La dernière journée du Conseil canadien sous le signe de la sensibilisation à la santé mentale

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 Une femme aux cheveux blonds courts prend la parole sur le podium d'Unifor.
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Le troisième et dernier jour, le Conseil canadien d’Unifor a axé sa réflexion sur le soutien à la santé mentale en milieu de travail.

Kendra Fisher, ancienne membre d’Équipe Canada, conférencière motivatrice et pompière, a fait part de son expérience personnelle de la maladie mentale et de l’isolement qui lui a fait perdre son rêve de jouer au hockey aux Jeux olympiques.

« Si vous voulez comprendre ce qu‘est l’anxiété, imaginez que vous essayez de régler votre tapis de course à une très grande vitesse. Et sur un plan incliné. Vous allez sentir vos jambes commencer à chauffer et vous serez à bout de souffle », a déclaré Mme Fisher.

« Maintenant, imaginez que vous ne respirez qu’à travers une paille. Je veux que vous pensiez à quelque chose de terrifiant dans votre vie. À présent, pensez à quelque chose qui vous a brisé le cœur. Combinez maintenant tous ces sentiments ensemble ».

Kendra est partie de Kincardine, en Ontario, pour s’installer à Toronto au secondaire afin de poursuivre son rêve de devenir membre de l’équipe canadienne. Après avoir obtenu son diplôme de l’école privée pour filles qu’elle fréquentait, elle a eu un accident de voiture dans lequel elle s’est cassé une vertèbre.

Des séances de physiothérapie lui ont permis de se rétablir, mais un sentiment d’anxiété a commencé à poindre.

Tout au long d’un parcours de dix ans, on lui a appris qu’elle souffrait d’un trouble anxieux général, d’un trouble obsessionnel-compulsif, d’une dépression clinique et d’agoraphobie. Elle a pris des médicaments et consulté un psychologue, qui lui a recommandé de faire appel à un nutritionniste et à un naturopathe, de se mettre à la course à pied et de s’inscrire à des cours de yoga.

Ce n’est que lorsqu’elle a appris à contrôler sa respiration au yoga, à faire comprendre à son corps qu’elle était en sécurité, qu’elle s’est mise à pleurer.

« Pour la première fois en sept ans, j’ai réalisé que je ne faisais que me battre, courir et essayer de survivre », a-t-elle déclaré. « J’ai fait une percée ».

Elle est finalement devenue membre de l’équipe nationale féminine de hockey en ligne du Canada et a représenté le pays lors de plusieurs championnats du monde.

Néanmoins, bien qu’elle ait elle-même trouvé des solutions à sa santé mentale, elle se trouvait souvent « pathétique »; mais lorsqu’un joueur de hockey qu’elle connaissait s’est suicidé, elle a réalisé qu’il fallait qu’elle partage sa propre histoire pour mieux faire comprendre les maladies mentales.

« La pression que nous nous imposons est telle que nous sommes terrifiées à l’idée de faire connaître notre réalité, de dire que nous avons des problèmes », a-t-elle expliqué.

« Savez-vous ce qui est formidable quand vous êtes présent pour vous et pour les autres? Quand vous êtes présent, il semble que les choses horribles ne se produisent jamais. C’est lorsque vous vous isolez et que vous repoussez les autres que survient la tragédie, la crise. Cela change des vies et en sauve d’autres ».

Samia Hashi, nouvellement élue directrice de la région de l’Ontario, a expliqué aux déléguées et délégués qu’au cours de toute année donnée, un Canadien sur cinq est touché par une maladie mentale, soit un tiers de l’ensemble des Canadiennes et des Canadiens au cours de leur vie. 

« Ces batailles ne sont pas un sujet que nous devrions ignorer », a-t-elle précisé.

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Panel of people sitting on white chairs.

Après les propos de Mme Fisher, les déléguées et délégués d’Unifor ont assisté à une table ronde sur le thème de la santé mentale, qui n'’est pas une chose que les travailleuses et travailleurs peuvent laisser de côté en arrivant sur leur lieu de travail.

La table ronde était présidée par Sari Sairanen, adjointe exécutive au secrétaire-trésorier national. Elle était accompagnée de Niki Lundquist, directrice principale de l’équité et de l’éducation, de Vinay Sharma, directeur de la santé, de la sécurité et de l’environnement, de Mike Byrne, représentant national du personnel et agent de liaison du programme national d’aide aux employés et aux familles, et de Hugo Desgagné, représentant national du Service de la santé, de la sécurité et de l’environnement à Montréal.

« Si l’éventail des troubles psychologiques peut être lié à la charge de travail ou à l’insécurité au travail et au harcèlement, l’élément le plus préoccupant est toujours l’ampleur du trouble psychologique quand le syndicat en est finalement saisi », a indiqué Mike Byrne.

« Ces problèmes, qui pourraient être résolus à un stade plus précoce, sont, en raison de la stigmatisation qui les entoure, exaspérés au point que nos membres manquent le travail, s'en prennent parfois à leurs collègues, parce qu’ils sont traumatisés et qu’ils s’auto-médicamentent, situation qui peut entraîner une dépendance ».

Niki Lundquist a rappelé que, selon une étude récente, 49 % de la main-d’œuvre vit avec « un stress et une tension considérables au quotidien, et ce en plus de l’épuisement professionnel qui fait des ravages, et je ne pense pas que cela surprenne tous ceux d’entre nous qui travaillent avec d’autres employées et employés affectés par les réalités économiques et l’insécurité de nos lieux de travail ».

« Parce que je travaille avec le Service des droits de la personne depuis un certain temps, je me dois de reconnaître la pression supplémentaire que subissent les personnes victimes de racisme, de sexisme, d’homophobie, de transphobie, d’islamophobie, d’antisémitisme et de discrimination fondée sur la capacité physique ». Vous portez le poids de ces expériences tout au long de votre vie », a-t-elle affirmé.

Vinay Sharma a abordé la question de la prévention et du dépistage sur le lieu de travail pour aider à protéger la santé mentale, tandis que M. Desgagné affirmait que, dans le cadre des discussions avec l’employeur, le syndicat devait lui rappeler son obligation de fournir des environnements de travail sains et sûrs, tant sur le plan mental que physique.

« Notre rôle est de faire pression sur l’employeur, car c’est à lui qu’incombe la responsabilité », a-t-il ajouté. « Pourquoi les gens sont-ils stressés? Il y a la pénurie de main-d’œuvre, ainsi que le problème des heures supplémentaires et de l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée. Il nous faut parler de la santé mentale ».

Le soutien aux membres d’Unifor en grève et en lock-out a été maintenu avec l’annonce d’un don total de 200 000 dollars de la part du syndicat national, des sections locales et des déléguées et délégués d’Unifor.

La dernière journée a également été marquée par un rapport du Groupe de travail sur l’éthique du syndicat, présidé par l’ancienne adjointe au président national et ancienne députée Peggy Nash, qui a formulé six recommandations sur les améliorations à apporter pour renforcer la capacité d’Unifor à faire respecter son code d’éthique.

« Nous pensons que cela nous offrira le temps et l’espace nécessaires pour engager les bonnes conversations », a déclaré Mme Nash. « Nous défendons à présent les valeurs et les principes inscrits dans le code d’éthique en veillant à ce que nous adhérions à ces principes en interne. Cela étaye ce que nous défendons auprès du public et dans l’ensemble du pays ».

Le rapport du groupe de travail a été adopté par le Conseil canadien et sera présenté à l’automne au Conseil exécutif national d’Unifor.

En signe de respect et de sensibilisation à la réconciliation, la présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, a annoncé qu’Unifor installait des œuvres d’art sur le thème de la reconnaissance des terres dans tous ses bureaux régionaux, en commençant par le bureau d’Halifax.

Lors du gala de vendredi, l’artiste micmac Lorne Julien, de la Première nation de Millbrook, a entamé la réalisation d’une peinture murale qui sera fièrement suspendue au-dessus d’une plaque de granit dans le bureau d’Halifax.

Lana Payne et Daniel Cloutier, le directeur québécois, ont également rendu hommage à Tullio DiPonti et Yves Guérette, deux membres de longue date d’Unifor qui s’apprêtent à prendre leur retraite.

M. DiPonti a débuté sa carrière en tant qu’apprenti dans le domaine du chauffage et du refroidissement avant d’obtenir son certificat d’aptitude professionnelle en 1985. De 2003 à 2018, il a occupé avec fierté le poste de secrétaire-trésorier de la section locale 2458, pour en être ensuite élu le président. Cette section locale représente 5 400 membres répartis dans 60 unités de négociation, notamment dans les secteurs de la santé, de l’éducation et du secteur privé, à Windsor, en Ontario, et dans les régions avoisinantes.

Il a exercé les fonctions de secrétaire-trésorier du conseil exécutif du Conseil régional de l’Ontario de 2013 à 2022.

Yves Guérette a passé huit ans à la présidence du Conseil forestier, mettant à profit son expérience, son sens exemplaire de l’intégrité et de leadership et ses compétences en matière de développement communautaire pour soutenir les travailleuses et travailleurs forestiers dans l’ensemble du pays. Il a également été président de la section locale 299 pendant 17 ans et président du Conseil de l’industrie forestière.

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Lana Payne waves to the delegates at Canadian Council

Plusieurs résolutions ont été adoptées, dont le soutien aux familles en quête de justice pour les femmes, les filles et les bispirituels autochtones disparus et assassinés à travers le Canada.

Dans son allocution de clôture, Mme Payne a insisté à nouveau sur le fait qu’il était temps de se battre pour les travailleuses et les travailleurs.

« Nous avons fêté nos dix ans en grande pompe », a-t-elle déclaré. « Nous sommes Unifor! »

Pour lire l’article résumé de la première journée du Conseil canadien, cliquez ici :

Pour lire l’article résumé de la deuxième journée du Conseil canadien, cliquez ici :