La colère des consommateurs devrait être dirigée contre les PDG du Canada, et non pas contre ses travailleuses et travailleurs.

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Une employée d'épicerie portant un masque trie des bananes.
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Nous voudrions tous que la pandémie soit terminée et que la vie reprenne son cours normal. Je comprends tout à fait.

Il est toutefois évident que nous en avons encore pour un cetain temps. Les systèmes de soins de santé sont à bout de souffle, et on assiste à la réintroduction de certaines restrictions en matière de santé publique.

Nous l’avons tous observé, la COVID a mis à nu certains des pires problèmes qui affectent notre société : une crise du logement qui ne cesse de s’aggraver; des soins de santé sous-financés; un racisme profondément enraciné et structurel qui opprime les Autochtones, les Noirs et les autres personnes marginalisées.

Si la pandémie a exposé ces problèmes, leur cause sous-jacente est le capitalisme toxique. Mais sur les lieux de travail partout au pays, ce sont les travailleuses et travailleurs de première ligne qui se font blâmer par les clients quand tout va mal. Le harcèlement et las agressions qu’ils subissent sont dus aux frustrations causées par la cupidité des entreprises, et aggravées par la crise de la COVID.

Le personnel des compagnies aériennes. Les employés des épiceries. Les travailleuses et travailleurs de la santé. Les employés du secteur des télécommunications. Le personnel des hôtels et des restaurants. Et ainsi de suite. Si un vol est retardé ou annulé, si un patient des urgences est soigné à la hâte dans un couloir d’hôpital après 24 heures d’attente, si un réseau de communications tombe en panne et que certains clients ne peuvent même pas composer le 911, ou si un restaurant manque de personnel et refuse des clients, ce sont les travailleuses et travailleurs de première ligne qui subissent les foudres du public consommateur.

Il est malheureux de constater que dès que quelque chose ne va pas, le PDG de l’entreprise est loin de la scène du crime, si on peut dire. Mais les employés de première ligne sont toujours là, devant, au centre - une cible parfaite pour la colère, la déception et la frustration des consommateurs et des clients.

Depuis des décennies, la classe des entreprises canadiennes s’est enrichie comme larrons en foire, en payant de mauvais salaires, en manquant chroniquement de personnel pour faire baisser les coûts de la main-d’œuvre et en sous-traitant le travail pour réduire le nombre d’employés dans leurs livres. Après avoir créé des emplois précaires, à fort taux de rotation et à faible valeur ajoutée pendant des années, de sorte que les employés vivaient au seuil de la pauvreté et avaient du mal à joindre les deux bouts, la crise de la COVID a fait s’écrouler tout ce beau château de cartes.

Le taux d’inflation d’une année sur l’autre de juin 2021 à juin 2022 était de 8,1 %, alors que les salaires moyens ne progressaient que de la moitié de ce taux. Effectivement, une fois rajustés en fonction de l’inflation, les salaires moyens ont reculé de 2,2 pour cent. Parallèlement, les bénéfices après impôt des entreprises, en proportion de l’activité économique globale au Canada, sont sans précédent. Les hausses de prix sont largement supérieures au coût d’exploitation des entreprises.