
Un jeune père d’une petite fille. Un père de quatre enfants décédé loin de chez lui. Un père de deux enfants consacrant une grande partie de son temps à travailler avec sa section locale pour bâtir une communauté plus forte pour sa famille.
Ce ne sont que quelques-uns des centaines de travailleurs et travailleuses qui ont été tués au travail au cours de la dernière année. Ils étaient tous membres d’Unifor, mais la tragédie de ces travailleurs qui ne sont jamais rentrés à la maison après une journée de travail a touché quelque 17 familles par semaine dans l’ensemble du Canada en 2016.
Samedi prochain, nous rendrons hommage aux travailleuses et travailleurs qui ont été tués ou blessés au travail lors du Jour de deuil national. Cette journée est reconnue par le mouvement syndical canadien depuis 34 ans. Elle marque la journée où la Loi sur les accidents du travail a été adoptée en Ontario.
Les statistiques sont tout simplement saisissantes. En 2016, la dernière année pour laquelle des données sont disponibles, 905 travailleuses et travailleurs du Canada ont été tués au travail.
Bien que ces chiffres soient des plus troublants, il faut savoir que 6 travailleuses et travailleurs ayant entre 15 et 19 ans ont été tués au travail en 2016, et que 20 autres avaient entre 20 et 24 ans.
Adam Bowden de Bradford, en Ontario, avait 24 ans lorsqu’il a été tué alors qu’il était en route vers un chantier de Toromont le 30 janvier 2018. Membre de la section locale 112, il laisse derrière lui une petite fille.
Éric Labelle était loin de sa résidence au Québec lorsqu’il a été électrocuté près de Peterborough le 4 juillet 2017. Membre de la section locale 8284 d’Unifor, il était en affectation dans la région pour Expertech. Ce résident de Saint-Léonard laisse derrière lui quatre enfants.
James G. MacLeod de Kamloops est décédé le 29 juin 2017 à l’usine de pâte de Domtar, un peu plus d’un mois avant son 30e anniversaire. Ce membre actif de la section locale 10-B d’Unifor laisse derrière lui sa femme et ses deux filles.
Ces incidents sont un rappel brutal de l’importance pour les gouvernements, les employeurs, les syndicats et les travailleurs de tout mettre en œuvre pour rendre nos milieux de travail aussi sécuritaires que possible. Pour ce faire, nous devons nous assurer non seulement que des lois sévères sur la santé et la sécurité sont en place, mais aussi que les employeurs sont tenus responsables des blessures et des décès qui surviennent dans les milieux de travail.
Il convient de rappeler que les maladies et les décès au travail peuvent se produire lentement au fil des ans, et même des décennies, et que la douleur de ces pertes est aggravée par le combat pour obtenir une indemnisation.
Par exemple, à Peterborough, après des années de lutte, les indemnisations arrivent au compte-gouttes pour certains des travailleurs et travailleuses qui ont souffert de maladies liées aux produits chimiques utilisés à l’usine de General Electric où ils travaillaient.
Cependant, ils sont encore trop nombreux à attendre, comme la famille d’Ed Condon qui travaillait pour General Electric. Il est décédé d’une tumeur inopérable au cerveau en 2012 et sa famille s’est pourtant vu refuser deux fois une indemnisation.
« Les gens ne devraient pas mourir les uns après les autres pendant qu’ils attendent que la bonne solution soit adoptée, a déclaré Cindy Crossley, la fille d’Ed Condon. Que vous soyez pompier, grand scientifique ou travailleur d’usine, votre vie compte. »
Et elle a assurément raison. Alors que le gouvernement de l’Ontario s’efforce d’indemniser les travailleuses et travailleurs touchés et leur famille, la douleur ressentie par Cindy Crossley et les autres montre que cette indemnisation n'arrive tout simplement pas assez vite.
En plus des travailleuses et travailleurs tués au travail, 241 508 demandes d’indemnisation ont été déposées pour des blessures entraînant une perte de temps de travail en 2016, dont 29 588 provenant de travailleuses et travailleurs âgés de 15 à 24 ans.
Bien que ces chiffres soient élevés, il faut se rappeler qu'ils ne représentent que les blessures qui ont été signalées. De nombreux autres travailleurs subissent des blessures légères sans jamais les déclarer, lesquelles peuvent s’aggraver avec le temps.
Les travailleuses et travailleurs de l’hôtellerie en sont un bon exemple : les tarifs des chambres constituent un problème important pour le personnel d’entretien.
Bon nombre de chambres d’hôtel aujourd’hui offrent des commodités intéressantes qui rendent nos séjours encore plus agréables, comme des couettes épaisses, un grand nombre d’oreillers et des matelas coussinés.
Toutefois, l’ajout de ces commodités se traduit par des tâches supplémentaires et des charges encore plus lourdes à lever pour le personnel d’entretien. En plus de la rapidité d’exécution du travail, il n’est pas étonnant que les membres du personnel d’entretien citent constamment le nombre de chambres à nettoyer pendant un quart de travail comme principale préoccupation à la table de négociation.