Les infirmières s'impatientent devant l’inaction du gouvernement provincial sur la question de leur rémunération supplémentaire

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Près de 4 000 infirmières à travers la Nouvelle-Écosse disent qu'elles en ont assez d'attendre que le gouvernement et leurs employeurs leur versent une augmentation de salaire qui leur est due.

Cinq syndicats représentant des infirmières auxiliaires autorisées (IAA) réclament une action immédiate et une compensation pour toutes les IAA, quel que soit leur lieu de travail, suite à une sentence du 15 juin d'accorder une augmentation de 12 % aux IAA, représentées par le Syndicat des employés du gouvernement et des employés généraux de Nouvelle-Écosse (NSGEU), de l'ancienne régie de la santé de la région de la capitale. L'augmentation est rétroactive au 17 mars 2014.

La sentence ne s'applique pas aux IAA représentées par un autre syndicat, à savoir le NSNU, le SCFP, l’UIES et Unifor, ni aux IAA représentées par le NSGEU travaillant auprès d'autres employeurs que l'ancienne régie de la santé de la région de la capitale (CDHA).

La sentence par consentement est l'aboutissement d’une procédure d'examen et d'un grief ultérieur initié par le NSGEU sur la base du champ d'application élargi des IAA employées par l'ancienne CDHA.

« Je suis une IAA depuis 21 ans et je peux vous dire que notre rôle a changé radicalement, a déclaré Nan McFadgen, présidente du SCFP-Nouvelle-Écosse. Au début, nous étions des aides-infirmières. Aujourd’hui, nous travaillons partout, de la salle d’urgence à la salle d’opération et aux cliniques de la COVID. Nous sommes responsables de résidents en soins de longue durée… la liste est interminable. »

Le NSGEU a fait valoir que les IAA accomplissaient des tâches supérieures à leur échelon de rémunération et qu’elles méritent d’être reclassées. D’autres syndicats de la santé ont avancé le même argument, mais contrairement au NSGEU, ils ne disposaient pas d’un mécanisme ou d’un article de convention collective pour réclamer un reclassement par voie de grief.

Jason MacLean, président du NSGEU, affirme que toutes les IAA, et pas seulement celles qui sont concernées par la sentence de consentement, attendent depuis longtemps qu’on reconnaisse leur apport au système de santé. Il serait inacceptable de repousser ce rééquilibrage à plus tard.

« Il nous a fallu six ans et un arbitre pour régler cette affaire, souligne M. MacLean. Ce serait insensible que de demander à des milliers d'infirmières d'attendre potentiellement encore de nombreuses années avant d’obtenir un salaire égal. »  

Janet Hazelton, présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers de la Nouvelle-Écosse (NSNU), affirme que des griefs ont été déposés en mentionnant que la parité salariale est un principe fondamental de la grille salariale et que les employeurs violent ce principe en refusant d’ajuster le salaire de toutes les IAA rétroactivement à 2014.

« Nous avons déposé des griefs dans tous les secteurs : les soins actifs, les soins communautaires et les soins de longue durée, déclare Janet Hazelton. Mais le gouvernement et les employeurs devraient s’attaquer immédiatement aux disparités. Il y a de nombreuses années, les syndicats se sont battus pour obtenir la parité salariale pour toutes les IAA. Si on ne règle pas le problème immédiatement, les IAA vont subir un recul irrévocable. »

Linda MacNeil, directrice de la région de l’Atlantique d’Unifor, estime que cette situation a eu un effet démoralisant et polarisant sur les IAA qui font le même travail d’un bout à l’autre de la province, mais qui seront désormais nettement moins rémunérées que certaines de leurs collègues. Ne pas résoudre ce problème immédiatement ne fera qu’entraver davantage les efforts de recrutement et de rétention partout en Nouvelle-Écosse, notamment en région rurale.

« Les cinq syndicats qui représentent des IAA en Nouvelle-Écosse ont lancé une campagne commune de rédaction de lettres et de sensibilisation du public pour solidariser leurs membres et obtenir le soutien des infirmières, a ajouté Linda MacNeil. Plus la situation perdure, plus les IAA se sentent collectivement sous-évaluées et dévalorisées. »

Le moment ne pourrait être plus mal choisi, selon Cathy Retieffe, présidente de la section locale 2 de l’UIES-Nouvelle-Écosse, qui représente des IAA de nombreux établissements de soins de longue durée de la province.

« Une deuxième vague de COVID-19 pourrait dévaster les soins de longue durée comme nous l’avons vu dans d’autres provinces et chez nous, dit-elle. Verser des salaires différents à des infirmières qui font le même travail, particulièrement pendant une pandémie, est un geste nuisible inutile. Nos efforts et nos priorités doivent porter sur la sécurité de tous, plutôt que de chercher à recevoir un salaire égal pour un travail égal, ce qui est une évidence. »

Les syndicats reconnaissent que toutes les IAA de la Nouvelle-Écosse ont vu leurs tâches et responsabilités augmenter au fil du temps et qu’elles tiennent un rôle de premier plan dans les soins aux patients. Il est temps que le gouvernement reconnaisse et apprécie les IAA de tous les secteurs de soins à leur juste valeur en appliquant immédiatement la parité salariale.