La COVID-19 a exposé la lutte des classes : webinaire sur le Projet de solidarité nord-américaine

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six panelist on a Zoom webinar for the North American Solidarity Project.
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La pandémie a montré que les profits primaient sur les personnes.

Lors du dernier événement mercredi soir d’une série de sept webinaires qui ont débuté en mars, le Projet de solidarité nord-américaine, une alliance visant à transformer le mouvement syndical au Canada, aux États-Unis et au Mexique, a réuni un groupe de travailleuses et de travailleurs pour partager leurs expériences en matière de renforcement du pouvoir des syndicats et des travailleurs, ainsi que les leçons qu’ils ont tirées de la COVID-19.

La modératrice Puneet Maharaj du syndicat National Nurses United a commencé le webinaire en évoquant l’attaque terroriste survenue à London, en Ontario, cette semaine qui a tué une famille musulmane et laissé un enfant de 9 ans luttant pour sa vie à l’hôpital.

« Nous commençons ce webinaire en partageant notre amour et notre solidarité avec les communautés musulmanes de toute l’Amérique du Nord, a-t-elle dit. L’islamophobie et la haine à l’égard des musulmans n’ont pas leur place ici. »

Les quatre membres du groupe étaient tous d’accord sur un point : le concept voulant que nous soyons tous dans le même bateau était loin de la réalité d’innombrables travailleuses et travailleurs pendant la pandémie, lesquels ont dû subir des expulsions forcées, l’absence de congés de maladie payés et le manque d’accès à de l’équipement de protection individuelle pouvant sauver des vies, en plus d’être confrontés à des décès évitables.

Jen Shields, assistante en éducation spécialisée de la section locale 1990 d’Unifor à Calgary, a décrit comment les nombreuses coupes dans le secteur de l’éducation se sont amplifiées pendant la pandémie. En Alberta, 16 000 travailleuses et travailleurs de l’éducation ont été mis à pied, dont 1 500 de sa section locale.

En raison des vagues de froid de -30 oC en Alberta, les éducatrices et éducateurs ne pouvaient pas emmener les enfants à l’extérieur, et même s’il a été démontré que le virus de la COVID-19 se transmet plus facilement à l’intérieur, les travailleuses et travailleurs ne portaient pas d’équipement de protection individuelle, mais devaient tout de même enseigner en classe et souvent composer avec des élèves aux comportements violents.

« La classe dans laquelle nous sommes retournés était et est toujours, vraisemblablement, un environnement de travail dangereux en raison de la pandémie », a déclaré Jen Shields, qui fait partie du comité d’action politique de la région de l’Ouest d’Unifor.

« La pandémie a vraiment mis en évidence de nombreuses lacunes dans les services, notamment pour les élèves ayant des besoins spéciaux. Nous n’avions aucun enseignant suppléant pour assurer la continuité des activités. »

Megan Svoboda, de l’Emergency Workplace Organizing Committee, un projet conjoint des Travailleurs unis de l’électricité, de la radio et de la machinerie d’Amérique et des Socialistes démocrates d’Amérique, s’est rappelé les nombreuses luttes qu’ils ont menées, notamment dans un restaurant Taco Bell à Detroit en avril 2020.

« L’employeur ne leur donnait pas d’équipement de protection individuelle, et ils commençaient seulement à comprendre la distanciation sociale et ne recevraient pas de prime de risque, a-t-elle dit. Ils estimaient que c’était injuste, que c’était dangereux pour eux et leur famille, mais ils savaient aussi qu’ils avaient besoin de ce travail. »

Ces travailleuses et travailleurs se sont joints à un organisateur qui leur a montré comment créer un comité de recrutement, avoir des discussions sur la syndicalisation avec leurs collègues, cerner leurs principaux sujets de préoccupation, et les présenter à leur employeur.

« L’employeur leur a enfin accordé un salaire rétroactif et une prime de risque et a prolongé cette prime de risque pendant six mois, a-t-elle dit. Ces travailleurs s’étaient ralliés par le passé et je pense qu’à ce moment-là, ils ont pu s’unir et démontrer leur force. »

Jen Shields a précisé que le gouvernement conservateur a essayé de briser les syndicats et de déstabiliser les travailleurs en ne finançant pas la croissance des étudiants, la pression se faisant alors sentir sur le personnel enseignant.

« La pandémie a vraiment mis en évidence les écarts entre les riches et les pauvres, a-t-elle déclaré. Il n’a jamais été aussi important d’avoir des syndicats forts. »

Elle a aussi ajouté que la COVID-19 avait permis d’ouvrir les voies de communication et de discussion entre les différents secteurs, des soins de santé à l’éducation, en passant par la construction.

« Nous commençons vraiment à réaliser que nous devons unir nos forces et faire preuve de solidarité, a-t-elle dit. C’est une démarche très importante pour les syndicats, alors que la pandémie tire à sa fin, d’établir des liens avec d’autres professions et communautés. »