Dénoncer les préjugés raciaux dans les salles de nouvelles du Canada

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Il existe des préjugés raciaux dans toutes les salles de nouvelles du Canada. Maintenant plus que jamais, nous devons revoir la façon dont nous rapportons les nouvelles, ont dit les panélistes lors d’un webinaire organisé par Unifor le 2 juillet dernier. 

Rita Trichur, du Globe and Mail, a dirigé cette discussion franche, à laquelle ont participé des membres d’Unifor de salles de nouvelles de partout au pays. 

Elle a posé de nombreuses questions intéressantes aux panélistes Shree Paradkar, chroniqueuse au Toronto Star, et Angelyn Francis, journaliste au Toronto Star

« Il est impossible de penser éliminer le racisme en un seul atelier d’une demi-journée, ou de corriger un problème si nous ne le voyons pas », a déclaré Rita Trichur, qui a parlé de l’importance de la diversité au sein des rôles de leadership et de gestion dans les salles de nouvelles. 

« Les travailleuses et travailleurs de couleur occupant des postes de leadership doivent obtenir du soutien, a précisé Shree Paradkar. Ils ne peuvent pas être laissés à eux-mêmes. Quel est le but d’avoir un dirigeant noir qu’on laisse pour compte, qui a peu de pouvoir, et qui assume toutes les responsabilités? Si une femme noire révise la chronique d’un homme blanc reconnu, la dynamique de pouvoir est alors bien complexe. » 

Selon Angelyn Francis, trop souvent, les gens qui prennent des décisions n’ont pas été victimes de racisme et sont aveuglés par leur propre privilège. 

« Réfléchissez à votre propre privilège et soyez l’allié des Noirs, des Autochtones, et des personnes de couleur, a-t-elle dit. Soyez un témoin et signalez ce qui arrive aux journalistes de couleur. »

Tous les panélistes ont parlé de la nécessité d’avoir du courage dans le secteur de l’information ainsi que de la responsabilité de chacun de dénoncer le racisme. 

« Ce n’est pas facile et ce n’est pas sans conséquence, a révélé Shree Paradkar, qui a donné des conseils sur la façon d’aborder le sujet auprès des collègues. Le simple fait de demander à quelqu’un de réfléchir à ce qu’il vient de dire va en rebuter plusieurs. Vous devez être prêt aux conflits et espérez que les gens vont vous soutenir. »

« Tenez-vous devant les journalistes noirs, autochtones ou de couleur lorsque nous demandons d’être protégés, a dit Shree Paradkar. Tenez-vous à côté de nous lorsque nous avons besoin d’alliés. Et surtout, tenez-vous derrière nous lorsque des journalistes noirs, autochtones ou de couleur prennent les devants. »

La conversation portait aussi sur la façon de composer avec les atrocités actuelles et passées. 

« Nous ne devrions jamais nier ou expliquer des atrocités en disant que c’était stupide et que c’était une autre époque, a expliqué Shree Paradkar. Arrêtons de trouver des excuses. Une autre époque pour qui? »

« Ne dites surtout pas que ce n’est peut-être pas ce qu’ils ont voulu dire, a ajouté Angelyn Francis. Inutile de dire que nous avons fait beaucoup de chemin parce que le racisme est en réalité systémique. »

La discussion s’est conclue par un appel concerté à l’action pour que les journalistes soient responsables des histoires qu’ils racontent ainsi que de la façon qu’ils choisissent de mener des entrevues et de présenter des éléments, et pour qu’ils réfléchissent à ces décisions sous l’angle des préjugés raciaux.

« Attention à ce que vous dites et soyez conscients de vos propres préjugés, a ajouté Shree Paradkar. Le processus est pénible. Réfléchissez bien à ce qu’est la norme. Qui a établi cette norme? Explorez vos zones grises et soyez conscients de vos propres préjugés. » 

La politique d’Unifor sur la justice raciale est disponible ici.

Unifor est le plus important syndicat du secteur des médias. Il représente des milliers de travailleuses et travailleurs d’organes de presse à la grandeur du pays, notamment le Globe and Mail et le Toronto Star