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Dans le cadre d'un webinaire de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) qui a eu lieu cette semaine, Unifor a expliqué comment les attaques du président américain Donald Trump sur la liberté de presse aux États-Unis ont eu des effets similaires dans le secteur canadien des médias.
Cette discussion captivante qui s'est déroulée le 4 mars dernier était animée par Jon Schleuss du syndicat Communications Workers of America et rassemblait le directeur des médias d'Unifor Randy Kitt, le secrétaire général de la FIJ Anthony Bellanger, la présidente de la Guilde canadienne des médias Annick Forest ainsi qu'Arun Gupta du syndicat National Writers' Union pour traiter des répercussions des actions de Donald Trump sur les journalistes ainsi que les travailleuses et travailleurs du secteur des médias.
« Trump a normalisé ce comportement abusif et provocateur, et les politiciennes et politiciens du Canada, notamment le [chef conservateur Pierre] Poilievre, voient ces tactiques et cherchent à les mettre en pratique ici », a expliqué Randy Kitt.
« Nos journalistes sont victimes de harcèlement. Ils sont agressés, intimidés, dénigrés et attaqués. Ils se voient refuser l'accès aux politiciennes et politiciens ainsi qu'aux institutions. Ces politiques et ces tactiques ont pendant plusieurs années été en grande partie associées aux conservateurs, mais Trump fait aujourd'hui preuve d'une effronterie sans précédent. »
Que ce soit par le biais de ses amis milliardaires qui achètent des organismes de nouvelles pour dicter le discours politique et éliminer la couverture de ses opposantes et opposants, ou encore en interdisant l'accès aux mêlées de presse de la Maison-Blanche à certaines autres organisations de nouvelles réputées, Trump continue de ravager la liberté de presse.
« Les énormes tarifs douaniers imposés par Trump sur les importations provenant du Canada et du Mexique auront aussi des effets sur les nouvelles locales, a déclaré Jon Schleuss du CWA. Le Canada produit 80 % du papier journal utilisé par les journaux américains et le papier journal est habituellement la deuxième dépense la plus importante après les coûts de la main-d’œuvre. »
Randy Kitt a expliqué que malgré certaines mesures de soutien mises en place par les libéraux pour sauver les nouvelles locales, en particulier par le biais de la Loi sur les nouvelles en ligne et de la Loi sur la diffusion en continu en ligne, l'élection de Pierre Poilievre pourrait se traduire par l'élimination de toutes ces mesures de soutien.
En février, lors d'une conférence de presse à Toronto, Pierre Poilievre a refusé de répondre aux questions des journalistes, sauf ceux d'une publication qui avait été choisie à l'avance par son équipe des communications, une tactique qui s'apparente aux façons de faire de Trump.
La semaine dernière, le premier ministre conservateur de la Nouvelle-Écosse Tim Houston a mis en place une politique visant à interdire aux journalistes l'accès aux mêlées de presse dans le couloir après l'Assemblée législative, mais a révoqué cette politique à la suite des protestations de l'Association canadienne des journalistes.
Pendant ce temps, le député conservateur Chris Alexander a accusé le très respecté journaliste David Pugliese du Ottawa Citizen d'être un agent russe, et ce, sans fournir la moindre preuve. David Pugliese a répondu à ces allégations que « ces mensonges mettent en péril la liberté de presse dans notre pays ».
Parmi les autres tendances alarmantes , nous constatons que dans de petites communautés partout au pays où il n'y a qu'une seule ou un seul journaliste responsable de la couverture de plusieurs communautés, bon nombre de conseillères et conseillers locaux, ainsi que plusieurs maires fuient tout simplement les journalistes pour éviter toute couverture négative.
« Si vous cherchez à obtenir de l'information, consultez une source de nouvelles de confiance et soyez prêt à payer pour le faire, parce que l'information est très difficile à obtenir aujourd'hui », a souligné Randy Kitt.
« Les faits, le contenu et le reportage objectif sont des marchandises très coûteuses actuellement. Si vous prenez votre information sur un site Web gratuit appartenant à une personne qui a un siège dans le Bureau ovale actuellement, il y a de fortes chances que vous soyez mal informé. Consultez une source de nouvelle de confiance, payez pour vos nouvelles, c'est ce que je vous conseille. »
Unifor représente plus de 10 000 travailleuses et travailleurs des médias, y compris des journalistes des secteurs de la radiodiffusion et de la presse écrite.
Ressources sur la liberté de presse :
Aux États-Unis, il existe un outil appelé U.S. press freedom tracker et, grâce aux contributions de plusieurs donateurs, notamment Unifor, nous avons ici le Canadian Press Freedom project qui consigne les attaques sur la liberté de presse.
Même si nous devons chercher à éliminer ces attaques et travailler à les prévenir, une grande partie des efforts déployés par Unifor jusqu'ici vise à fournir du soutien à ses journalistes qui éprouvent des problèmes liés à liberté de presse ou qui sont tout simplement victimes d'attaques ou de harcèlement. C'est pourquoi nous avons publié le document Renverser la tendance : Lutter contre le harcèlement à l’égard des travailleuses et travailleurs du secteur des médias .
Unifor a créé le site Web Vous trouverez de l'aide ici, conçu spécialement pour soutenir l'ensemble des travailleuses et travailleurs du secteur des médias. Il s'agit d'un outil où les journalistes ainsi que les travailleuses et travailleurs des médias peuvent discuter entre eux et s'appuyer mutuellement.
David Seglins et Matthew Pearson qui viennent de produire le Taking Care report portant sur les traumatismes que vivent au quotidien les journalistes ainsi que les travailleuses et travailleurs des médias ont poursuivi leurs efforts avec la suite logique de ce projet qui vise à créer un système de soutien par les pairs pour les travailleuses et travailleurs des médias. Unifor est fier d'appuyer ce projet important qui sera lancé cette année en multiples phases pour faire en sorte que les journalistes ainsi que les travailleuses et travailleurs des médias reçoivent le soutien dont ils ont besoin pour traverser les circonstances actuelles difficiles.
Unifor représente également plus de 1 000 pigistes dans les secteurs du cinéma et de la télévision, ainsi que des journalistes pigistes faisant partie du Syndicat canadien des pigistes qui vise à fournir une option aux journalistes pigistes qui ne sont pas syndiqués ou ne peuvent pas en vertu de la loi adhérer à un syndicat traditionnel.
Unifor travaille également à la mise en place d'une campagne sur le journalisme misant sur un message similaire à celui de la campagne Journalism is , mais avec une approche renouvelée pour une plus grande pertinence compte tenu de l'évolution du contexte actuel.