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Les directrices et directeurs régionaux d’Unifor ont pris la parole à l’occasion de la deuxième journée du congrès statutaire 2025 d’Unifor à Vancouver pour présenter leurs rapports et partager les victoires et les luttes des trois dernières années.
Daniel Cloutier, qui a récemment été élu directeur québécois d’Unifor pour un deuxième mandat, a remercié les dirigeantes et dirigeants, les représentantes et représentants et les membres du syndicat de lui avoir confié la tâche de continuer à diriger et à porter la vision d’avenir d’Unifor du Québec à toutes les régions.
« Je m’engage à représenter le Québec avec passion et à travailler en toute solidarité pour la force du syndicat », a-t-il déclaré.
M. Cloutier a souligné la victoire que représente l’adoption de la loi fédérale anti-briseurs de grève, une protection fondamentale que les travailleuses et travailleurs réclamaient depuis des décennies.
« Toutefois, cette avancée historique a été ternie par le recours éhonté de l’article 107 du Code canadien du travail par le gouvernement fédéral à Postes Canada, dans les chemins de fer, dans les ports canadiens et, la semaine dernière encore, à Air Canada », a-t-il souligné.
« Au Québec, l’histoire se répète avec le projet de loi 89, qui confère désormais les mêmes pouvoirs pour mettre fin à un conflit de travail et renvoyer les parties à l’arbitrage, dans tous les secteurs, tant publics que privés. Je vous le dis, la lutte pour le droit de grève n’est pas terminée. »
M. Cloutier a également mis en lumière les difficultés dans le secteur de la foresterie – notamment en ce qui concerne les feux de forêt et le conflit du bois d’œuvre résineux en raison des tarifs douaniers – et a critiqué la suspension par les États-Unis de certains projets de transition énergétique.
« Une telle pause ne peut être que temporaire, car la crise climatique n’attendra pas et parce que le reste de la planète continue d’avancer », a-t-il fait valoir.
« Nous exigerons que les travailleuses et travailleurs des secteurs traditionnels soient soutenus, reconvertis et protégés. Nous ferons pression pour que de nouveaux secteurs – batteries, énergies renouvelables, transports publics – deviennent de véritables sources d’emplois syndiqués. »
Fidèle à ses valeurs de soutien à la paix mondiale, Unifor a décerné au Syndicat des journalistes palestiniens sa plus haute distinction, le prix Nelson Mandela, en reconnaissance du courage manifesté par ces journalistes, face au danger, pour couvrir sans relâche le conflit qui fait rage à Gaza.
« Je voudrais vous parler avec mon cœur », a déclaré Naser Abubaker, le président du Syndicat des journalistes palestiniens, lors de son allocution.
« Ils sont sous le feu des projectiles tous les jours, à chaque minute, chaque jour. Jusqu’à présent, nous avons perdu 246 journalistes sous l’occupation, tués à Gaza. Dans notre Gaza bien-aimée, nous sommes victimes d’un génocide. Tout le peuple palestinien l’est. J’ai de l’espoir parce que nous ne nous sentons pas seuls grâce à votre solidarité... [La guerre] tue la liberté de presse. Elle tue les principes des droits de la personne. »
Les membres d’Unifor se sont joints à M. Abubaker après l’ajournement de la séance, brandissant des pancartes photocopiées sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez de tuer les journalistes ».
Dans son rapport, le directeur de la région de l’Ouest d’Unifor, Gavin McGarrigle, a critiqué BC Transit et le gouvernement de la Colombie-Britannique pour leur inaction face à la grève en cours à Transdev, où les membres sont sur la ligne de piquetage depuis près de 200 jours en raison du recours continu à des sous-traitants privés dans le domaine des transports en commun et des écarts considérables qui en résultent en matière de salaires et d’avantages sociaux.
« Unifor a contribué à obtenir une protection contre le transfert de contrats pour les travailleuses et travailleurs du transport en commun en 2018, et ceux-ci se battent depuis lors, tandis que le gouvernement reste les bras croisés », a-t-il dénoncé.
« Nous avons connu quatre longues grèves en trois ans, qui ont touché des dizaines de milliers de résidentes et de résidents. Il s’agit désormais de la plus longue grève des transports en commun de l’histoire de la Colombie-Britannique, et nous continuons à soutenir l’ensemble des travailleuses et travailleurs des transports en commun dans leur lutte pour obtenir une convention collective équitable. Je vous prie de faire preuve de générosité et de les appuyer. »
Unifor a récemment remporté une grande victoire lorsque la Commission des relations de travail de la Colombie-Britannique s’est rangée du côté du syndicat et a accordé l’accréditation syndicale aux travailleuses et travailleurs de l’usine Amazon à Delta, en Colombie-Britannique, a déclaré M. McGarrigle, un parcours qui a commencé en 2023 avec le recrutement de ces travailleuses et travailleurs d’entrepôt.
« En juillet de cette année, la commission des relations de travail a conclu que l’ingérence d’Amazon dans notre campagne de syndicalisation était telle qu’elle avait complètement compromis le processus », a-t-il déclaré.
« Nous avons intensifié nos efforts dans d’autres installations d’Amazon et nous n’arrêterons pas tant que nous n’aurons pas obtenu la première convention collective dont les travailleuses et travailleurs d’Amazon ont désespérément besoin. Il s’agit d’un effort collectif qui prouve que lorsque nous nous unissons et travaillons dur, il n’y a aucune limite à ce que nous pouvons accomplir en matière de recrutement et qu’aucun employeur n’est intouchable. »
Nous vivons une période de grands changements et de luttes importantes, a déclaré Samia Hashi, la directrice de la région de l’Ontario d’Unifor, alors que le Canada est confronté à un climat d'inquiétude et d'incertitude en lien avec la guerre des tarifs douaniers menée par l’administration Trump.
« Nous avons également la preuve de ce qui se passe lorsque les gouvernements investissent dans les emplois canadiens.
La semaine dernière, nous avons célébré l’annonce tant attendue de la construction de 70 nouvelles rames de métro du TTC par l’usine Alstom de Thunder Bay, grâce à notre travail qui a poussé les trois ordres de gouvernement à agir », a-t-elle déclaré.
« Cet investissement garantit des centaines d’emplois de qualité pour les membres de notre section locale 1075 et montre exactement pourquoi l’approvisionnement de matières et de biens fabriqués au Canada et une stratégie industrielle forte sont importants. Lorsque les États-Unis nous ont tourné le dos, et lorsque les entreprises pensent pouvoir faire de la politicaillerie aux dépens de nos emplois, nous ne reculons pas. »
Mme Hashi a appelé le gouvernement de Doug Ford à remédier à la crise de la main-d’œuvre dans un système de santé public en décrépitude, qui nécessite un financement important.
« Nous le constatons dans les hôpitaux. Dans les établissements de soins de longue durée. Dans les maisons de retraite. Le système est à bout de souffle. Et ce sont ses travailleuses et travailleurs et ses patientes et patients qui en paient le prix », a déclaré Mme Hashi.
Jennifer Murray, la directrice de la région de l’Atlantique d’Unifor, a fièrement présenté les travaux récents sur la violence entre partenaires intimes sur la côte est, notamment le tout premier symposium organisé au Nouveau-Brunswick.
« Nous avons entendu des témoignages. Des témoignages de femmes qui ont été victimes, mais qui sont aujourd’hui des survivantes. Des témoignages d’évasion, de reconstruction, de résilience », a déclaré Mme Murray, soulignant que quelques jours seulement après le symposium, l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick a adopté ce projet de loi (sur la violence entre partenaires intimes) en seulement 10 minutes.
Depuis, le gouvernement du Nouveau-Brunswick a annoncé qu’il allait ajouter 9,2 millions de dollars pour soutenir les refuges d’urgence, les logements de transition et de deuxième étape, les programmes de sensibilisation à la violence entre partenaires intimes et pour garantir des salaires raisonnables au personnel.
« Nous obtenons des victoires pour les femmes en exigeant des gouvernements qu’ils reconnaissent leur rôle dans la lutte contre la violence et en n’acceptant jamais un refus comme réponse. Néanmoins, nos gouvernements peuvent continuer à dire « non », et nous continuerons à faire pression », a déclaré Mme Murray.
Mme Murray a fait le bilan de son premier mandat en tant que directrice de la région de l’Atlantique, pour lequel elle a admis ne pas se sentir prête, mais elle a pris la décision de nager plutôt que de sombrer. Dans le cadre de ses fonctions, elle a pu constater à quel point la solidarité et l’action politique d’Unifor peuvent être moteurs de changement, notamment avec le départ du premier ministre conservateur du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs.
“« La vérité, c’est qu’aucun d’entre nous dans cette salle n’a appris à nager en restant les pieds au rivage », a-t-elle déclaré.
« C’est l’inconfort qui nous fait grandir. Ce sont les épreuves qui nous forcent à prendre action et qui, au final, nous façonnent. Nous grandissons lorsque nous réalisons que même les pas en arrière font partie de la danse. »
Plus tard dans l’après-midi, la présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, a rendu hommage au chef syndical Buzz Hargrove, décédé en juin à l’âge de 81 ans. L’assemblée s’est levée et a observé une minute de silence.
« Buzz Hargrove était une figure emblématique du mouvement syndical canadien, un chef dont la force, la conviction et l’engagement indéfectible en faveur de la justice sociale ont contribué à façonner le syndicat tel que nous le connaissons aujourd’hui », a déclaré Mme Payne.
« Des ateliers de Windsor aux salles de réunion et aux tables de négociation de tout le pays, Buzz a toujours porté la voix des travailleuses et des travailleurs. Il n’a jamais reculé devant un combat et n’a jamais oublié d’où il venait. Son héritage perdure dans chaque convention collective, chaque campagne pour l’équité et chaque militante et militant qu’il a encadré. Buzz était vraiment unique en son genre. »
Les déléguées et délégués ont également entendu les hommages de ceux qui ont côtoyé Buzz dans le mouvement, notamment Jim O’Neil, ancien secrétaire-trésorier national des Travailleurs canadiens de l’automobile (TCA), Jean-Michel Montiel, vice-président du Conseil des travailleuses et travailleurs retraités du Québec, Peter Kennedy, ancien secrétaire-trésorier national des TCA et d’Unifor, et Ken Lewenza, ancien président national des TCA, qui ont partagé leurs souvenirs et leurs réflexions sur son héritage remarquable.
Nous sommes le syndicat le plus progressiste au monde et c’est grâce à l’héritage de Buzz Hargrove. Il nous inspire à aller de l’avant », a rappelé M. Lewenza.