
Je n’ai qu’un message pour les conservateurs qui tentent de se distancer d’Ezra Levant, l’un des pires idiots du Canada, et de The Rebel, son site Web raciste et sexiste : vous avez beau faire, mais vous ne pourrez pas vous défiler.
À force de jouer avec le feu en alimentant la peur et la colère en période d’incertitude économique, vous avez fini par vous brûler. Vous avez créé un monstre avec vos politiques d’inégalité.
Pardonnez-moi mon effronterie, mais cela vous va bien.
Levant a construit son empire médiatique sur les décombres du réseau Sun TV, après des décennies à l’extrême droite du mouvement politique conservateur. Il a fait ses débuts au Parti réformiste, le parti dissident de droite qui, après s’être transformé en Alliance canadienne, a fini par prendre le contrôle du Parti conservateur, avec Stephen Harper à sa tête.
Malgré son étiquette de « rebelle » et son prétendu titre de marginal, cet homme est au cœur de la politique conservatrice canadienne depuis 25 ans. Au début de la vingtaine, Levant et Laureen Teskey, la future épouse de Stephen Harper, organisaient des réceptions pour des partisans conservateurs à Calgary.
« C’était une sorte de club sélect des cercles de militants conservateurs à Calgary », indique Tom Flanagan, l’organisateur réformiste qui a pris le jeune Levant sous son aile et l’a placé au centre des efforts pour contrer les politiques progressistes au Canada.
Ne vous y trompez pas : Levant n’est pas une aberration du Parti conservateur moderne, il en est le produit. Et maintenant, il révèle ce que le Parti conservateur et ses courtisans sont réellement : des populistes cyniques de droite qui exploitent les craintes de la population pour proposer des politiques qui ne sont avantageuses que pour les riches, les Blancs et les entreprises qu’ils dirigent.
Or, depuis quelques semaines, des conservateurs de premier plan s’empressent de se dissocier de Levant et de ses médias haineux. Brian Lilley a quitté The Rebel, qu’il avait cofondé, car il estimait que la couverture de la manifestation de suprémacistes blancs à Charlottesville, en Virginie, était allée trop loin en assimilant la gauche aux nazis qui manifestaient ouvertement. « Je crois que nous sommes tous d’accord pour dire que les nazis sont méprisables », a-t-il précisé.
Cela va sans dire!
Deux chroniqueurs conservateurs du National Post, Barbara Kay et John Robson, ont également essayé de se distancer de Levant et de ses idées archaïques.
Bonne chance!
Depuis, Levant panique : il a congédié l’une de ses commentatrices, Faith Goldy. Or, le vrai problème du site The Rebel, c’est lui et les politiques qu’il prône depuis 30 ans. Levant reconnaît maintenant qu’il est un « leader imparfait » (quel euphémisme!) et promet de faire son possible pour être moins offensant à l’avenir. On dirait que même Levant tente de se cacher de lui-même, mais nous savons tous qui il est.
Les bonnes intentions de Levant arrivent trop tard, car il semble que son fournisseur Internet l’ait laissé tomber.
Pour les conservateurs qui se précipitent vers la sortie, le problème, ce n’est pas que Levant est allé trop loin. Le problème, c’est qu’ils l’ont encouragé pendant toutes ces années. Pour Levant, le problème, ce n’est pas que Goldy n’ait pas su tenir sa langue. C’est qu’il l’a embauchée en premier lui et lui a donné une tribune pour exprimer son racisme.
La tache que Levant et The Rebel ont laissée sur le mouvement conservateur ne disparaîtra pas de sitôt. Voilà ce qui arrive quand on pratique la politique dangereuse de la division, comme le font les conservateurs au Canada depuis 20 ans et les fascistes et les suprémacistes blancs qui ont manifesté au nom de Donald Trump et à l’insistance de Breitbart News.
Nous n’avons pas besoin d’un Breitbart au Canada et encore moins d’une imitation grossière comme The Rebel.
The Rebel a tenté d’attirer le Parti conservateur dans la marge et de forcer tout le Canada à adopter sa politique de haine et de méfiance.
Les Canadiens ont rejeté ce message lors des élections de 2015. Il aura fallu deux années entières pour que quelques conservateurs comprennent en partie. Comme ils sont encore dirigés par un chef rétrograde, Andrew Scheer, rien n’a vraiment changé.
Le reste du Canada a toute une longueur d’avance sur eux. Nous savons déjà que la division et la haine ne permettent pas de bâtir un meilleur pays, contrairement à l’amour et au respect.
Prenez simplement les manifestations massives du week-end dernier à Québec et à Vancouver, où les contre-manifestants progressistes étaient plus nombreux que les racistes qui cherchaient à créer un mouvement « White Power » au pays.
Ils n’y sont pas parvenus. Et ils n’y parviendront pas, car les membres du mouvement syndical et d’autres groupes progressistes accompliront le travail acharné nécessaire pour faire du Canada une société plus équitable pour tout le monde.
Depuis longtemps, nous savons à quel point les Ezra Levant de ce monde sont dangereux.
Néanmoins, le fait que quelques conservateurs réalisent qu’il est nocif pour leur propre parti ne les excuse pas d’avoir exploité les mêmes craintes et préjugés que lui pendant des années.