De meilleures conditions de travail pour de meilleures conditions de voyage

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Groupe de personnes tenant des pancartes et des drapeaux
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Éditorial de Lana Payne, présidente nationale d’Unifor

Les voyages de la saison des Fêtes sont souvent synonymes d’angoisse et d’anxiété. Retards, bagages perdus, aéroports bondés…

En tant que syndicat représentant les travailleuses et travailleurs du secteur de l’aviation, des bagagistes aux contrôleuses et contrôleurs aériens, nous comprenons, nos membres et nous, que ces périodes d’affluence exposent et amplifient de nombreux problèmes sous-jacents dans l’industrie.

Nous réitérons notre appel au gouvernement fédéral, aux aéroports et aux transporteurs aériens pour les exhorter à travailler ensemble afin de s’attaquer aux problèmes fondamentaux à l’origine du chaos dans l’industrie de l’aviation.

Nous nous souvenons tous et toutes de la saison des voyages de l’an dernier alors que les gens sont demeurés coincés dans des files d’attente interminables dans les aéroports, que des vols ont été annulés et que les voyageurs cherchaient leurs bagages. Certains ont même été laissés à eux-mêmes pendant un long moment.

Pour apaiser la colère des passagers, le gouvernement fédéral a augmenté les fonds destinés à améliorer les temps d’attente aux points de contrôle et apporté des modifications au Règlement sur la protection des passagers aériens, communément appelé la charte des droits des voyageurs. Le public a été séduit notamment par les remboursements de vols, les amendes plus élevées en cas de non-respect du Règlement et les fonds permettant de répondre à l’accumulation croissante de plaintes de la part des consommateurs.

Devant la situation, certains aéroports ont plafonné le nombre de vols et d’autres ont mis fin aux contrats des entreprises de services au sol les moins performantes. Les employeurs ont également promis d’améliorer l’expérience de voyage en développant de nouvelles technologies, comme la manutention automatisée des bagages et les algorithmes de service à la clientèle. Malheureusement, ces mesures ont été prises aux dépens des travailleuses et travailleurs et sans savoir si l’expérience des voyageurs s’améliorerait véritablement. 

Ni les aéroports ni les transporteurs aériens n’ont abordé la question des conditions de travail inadéquates dans l’industrie. S’ils ne peuvent ou ne veulent pas y voir, le gouvernement fédéral doit alors intervenir.

Les emplois précaires et mal rémunérés qui ne répondent pas aux besoins des travailleuses et travailleurs constituent l’un des principaux enjeux du secteur. Le manque de personnel et le recours abusif aux heures supplémentaires sont omniprésents, alors qu’il suffirait de former suffisamment d’effectifs pour que le travail soit fait.

Le chaos se poursuit : les travailleuses et travailleurs n’ont pas les ressources nécessaires pour fournir un service décent et les passagers subissent des annulations de vols, des changements de réservation automatisés, de longues attentes aux carrousels à bagages, et des attentes encore plus longues au service à la clientèle.

Aucun de ces problèmes n’est attribuable aux travailleuses et travailleurs, qui sont souvent victimes d’abus et de harcèlement de la part de voyageurs mécontents. En cette période de voyage, nous demandons à tous et à toutes de respecter les travailleuses et travailleurs du secteur de l’aviation, qui s’efforcent de faire le meilleur travail possible dans des circonstances difficiles.

La réglementation gouvernementale en matière de protection des passagers est censée protéger les passagers du chaos en punissant les transporteurs aériens lorsqu’ils ne respectent pas les normes minimales de service.

En réalité, il est peu probable que les transporteurs aériens et les aéroports puissent respecter la réglementation en la matière sans améliorer les conditions de travail et accroître la main-d’œuvre dans le secteur de l’aviation.

Il est nécessaire d’examiner de plus près la façon dont l’industrie traite les travailleuses et travailleurs et valorise toutes les étapes du service, notamment l’enregistrement, la manutention des bagages, le service à la clientèle dans le terminal et au téléphone, les services à bord, le pilotage et le contrôle du trafic.

Bref, nos conditions de travail influencent vos conditions de voyage.

Heureusement, les travailleuses et travailleurs du secteur ont une vision et des solutions à proposer. La charte des droits des travailleuses et travailleurs du secteur du transport aérien d’Unifor défend neuf droits que le gouvernement, les aéroports et les transporteurs aériens doivent garantir afin d’améliorer l’expérience de voyage des passagers et les conditions de travail du personnel.

Elles incluent une rémunération et des horaires équitables, une protection contre la sous traitance, des mécanismes de signalements sûrs et appropriés, des milieux de travail exempts de harcèlement, un environnement de travail sain et sûr, une formation de qualité en milieu de travail, une charge de travail raisonnable et un droit de regard sur les changements technologiques.

Il n’y a pas si longtemps, les emplois dans le secteur du transport aérien étaient bien rémunérés et permettaient de subvenir aux besoins des familles. Les horaires étaient plus réguliers, la charge de travail était raisonnable et la rémunération était équitable. Il est grand temps de revenir à ces conditions et de contribuer à mettre un terme aux perturbations que subissent les voyageurs et le personnel.

À l’approche de cette période des plus achalandées, les voyageurs s’attendent à ce que les aéroports et les transporteurs aériens vantent les systèmes nouveaux et améliorés qu’ils ont mis en place pour atténuer le chaos dans les aéroports. Le gouvernement proposera des amendes, des remboursements et la collecte de données comme solutions aux problèmes dans le secteur canadien du transport aérien.

Mais nous savons que l’amélioration des conditions de voyage s’accompagne de bons emplois et de conditions de travail équitables.