Des travailleuses des médias d’Unifor reçoivent des prix lors du gala des CJFE pour leur lutte contre le harcèlement

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Two women hold up awards, surrounded by Lana Payne and two hosts on a blue curtained stage
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Trois femmes journalistes, dont deux sont membres d’Unifor, ont reçu des prix hier soir au gala des Canadian Journalists for Free Expression à Toronto pour leurs courageux efforts de lutte contre la misogynie et leurs agresseurs en ligne.

Le prix Tara Singh Hayer a été décerné cette année à Saba Eitizaz co-animatrice et productrice du balado du Toronto Star et à Rachel Gilmore, journaliste politique au Global News, toutes deux membres d’Unifor, ainsi qu’à la journaliste Erica Ifill du The Hill Times.

« Nous rendons hommage à trois journalistes qui ont été confrontés à des actes de harcèlement et de violence intenses pour avoir simplement fait leur travail, a déclaré la présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, dans son discours de présentation des lauréates.

« Ces trois courageuses femmes ont dénoncé les trolls, les attaques, les viles menaces et le harcèlement et la violence quotidiens afin de défendre la liberté de la presse. Ces personnes méritent non seulement notre admiration, mais aussi notre action et notre soutien collectifs. Quand un journaliste subit du harcèlement, il faut savoir que ce qui est en jeu, c’est la volonté de le faire taire. Mais les réduire au silence, eux et la vérité qu’ils portent, est quelque chose que nous ne pouvons pas tolérer. »

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Lana Payne stands at a glass podium, looking to the right of the picture.

Ce prix met en lumière le travail de journalistes canadiens qui, de par leur profession, contribuent considérablement à renforcer et à promouvoir le principe de la liberté de la presse au Canada ou ailleurs, et qui prennent des risques personnels ou subissent des représailles physiques pour leur travail.

L’été dernier, ces trois journalistes ont utilisé leur voix sur Twitter pour dénoncer les abus et les menaces de mort dont elles faisaient l’objet et ont mobilisé leurs organisations médiatiques pour les soutenir.

Elles ont participé à la rédaction d’une lettre ouverte adressée au premier ministre Justin Trudeau et à d’autres acteurs de la politique et de la sécurité. Cette lettre a ensuite été signée par 48 organisations médiatiques canadiennes et publiée par leurs trois salles de rédaction ainsi que par l’Association canadienne des journalistes, afin de faire pression sur le premier ministre Trudeau et d’autres députés pour qu’ils s’engagent à modifier leurs politiques et promettent d’agir.

« Regardez autour de vous, dans votre salle de rédaction, il y a certainement des journalistes qui perdent espoir ou leur raison d’être et, par conséquent, d’importantes histoires ne sont pas racontées, a lancé Mme Eitizaz à la foule.

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A woman speaks at a podium, while another woman in a white dress stands next to her.

Le journalisme est un acte d’amour. Ce n’est pas une profession très payante, mais son coût est par contre très élevé, car personne ne veut se faire dire les multiples façons dont il ou elle mérite de mourir et les façons dont il ou elle se fera tuer. Or, nous exerçons ce métier parce que nous sommes conscients qu’il ne s’agit pas de nous, mais de chaque institution que nous tenons pour responsable, des fondements mêmes sur lesquels repose la démocratie. »

Saba Eitizaz, qui a fui du Pakistan vers le Canada en tant que journaliste à la suite de menaces de mort proférées à cause de son travail, a expliqué le soutien dont les journalistes ont besoin de la part de leurs salles de rédaction, de leurs directeurs et de leurs communautés pour leur permettre de se sentir en sécurité.

« Même en ligne, la violence est une agression, a-t-elle déclaré. Elle enfouit notre notion du moi et nous fait perdre de vue quand et comment nous pouvons investir l’espace. Nous la portons en nous. CJFE, je vous remercie pour cet honneur; j’ai désormais moins l’impression d’être invisible dans ce pays. Je ne perds pas de vue que le prix que je reçois porte le nom d’une autre journaliste à la peau brune, une immigrée, une Punjabi comme moi, qui a été menacée, attaquée et assassinée pour avoir fait son travail. »

Mme Gilmore n’a pas pu assister à la remise des prix.

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Two women stand at a podium with a blue curtain background.

Dans son discours de remerciement, Erica Ifill a rappelé que la justice sociale vaut toujours la peine d'être défendue, mais que, pour une journaliste de couleur, il est souvent difficile de faire son travail.

« Je veux aussi parler au nom des pigistes qui seront très probablement des personnes racialisées, des femmes, des LGBTQ, des personnes handicapées, des transgenres, des personnes au statut précaire, a-t-elle ajouté. Ce sont là les histoires dont nous devons parler davantage en tant que journalistes. »

Cette même soirée, le Conseil des médias d’Unifor a lancé son nouveau document de discussion sur les médias intitulé Renverser la tendance : Lutter contre le harcèlement à l’égard des travailleuses et travailleurs des médias qui a nécessité plus d’un an de préparation et qui se concentre sur la lutte contre le harcèlement pour les travailleuses et travailleurs des médias et l’approche à plusieurs volets d’Unifor pour soutenir les victimes de harcèlement, exiger la reddition de comptes, promouvoir la prévention et tenir les plateformes numériques responsables.

Il se penche également sur les rôles des employeurs des médias, des syndicats des médias, des écoles de journalisme et du système de justice pénale, ainsi que sur les solutions réglementaires législatives et le harcèlement au Canada et à l’étranger.

« Notre syndicat mène constamment des campagnes et des initiatives pour lutter contre le harcèlement, la violence et la discrimination auxquels sont confrontés quotidiennement les journalistes et les travailleuses et travailleurs des médias, a déclaré Mme Payne lors du gala.

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A group of people stand together with a yellow wood background.

Et cette violence est amplifiée, multipliée par 100 si vous êtes une femme, si vous êtes Noir, si vous êtes Autochtone ou une personne racialisée. Il nous faut toutefois réfléchir à ce que nous pouvons faire collectivement - les syndicats des médias, les employeurs des médias et les gouvernements - pour éliminer la misogynie et le racisme qui sous-tendent cette culture de la violence. »

Face à la montée du harcèlement dont sont victimes les journalistes et les travailleuses et travailleurs des médias, que ce soit en ligne ou en personne, et aggravé par la polarisation des politiques et l’anonymat des médias sociaux, Unifor a lancé le site Web Vous trouverez de l’aide ici dont le but est de permettre aux journalistes et aux travailleuses et travailleurs des médias d’obtenir le soutien dont ils ont besoin quand ils en ont besoin.

Le site a été conçu par Unifor en collaboration avec les journalistes et les membres des médias d’Unifor en première ligne, en s’appuyant sur nos expériences de négociation et d’élaboration de procédures anti-harcèlement sur le lieu de travail. Il s’appuie également sur les ressources qui existent dans la communauté et qui sont à la disposition des journalistes et des travailleuses et travailleurs des médias. Le site sera régulièrement mis à jour au fur et à mesure que de nouveaux outils et ressources seront accessibles.

Lors du Conseil régional de l’Ontario en décembre dernier, Unifor a présenté une vidéo sur ses membres du secteur des médias qui dénoncent le harcèlement au travail. Cliquez ici pour télécharger le lien de la vidéo.