Deux budgets provinciaux illustrent les objectifs très différents des premiers ministres de la Colombie-Britannique et de l’Alberta

Main Image
Image
Portraits of David Eby (left) and Danielle Smith (right). In between are two boxing gloves head to head over a starburst.
Partager

Les deux premiers ministres ayant les points de vue idéologiquement les plus divergents au Canada, tous deux récemment élus par les membres de leurs partis respectifs et n’ayant pas fait leurs preuves lors d’une élection générale, ont déposé leur premier budget le 28 février. 

Il y a beaucoup à apprendre des budgets des premiers ministres David Eby et Danielle Smith sur les philosophies des partis de la « gauche » et de la « droite » et, aspect encore plus important, sur leurs conséquences pour les travailleuses et travailleurs.

La conviction qu’il y a plus d’un type de déficit provincial est à la base du budget de la Colombie-Britannique. Le terme « déficit » renvoyait habituellement au bilan annuel d’une province et signifiait que les dépenses avaient dépassé les revenus.

Le gouvernement Eby a explicitement rejeté cette interprétation restrictive du rôle du gouvernement dans l’utilisation des ressources financières provinciales pour atteindre les objectifs sociaux et économiques : « Lorsqu’il est question de l’avenir de la province, notre gouvernement estime qu’il y a d’autres types de déficits que le déficit fiscal. » David Eby, La Presse canadienne, 27 février 2023

Le budget néo-démocrate de la Colombie-Britannique vise à combler les besoins les plus urgents de la province et à réduire le déficit de financement dans des domaines comme les soins de santé et le traitement de la toxicomanie. 

Les éléments importants du budget Eby comprennent 1 milliard de dollars pour des mesures de soutien supplémentaires en santé mentale et en toxicomanie, et plus de 5 milliards de dollars pour d’autres services de soins de santé au cours des trois prochaines années. 

Pendant la pandémie de COVID-19, le gouvernement néo-démocrate de la Colombie-Britannique a considérablement augmenté les dépenses par habitant, alors que les Britanno-Colombiennes et les Britanno-Colombiens étaient durement touchés par les mises à pied et l’incertitude dramatique de l’époque.  

Autrement dit, si le gouvernement de la Colombie-Britannique n’avait pas utilisé son pouvoir financier pour maintenir ou améliorer les services sociaux, les répercussions de la pandémie auraient probablement été bien pires pour les familles de la province.

En Alberta, le budget de 2023 augmentera les dépenses de 2,5 milliards de dollars et dégagera un excédent de 2,4 milliards de dollars. La majeure partie de l’augmentation proviendra de l’augmentation des transferts fédéraux en matière de santé et de programmes sociaux, mais il y a de nouveaux fonds provinciaux.

Parmi les points saillants du budget, mentionnons le rétablissement des dépenses en matière de soins de santé et d’infrastructure, un accent sur le remboursement de la dette et un mandat prescrit par la loi pour équilibrer les budgets.

Ses partisans pourraient dire que Danielle Smith essaie aussi de protéger les Albertaines et Albertains, et que son conservatisme financier (faibles dépenses par habitant et déficits réduits ou inexistants) est une stratégie tout aussi valable pour préserver la solidité du filet de sécurité pour l’avenir.

Mais à quel genre de catastrophe le Parti conservateur uni s’attend-il? 

La chute brutale des prix mondiaux du pétrole et la pandémie de COVID-19 ont été des crises presque sans précédent et elle se sont produites simultanément en plus. 

Pendant les pires années de la pandémie, le gouvernement du Parti conservateur uni a maintenu presque au même niveau les dépenses de programmes par habitant. Selon les estimations par habitant, les dépenses en santé en Alberta sont demeurées presque inchangées. Si on ne tient pas compte des dépenses liées à la COVID-19, les dépenses de santé par habitant ont même diminué.

Ce n’est peut-être pas une coïncidence si l’Alberta a enregistré plus de décès dus à la COVID-19 que la Colombie-Britannique, bien que la population de cette dernière soit beaucoup plus importante (+ 17 %). 

Il semble que, pour Danielle Smith et son prédécesseur Jason Kenney, un budget équilibré et un faible déficit ne sont pas seulement un moyen d’arriver à un but (une réserve pour les mauvais jours), mais plutôt l’objectif lui-même. 

Pour le Parti conservateur uni, les limites arbitraires à court terme des dépenses pèseront toujours plus lourd dans la balance que les souffrances de la population. La loi de Danielle Smith sur l’équilibre budgétaire confirme cette conclusion.
L’Alberta tiendra des élections provinciales au plus tard le 29 mai. En Colombie-Britannique, les prochaines élections auront lieu en 2024. Les électeurs se demandent souvent si leur situation est meilleure avec le gouvernement actuel qu’avec le précédent. Si les retombées des politiques sont le seul facteur, Danielle Smith pourrait avoir beaucoup plus de raisons de s’inquiéter que David Eby.