnements de travail sûrs. Le contexte actuel les empêche de bien s'occuper de leurs patients, de leurs résidents, de leurs clients et de leurs familles, comme ils le souhaitent et comme ils le méritent. »

Tullio DiPonti, le représentant du Conseil exécutif national en matière de soins de santé, a déclaré lors de la discussion ouverte que la crise qui touche actuellement le secteur de la santé est « une question de vie ou de mort. Nous devons changer cela. Le problème ne se limite pas aux travailleuses et travailleurs de la santé, il touche l'ensemble du pays. »

Kari Jefford, la présidente du Conseil des soins de santé d’Unifor, a souligné qu'il s'agit-là d'une occasion et que « nous devons prendre l'initiative pour que nos travailleuses et travailleurs de la santé, nos sections locales et nos dirigeants nationaux travaillent ensemble à faire la différence. »

La présidente de la section 8300 d’Unifor, Kathleen Brooks, a déclaré que les médecins et les autres travailleuses et travailleurs du secteur de la santé partent de façon massive, ce qui crée une pénurie de médecins de famille dans toutes les provinces, et des listes d'attente qui s'étendent souvent sur des années.

« Récemment, nous avons vu des blocs d'endoscopie et des salles d'opération fermer à cause de la démission de médecins spécialistes", a-t-elle déclaré.

« Dans le comté de Prince Edward, nous avons vu des anesthésistes démissionner de leur poste. J'ai également entendu des plaintes concernant un anesthésiste qui devait mettre un patient sous anesthésie dans une salle, puis aller à côté pour en mettre un autre sous anesthésie dans une autre salle, et faire des allers-retours entre les deux. Couper les coins ronds de la sorte peut entraîner des décès. »

Au cours des semaines et des mois à venir, le syndicat travaillera de concert avec ses membres du secteur de la santé pour continuer à élaborer des actions de campagne visant à inciter les gouvernements provinciaux et fédéral à préserver et à renforcer le régime public de soins de santé du Canada.

Pour en savoir plus sur les priorités d'Unifor en matière de santé, visitez le site suivant : https://www.unifor.org/health.