
Il est plus que temps que la sénatrice Lynn Beyak fasse quelque chose qu’elle a refusé de faire à ce jour.
Elle doit montrer aux citoyens du Canada et aux résidents de sa propre communauté du nord-ouest de l’Ontario en particulier, le respect qui leur est dû et démissionner.
Cela fait un mois que la sénatrice Beyak a fait ses commentaires scandaleux à la Chambre du Sénat au sujet des « bonnes intentions » du système des pensionnats.
« Personne n’a eu l’intention de faire souffrir quiconque, les petits sourires émanant de la Commission de vérité et de réconciliation sont réels, les vêtements étaient propres et les repas étaient bons », a-t-elle dit, avec une ignorance et un manque évident de sensibilité qui ont stupéfié le pays.
Comme si ce n’était pas assez, elle a continué.
« Plusieurs résidents des pensionnats ont reçu une bonne éducation et de bonnes connaissances linguistiques, et bien sûr il y a eu des atrocités aussi. »
Oui, il y a eu des atrocités aussi. Elle l’a dit.
Le sénateur Murray Sinclair, responsable de la Commission de vérité et de réconciliation et du rapport à propos duquel la sénatrice Beyak a fait ses commentaires, a reconnu que quelques élèves avaient vécu une expérience positive dans les pensionnats, mais ce n’est rien à comparer aux abus physiques, mentaux et sexuels qui étaient répandus dans les pensionnats, ou le fait que 6 000 enfants sont morts de malnutrition ou de maladie, et au génocide culturel qui figurait au cœur du tout le système.
Le sénateur Sinclair a consigné les aspects positifs dans son rapport, faisant preuve de son sens habituel de la responsabilité, mais il a clairement conclu que ces pensionnats, ainsi que les politiques qui les ont établis et le racisme qui leur a permis d'être maintenus aussi longtemps sont une cicatrice sur le Canada qui aura des effets durables pour de nombreuses générations encore.
Pour quiconque a fait un peu de recherche sur la question, cette réalité est évidente. Mais pas pour la sénatrice Beyak. Pour elle, les vérités évidentes doivent être rejetées.
Lorsqu’on lui a poliment suggéré de s’informer davantage sur l’impact des pensionnats, elle a dit qu’elle était impliquée dans ses questions depuis sa rencontre avec un « collègue autochtone » et sa femme quand elle avait 15 ans, alors « je n’ai pas besoin d’être plus éduquée ». Cette réponse choquante et méprisante révèle ses idées racistes, comme si une personne devient experte ou que son ignorance est acceptable parce qu’elle connaît ou a rencontré un Autochtone.
La stupéfaction a grimpé d’un cran après l’ignorance évidente de la sénatrice Beyak lorsque le sénateur conservateur Don Plett, le whip du parti à la Chambre du Sénat, a refusé de retirer la sénatrice Beyak du comité permanent du sénat sur les peuples autochtones. Il a démontré qu’il était autant incapable qu’elle à comprendre les dommages causés par les pensionnats en disant : « La vie continue. Le soleil va se lever demain et se coucher encore demain soir, et nous continuons. »
Des atrocités? Revenez-en. Des abus? Regardez le soleil se lever. Six mille enfants morts? La vie continue.
Ce niveau d’ignorance, en particulier affiché par des représentants du Parlement, peut être plus dangereux et difficile à combattre que tout autre problème que nous puissions rencontrer avec la sénatrice Beyak et ses commentaires insidieux. Comme la sénatrice Lillian Dyck, présidente du comité des affaires autochtones, l’a dit, l’ignorance mène à la peur et la peur mène au racisme. Dans le contexte actuel, nous devons collectivement, de concert avec les politiciens, en faire plus pour éradiquer le racisme, plutôt que de lui permettre de se répandre.
Alors qu’elle a eu une occasion en or récemment de réparer un peu les dommages qu'elle a causés, la sénatrice Beyak a encore une fois échoué à faire preuve du type de leadership attendu de nos sénateurs. Elle s’est assise et a écouté deux aînés autochtones rassemblant leur courage raconter au comité leur expérience dans les pensionnats, en rappelant des histoires horribles tout en pleurant. Il faut un courage incroyable pour montrer une telle vulnérabilité en public, et ils l’ont fait.
Et quelle fut la réponse de la sénatrice Beyak à cette scène si touchante? Elle leur a demandé ce qu’ils pensaient de mener d’autres audits pour les communautés des Premières nations. Stupéfait, un des aînés a peiné à trouver une réponse, en faisant preuve de plus de respect à l’égard de la sénatrice Beyak qu’elle en a eu pour eux.
Soyons clairs. Je ne parle pas de rectitude politique, même si évidemment nous sommes tous sensibles au langage utilisé et à son impact sur les autres et les communautés autour de nous.
Je parle ici de l’aptitude au service de la sénatrice Beyak. À cet égard, elle échoue lamentablement.
La sénatrice Beyak nous a montré qu’en dépit de la Commission de vérité et de réconciliation, en dépit des excuses de la Chambre des communes par Stephen Harper lorsqu’il était premier ministre, et en dépit du nouveau gouvernement qui exprime son engagement à l'endroit des idéaux de cette commission - bien que peu a été fait depuis -, les attitudes qui ont permis aux pensionnats d'être établis et de perdurer pendant si longtemps sont encore vivantes parmi nous.
Une partie de moi a envie de remercier la sénatrice Beyak pour ce rappel et pour avoir démontré de façon aussi claire qu’il reste encore beaucoup de travail à faire pour exposer la vérité et veiller à la réconciliation. Mais la sénatrice Beyak n’a pas besoin de rester au sénat pour que je le fasse.