
Qu’il s’agisse du gouvernement fédéral, des groupes communautaires et des bénévoles, nous pouvons être fiers à juste titre du travail accompli au Canada pour aider les réfugiés syriens à immigrer ici.
Les portes se sont ouvertes à la fin de l’année 2015 pour laisser des milliers de réfugiés commencer une nouvelle vie alors qu’ils fuyaient la guerre qui détruisait, et continue de le faire, la Syrie.
Depuis 2011, la guerre a tué plus de 340 000 personnes, dont plus de 100 000 civils. Plusieurs autres ont perdu leur maison, ont été forcés de fuir dans des camps de pays voisins ou tenter de se rendre en Europe.
Après l’attention accrue que la crise a suscitée pendant les élections fédérales de 2015 à la suite du décès de Alan Kurdi, âgé de trois ans, le Canada a élu un gouvernement qui s’est engagé à aider les citoyens de la Syrie à fuir la guerre.
Deux ans plus tard, lorsque notre premier ministre a enfilé une parka sur une jeune fille syrienne à la sortie d’un des premiers avions de réfugiés, ce fut un moment de grande fierté pour plusieurs personnes au Canada.
Mon propre syndicat, Unifor, s’est engagé à aider des familles fuyant la guerre en Syrie pour s’établir ici, et des douzaines de membres se sont portés volontaires aussi en offrant leur temps et des ressources nécessaires pour que les familles syriennes s’établissent ici. Une grande part de ce travail continue à ce jour, loin des manchettes lorsque ces efforts ont commencé.
Il est important que chacun d'entre nous travaille à créer un monde meilleur pour tous, ce qui implique d’ouvrir nos portes pour aider d’autres personnes à bénéficier de ce dont nous avons au Canada. Pour les syndicats, une telle solidarité internationale aide tous les travailleurs et travailleuses à se bâtir une meilleure vie.
Il arrive trop souvent que les personnes frappées par la guerre – ou un désastre naturel ou une crise économique – sont des travailleuses et travailleurs. Pour cette raison, les travailleuses et travailleurs doivent s’unir au-delà des frontières, plutôt que se dresser les uns contre les autres. Les efforts sincères des travailleuses et travailleurs au Canada pour aider les réfugiés syriens répondent à ce besoin.
Ce fut facile de se sentir bien à propos du travail que plusieurs ont accompli pour fournir un havre sécuritaire à ces familles. En fait, il est facile de regarder du côté de nos voisins au sud de la frontière et de nous taper dans le dos pour le bon travail accompli ici, mais le vrai défi est de constater tout ce que nous pourrions faire encore.
Même avant que Donald Trump ne devienne président des États-Unis il y a un peu plus d’un an, les États-Unis en faisaient moins que le Canada pour aider les réfugiés syriens, et encore moins que plusieurs autres pays dans le monde, notamment en Europe.
De même, sous Trump, la réponse générale des Américains à la crise qui perdure et aux réels besoins des victimes de la guerre dans le monde arabe a même empiré.
Alors que le Canada a ouvert ses portes aux réfugiés syriens, quoique selon un processus de sélection strict, les États-Unis sous Trump ont fermé la porte à double tour. Le Canada a choisi de croire qu’il y a de bonnes personnes en Syrie qui ont juste besoin d’avoir la chance de rebâtir leur vie, tandis que les États-Unis ont choisi de succomber à leur pire crainte et à réanimer des stéréotypes racistes.
Après trois tentatives de faire adopter une interdiction d’entrée aux musulmans, l’administration de Trump a finalement obtenu une version du projet de loi par la Cour suprême à la fin de l’année afin de refuser l’entrée aux États-Unis à pratiquement toutes les personnes arrivant de sept pays, dont six sont à prédominance musulmane : l’Iran, la Libye, la Syrie, le Yémen, la Somalie, le Tchad et la Corée du Nord. Certains groupes du Venezuela seront aussi interdits d’entrée.
En plus de tout ça, Trump a refusé de façon spécifique d’admettre des réfugiés syriens aux États-Unis. C’est une décision insensible devant une tragédie humanitaire historique.
En plus des personnes tuées dans ce conflit, trois millions d’enfants ne vont plus à l’école, ce qui n’est pas surprenant compte tenu du fait qu’on estime que la moitié de tous les Syriens ont été déplacés à cause de la guerre, dont plus de cinq millions sont devenus des réfugiés.
Devant l’horreur que vivent les gens de la Syrie, il n’est pas surprenant que les Canadiennes et Canadiens aient ouvert leur cœur, leurs maisons et leur portefeuille pour offrir un peu de secours. Devant la réponse sans cœur de nos voisins américains, il est facile aussi pour les Canadiennes et Canadiens de se sentir suffisants à propos de l’aide qu’ils ont offerte.
Toutefois, nous ne devons pas tomber dans ce piège.
Le fait est que la vie est difficile pour plusieurs Syriens qui tentent de s’établir au Canada.
Malgré des témoignages de familles syriennes qui reconstruisent leur entreprise de fabrication de chocolats ou qui démarrent un journal, plusieurs ont rencontré des difficultés à reprendre pied devant le racisme et les différences culturelles, leurs efforts pour apprendre une nouvelle langue, trouver un emploi et un endroit abordable où vivre.
Il faut s’assurer, pour le bien de tous, que quiconque arrive au Canada, comme réfugié ou sous un autre statut, puisse bâtir une meilleure vie pour leur famille lorsqu’ils arrivent ici.
Nous avons fait un travail remarquable au Canada en accueillant des réfugiés syriens au pays, mais notre solidarité internationale doit être plus forte que de simplement répondre à une crise urgente.
Le travail n’est pas terminé encore, mais je sais que nous sommes tous attelés à la tâche.