
Alors que beaucoup d’événements de la Fierté sont prévus au Canada cet été et cet automne, l’adoption du projet de loi C‑16, qui accorde enfin des protections aux personnes transgenres, nous donne une bonne raison de faire la fête.
Ce projet de loi qui vient de recevoir la sanction royale enchâsse les droits des personnes transgenres dans la Loi canadienne sur les droits de la personne, en ajoutant l’identité de genre et l’expression sexuelle aux autres motifs de discrimination fondée sur le sexe, la race, la situation familiale, l’âge, les déficiences et les convictions religieuses. Son adoption survient après avoir été retardée pendant des mois au Sénat.
En plus des changements qui étendent les droits de la personne aux personnes transgenres, le projet de loi C‑16 modifie le Code criminel de façon à étendre les protections contre la haine fondée sur l’identité de genre ou l’expression sexuelle. Cela représente une avancée importante qui mérite d’être célébrée parce qu'elle marque une étape importante dans la reconnaissance des droits des personnes transgenres, ce que réclamait depuis longtemps la communauté des militants.
« Quand le pays dit : “Nous surveillons vos arrières et vous êtes inclus dans la loi”, cela a des conséquences très importantes et change le discours, a expliqué Marni Panas à Global News. Le fait de parler de la participation normale des personnes transgenres dans la société montre que le discours change. »
Stephanie Shostak, membre du conseil d’administration de la Trans Equality Society of Alberta, a qualifié l’adoption de ce projet de loi de « moment historique pour l’égalité et les droits de la personne de tous les Canadiens ».
Elle a évidemment raison.
Le fait que le Sénat ait adopté ce projet de loi au milieu des célébrations de la Fierté qui se déroulent d’un bout à l’autre du Canada et, qui plus est, quelques jours avant la fête du Canada, est symbolique de ce que la Fierté représente pour moi.
Cette année, ce sera la quatrième année consécutive que je participerai aux défilés de la Fierté en tant que président national d’Unifor. Pour moi, ces événements sont à la fois une célébration et un événement politique. Les deux sont inséparables, à mon avis, et l’adoption du projet de loi C‑16 illustre bien pourquoi.
Alors que nous fêtons l’adoption de ce projet de loi et que nous soulignons à quel point le Canada est une société ouverte et évolutive (bien qu’il reste encore beaucoup de travail à faire sur de nombreux fronts), l'atteinte de cet objectif a été extrêmement politique.
Il aura fallu des années et des années de lobbying pour faire adopter ce projet de loi et faire accepter ses principes par la majorité des Canadiens. Il aura fallu que des organisations de base mènent des activités de militantisme sur le terrain, que des militants pour l’équité mènent un long et difficile combat pour changer les choses. Il aura fallu que des personnes courageuses acceptent de raconter publiquement leurs témoignages, quel que soit le prix qu'elles devraient payer personnellement.
Nous devons reconnaître que d'arriver jusqu'ici a été une lutte longue et difficile pour la communauté des transgenres. Beaucoup d’entre eux ont pris de grands risques en exprimant leur opinion, en prenant position et en réclamant l’égalité des droits avec les autres Canadiens.
Les femmes transsexuelles sont plus nombreuses à être victimes de violence physique, sexuelle et mortelle. Les militantes qui ont dévoilé leur nom et leur visage en luttant pour cette cause ont couru d’énormes risques.
Je pense par exemple à Sophie Labelle, une militante de Montréal qui a subi une violente cyberattaque accompagnée de menaces de mort et de propos haineux en raison de son travail. Elle a été obligée de se cacher après que ses attaquants ont publié ses renseignements personnels, y compris l'adresse de son domicile.
Malheureusement, elle n’a pas été la seule à faire face à de telles attaques personnelles pour avoir défendu des principes et l'égalité. Et elle ne sera pas la dernière.
Il faut énormément de courage pour se démarquer de la foule et prendre la défense des droits et des besoins de sa communauté ou pour être un allié ayant le privilège d'aider d'autres communautés à se faire accepter au sein de la société. Les membres du mouvement syndical comprennent certainement cet élan qui pousse à aider les autres, car c’est cet élan qui est à l’origine des luttes qui font partie intégrante de l’œuvre des syndicats et des autres organisations de travailleurs.
C’est pourquoi, pendant que je marcherai en Fierté cette année, je le ferai à la fois pour célébrer les progrès que nous avons accomplis pour rendre notre société plus ouverte et plus inclusive, notamment par l'adoption du projet de loi C‑16, et en reconnaissance de l'énorme travail politique et des grands sacrifices qu'il aura fallu faire pour arriver jusqu’ici.
Joyeuse Fierté, Canada!