Un réveil brutal sur la situation dans les CHSLD au Québec

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Dans la province la plus touchée par la COVID-19 au Canada, ce sont plus particulièrement les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) qui ont été touchés de plein fouet. Des histoires horrifiantes ont déferlé au cours des dernières semaines nous décrivant des aînés laissés à eux-mêmes, sans personnel pour en prendre soin, assoiffés, non-nourris, souillés dans leur couche, apeurés... des scènes affreuses. Alors que les travailleuses et travailleurs étaient tombés malades ou avaient abandonné, de peur d’attraper le virus puisqu’ils n’avaient aucun équipement de sécurité pour les protéger, des résidences ont connu des problèmes extrêmes. « Des médecins, infirmières et préposés qui ont été témoins de certaines de ces réalités ont même avancé l’idée d’un « génocide des aînés », c’est révoltant ! », explique le confrère Renaud Gagné.

Ce cauchemar aura cependant eu l’heur de révéler à la face du monde, combien les travailleuses et travailleurs de ces résidences n’ont jamais été considérés à leur juste valeur. Ce personnel souvent composé de personnes immigrantes est depuis trop longtemps sous-payé et ne bénéficient pas de bonnes conditions de travail, et ce, tant dans les résidences du réseau public qu’au privé. Il faut aussi prendre en compte l’interdiction de visite pour les proches aidants qui passaient des heures à offrir des soins aux membres de leur famille. « Ajouter au manque de personnel, nous nous sommes retrouvés avec la tempête parfaite qui a mené aux situations révoltantes que nous avons connues », de dire le confrère Gagné.

« Bien que nous ayons souvent réclamé de meilleures conditions de travail, force est de constater que la majorité de la population préférait se fermer les yeux et ne pas voir la réalité des choses. C’est un réveil douloureux pour l’ensemble de la population québécoise. Mais un réveil nécessaire », indique Renaud Gagné.

En collaboration avec la FTQ et d’autres syndicats affiliés qui représentent des membres dans les CHSLD, Unifor a demandé l’instauration d’un décret dans le secteur privé afin de fixer des salaires minimums décents. Au public, des négociations ont cours afin d’augmenter les salaires des préposées aux bénéficiaires. « Entretemps, ces travailleuses et travailleurs reçoivent une prime de 4 %/heure dans le privé, ce qui est un début mais demeure insuffisant ».

Le gouvernement Legault s’est engagé à opérer une réforme majeure de ce secteur de la santé parlant même de nationalisation des résidences privées ! Tout un revirement de situation. Même si nous doutons qu’il aille jusque-là, il semble ne faire aucun doute qu’un encadrement beaucoup plus sévère sera mis en place. Voilà une bonne nouvelle.

Malgré le fait que des résidences sont toujours affectées par la COVID-19, la situation semble maintenant maîtrisée grâce à des milliers de travailleuses et travailleurs qui se sont portés volontaires pour travailler dans les CHSLD et combler les absences.

Pour Renaud Gagné, « il est cependant malheureux qu’il ait fallu toutes ces morts, pour que la population et le gouvernement réalisent enfin l’importance d’assurer des conditions de travail décentes aux travailleuses et travailleurs des CHSLD ».

Encadrés

Situation au Québec en date du 5 mai 2020

CAS

33 417

DÉCÈS

2 398

HOSPITALISATIONS

1 821

La COVID-19 frappe particulièrement la grande région de Montréal où la forte majorité des cas sont survenus avec 81 % des cas et 87 % des décès.

Cas par tranche d’âge

29 ans et moins

13 %

30 à 49 ans

28 %

50 à 69 ans

25 %

70 ans et plus

33 %

Même si les pourcentages des gens infectés sont répartis de manière plus générale selon l’âge, on constate que les décès frappent durement les personnes de plus de 70 ans (91 % des cas).

Décès par tranche d’âge

30 ans et moins

0 %

30 à 49 ans

1 %

50 à 69 ans

8 %

70 à 79 ans

18 %

80 à 89 ans

40 %

90 ans et plus

33 %