Mise à jour sur les négociations avec DHL: DHL tente de contourner la nouvelle loi fédérale anti briseurs de grève

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Aux membres,

Nous tenons à vous informer d’une tentative éhontée de DHL Express Canada de contourner la nouvelle loi fédérale en matière de travail. L’entreprise a envoyé une lettre au gouvernement fédéral pour demander une dérogation spéciale au projet de loi C 58, la loi anti-briseurs de grève qui entrera en vigueur vendredi.

Soyons clairs : DHL n’est pas la victime dans cette affaire. L’entreprise a mis ses propres travailleuses et travailleurs en lock out, les obligeant à déclencher une grève. Elle a choisi la confrontation. Aujourd’hui, plutôt que de négocier une entente équitable à la table de négociation, DHL accourt vers Ottawa pour demander un traitement spécial afin de contourner une loi visant à protéger les travailleuses et travailleurs et à préserver l’intégrité de la négociation collective. 

Lisez la réponse d’Unifor à la demande de DHL ici.

À compter du 20 juin 2025, la loi anti-briseurs de grève sera enfin une réalité après des années de mobilisation de la part d’Unifor et du mouvement syndical. Elle uniformise les règles du jeu et empêche les employeurs de prolonger les conflits en recourant à des briseurs de grève. Si DHL ne veut pas subir les conséquences d’un lock-out, elle doit y mettre fin et négocier dans un esprit équitable.

Dans sa lettre, DHL présente des chiffres pour faire paraître comme déraisonnables les propositions du syndicat. Mais ces chiffres visent à détourner l’attention des véritables enjeux et à induire en erreur le public et le gouvernement. Bien qu’Unifor ne négocie pas sur la place publique, nos demandes reposent sur l’équité et reflètent la réalité de la hausse des coûts et la nécessité pour l’employeur de conférer dignité et respect au travail, surtout après une année de tergiversations et de demandes de concessions agressives de la part de l’entreprise. Pour les propriétaires-exploitants, toute augmentation proposée est directement liée à la flambée des prix du carburant, à la hausse des coûts d’exploitation des véhicules et à une hausse salariale équitable qui suit le rythme de l’inflation, des réalités que DHL a toujours refusé de reconnaître.

DHL s’est ralliée à la coalition « Moving Economies », un groupe d’employeurs qui s’efforce activement de dépouiller les travailleuses et travailleurs de leur doit à la négociation et d’affaiblir les protections fédérales. Cette dernière demande d’exemption visant à permettre à DHL de recourir à des briseurs de grève ou de demander une intervention abusive du gouvernement dans le processus de négociation s’inscrit dans le cadre d’un vaste effort visant à saboter les outils sur lesquels les travailleuses et travailleurs s’appuient pour mener des négociations équitables et significatives.

Dans l’intervalle, DHL oublie de mentionner un fait important : tout au long des négociations, l’entreprise a demandé d’importantes concessions qui porteraient gravement préjudice aux travailleuses et travailleurs. L’entreprise veut notamment :

•    modifier le système de rémunération des chauffeuses et chauffeurs de manière à réduire leur salaire;
•    obliger les chauffeuses et chauffeurs à parcourir jusqu’à 100 km pour compléter leur itinéraire ou ramasser un chargement, sans aucune compensation;
•    proposer des dispositions qui permettraient à l’entreprise de refuser les demandes d’indemnisation des accidents du travail et de mesures d’adaptation au travail;
•    refuser d’accorder des rajustements salariaux au personnel du service à la clientèle et d’autres catégories d’emploi, dont certains postes offrent à peine plus que le salaire minimum;
•    tenter de faciliter les mises à pied du personnel; 
•    ignorer les pertes d’emplois qui pourraient découler de l’utilisation de l’intelligence artificielle;
•    tenter de réduire le salaire minimum quotidien garanti des chauffeuses et chauffeurs;
•    réorganiser les itinéraires de ramassage dans l’ensemble du pays tout en réduisant la rémunération des propriétaires-exploitants.

La décision de DHL de nous mettre en lock-out a déjà perturbé les activités, et l’entreprise veut faire croire au gouvernement et au public que nous en sommes responsables. Le pouvoir de relancer les activités et d’accompagner les clients repose entièrement entre les mains de DHL. C’est l’entreprise qui a provoqué cette crise.

Soyons clairs : le seul endroit où ce conflit pourra se régler, c’est à la table de négociation.

Unifor restera ferme, et nous attendons du gouvernement fédéral qu’il fasse de même. Aucune exemption, aucune entorse aux règles, seulement un contrat équitable pour les travailleuses et travailleurs qui font rouler DHL chaque jour.

En toute solidarité,

Le comité de négociation des membres à DHL