Le contenu canadien est encore pertinent à l’ère numérique

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Message du président et photo de Jerry Dias
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Ce texte a été publié dans le Huffington Post le mercredi 27 avril 2016

La révolution numérique nous a apporté des choses extraordinaires.

Les Canadiennes et Canadiens peuvent se brancher sur des événements internationaux à partir de leur maison ou leur bureau, ou tout simplement de partout grâce aux appareils mobiles. Et, nous l’espérons, le monde peut aussi faire la même chose à propos du Grand Nord, le Canada.

Or, il semblerait que le défi est de veiller à ce qu’il y ait du contenu canadien pour que le monde puisse le trouver et l'apprécier.

Un examen des règles relatives au contenu canadien annoncé la semaine dernière est une bonne nouvelle, pourvu qu’il soit bien mené.

La ministre du Patrimoine, Mélanie Joly, a dit que « tout est sur la table » pour cet examen qui débute par un questionnaire en ligne suivi de discussions publiques l’automne prochain.

Aucun examen de l’industrie n’a été mené de la sorte avec autant de minutie depuis que le gouvernement Mulroney a révisé la Loi sur la radiodiffusion il y a 25 ans, bien avant que quiconque ait entendu parler des flux numériques ou des services en ligne comme Netflix.

La ministre Joly doit être félicitée de vouloir examiner les lois entourant la radiodiffusion canadienne, adoptées dans une ère plus simple que l'âge numérique. Bien que les règles actuelles soient désuètes, ce ne sera pas une mince tâche de les mettre à jour. Après tout, comme personne n’aurait pu imaginer Netflix ou YouTube il y a 25 ans, personne aujourd'hui ne peut imaginer encore les prochaines innovations, encore moins comment rédiger des lois qui restent pertinentes.

L’objectif de cette évaluation doit être d’encourager le développement de contenu d’ici qui raconte non seulement les histoires canadiennes pour capter l’attention du public canadien, mais qui incite aussi le reste du monde à vouloir nous connaître. La tâche n’est pas facile, mais elle peut certainement être faite.

Au Danemark, le radiodiffuseur national a décidé il y a plusieurs années de mettre en marché de façon agressive des émissions de télévision danoises qui allaient non seulement améliorer la qualité de l'offre télévisuelle au pays, mais qui allaient aussi servir d'importantes exportations culturelles du pays. Grâce à des émissions comme The Killing et Borgen, le Danemark s’est nettement démarqué sur le plan de la concurrence culturelle.

La ministre Joly aimerait certainement voir la même chose arriver au Canada, mais ce ne sera pas facile. Le soutien du gouvernement pour du contenu canadien et des médias canadiens doit être encadré par une politique qui conserve les meilleurs éléments du système actuel. Ce qui implique de maintenir un financement public du contenu canadien à la CBC/RC et les crédits d'impôt pour la production cinématographique au Canada, tout en assurant le financement privé du Fonds des médias du Canada et de la programmation locale.

Trouver des façons d'équilibrer la réalité de l'ère numérique avec le soutien à la programmation locales est un exercice capital si le Canada souhaite continuer d’encourager la démocratie locale dans les communautés. Le CRTC doit accorder une priorité urgente à cet équilibre à trouver, ainsi qu'à l'examen de la Loi sur la radiodiffusion.

Sous le précédent gouvernement Harper, le CRTC a apporté des changements au système de règlementation qui ont retiré de l’argent des nouvelles et de la programmation locales, y compris de la télévision multiculturelle.  Les nouvelles locales permettent aux Canadiennes et Canadiens d’être informés à propos de leurs communautés et des enjeux qui les concernent. Il faut les encourager.

Certaines personnes accueillent l’annonce de la ministre Joly au sujet de cet examen comme une occasion de supprimer toute règle relative au contenu canadien, de même que les restrictions à la propriété étrangère. De telles impulsions sont non seulement aberrantes, mais aussi dangereuses.

Les règles relatives au contenu canadien ont été établies en réaction à l'inondation de contenu médiatique provenant des États-Unis où de bien plus grands radiodiffuseurs et entreprises du secteur musical, et beaucoup mieux financés, ont écarté le contenu et les artistes canadiens.

L’explosion numérique n’a pas diminué l’influence écrasante de la culture américaine au Canada ni l’importance des artistes canadiens pour exprimer la réalité canadienne.  En fait, elle a renforcé l’urgence de les protéger, même si les solutions ne sont pas évidentes.

Nous devons aussi garder en tête que les accords commerciaux comme le Partenariat transpacifique, que le Canada a signé mais n’a pas encore ratifié, imposeraient de sévères restrictions sur le pouvoir du Canada à règlementer autrement une industrie, y compris celle des médias, après la mise en place de toute dérèglementation.

Pour la radiodiffusion, cela signifie que lorsque les règles relatives au contenu canadien seront assouplies, les accords commerciaux comme le PTP empêcheraient les décideurs politiques de faire marche arrière. Voilà pourquoi nous devons tous nous impliquer dans ce débat. Cette discussion est capitale pour l'avenir des médias au Canada.

Devant la rapidité des progrès technologiques, il serait certainement trop long d’attendre 25 ans pour faire une prochaine mise à jour. Et lorsque cette prochaine mise à jour aura lieu, nous devons nous assurer que nos mains ne sont pas liées par des accords commerciaux comme le PTP.