Lettre conjointe au Premier ministre Trudeau et aux premiers ministres à travers le Canada

Partager

Monsieur le Premier Ministre, Messieurs les Premiers Ministres

Tout au long de la pandémie de COVID-19, les gouvernements ont traité avec sérieux les enjeux de santé publique. Afin de protéger le public, nous avons fermé des entreprises et sommes restés à la maison. Ces mesures ont eu d’importantes conséquences sur la viabilité du secteur du voyage et du tourisme, plus particulièrement sur les emplois dont dépendent de nombreuses familles canadiennes. Alors que notre économie amorce sa réouverture, maintenant, plus que jamais, les gouvernements doivent concentrer leurs efforts sur l’atteinte d’un équilibre entre les enjeux de santé publique et ceux du marché du travail.

Les travailleurs et les syndicats ont travaillé sans relâche avec de nombreux employeurs du secteur du voyage et du tourisme afin de mettre en œuvre des protocoles de santé et de sécurité qui permettront d’accroître la sécurité des travailleurs et des voyageurs. Voici les protocoles adoptés : s’assurer que les travailleurs ont accès à de l’équipement de protection individuelle approprié, mettre sur pied des mesures de nettoyage et de désinfection renforcées, prendre des mesures de distanciation physique appropriées, élaborer un plan détaillé d’intervention en situation de pandémie, et bien plus encore.

En fait, on peut dire que le secteur et les syndicats n’ont pas ménagé leurs efforts pour contribuer à la sécurité des employés et du public. Nous sommes d’avis qu’il est temps que les différents gouvernements agissent de même, en portant une attention particulière à la crise historique à laquelle notre secteur et ses effectifs sont confrontés.

Le secteur du voyage et du tourisme a interrompu ses activités il y a plus de 16 semaines, et aucun plan de réouverture n’est encore prévu. Cette situation ne peut plus durer et n’est plus justifiée, si l’on se fie aux toutes dernières mesures prises par d’autres pays qui aplatissent la courbe et rouvrent graduellement leurs propres territoires en autorisant des voyages restreints. Il est temps que le gouvernement fédéral agisse immédiatement afin de protéger la santé publique tout en soutenant le secteur du voyage et du tourisme, si essentiel pour le Canada.

L’idée qu’il soit impossible de faire les deux est tout simplement erronée.

Nous croyons qu’en adoptant une approche prudente et qu’en suivant les conseils des experts en santé publique, nous pouvons envisager d’autoriser les ressortissants des pays sûrs à voyager au Canada. Nous croyons également qu’en suivant cette approche, la population canadienne devrait bientôt être autorisée à visiter les autres provinces. D’autres pays, qui se préoccupent tout autant des problèmes de santé publique et dont les courbes épidémiques sont semblables aux nôtres, ont décidé de prudemment rouvrir le secteur du tourisme intérieur et international. Pourquoi ne pourrions-nous pas faire de même?

Tous les gouvernements, mais particulièrement le gouvernement fédéral, ont dû préparer une réponse à la pandémie de COVID-19 à une échelle, une portée et une rapidité véritablement sans précédent. Nous sommes conscients que nous devons faire preuve de prudence, et nous reconnaissons qu’il est impossible de s’occuper des moindres détails dès le départ. En tout respect, nous croyons qu’il n’est pas dans l’intérêt national de scrupuleusement réduire la réouverture du secteur du voyage et du tourisme aux décisions fondées sur des considérations économiques et de santé publique. En fait, c’est tout le contraire. L’effondrement du secteur canadien du voyage et du tourisme aurait des répercussions considérables à la fois sur l’économie et sur la santé publique; des effets dévastateurs sont à craindre pour des millions de travailleurs canadiens et leur famille, tant à court qu’à long terme.

Comme nous l’avons déjà souligné, partout dans le monde, les pays dont les courbes de la COVID-19 sont comparables à celles du Canada ont choisi de mettre des mesures en place pour une reprise sécuritaire. De fait, ces pays, dont plusieurs font partie de l’Union européenne, ont reconnu que la population canadienne peut voyager en toute sécurité sur leur territoire sans devoir être mise en quarantaine. Ils croient en la capacité des Canadiens et des Canadiennes d’agir de manière responsable lorsqu’ils voyagent à l’étranger, et ils ont confiance en notre approche collective pour protéger tout un chacun. À l’opposé, notre propre gouvernement maintient ses règles d’isolement trop restrictives et ses avis aux voyageurs de portée généralisée. Il envoie ainsi le message aux Canadiens et aux Canadiennes que même si, à l’évidence, ils sont parvenus à aplatir la courbe, ils ne sont pas suffisamment dignes de confiance pour qu’on les laisse voyager.

Il est temps de lever les règles d’isolement trop restrictives ainsi que les avis aux voyageurs de portée généralisée et d’autoriser le secteur du voyage et du tourisme canadien à redémarrer, graduellement et prudemment. Nos membres — ainsi que des millions de Canadiens et Canadiennes qui gagnent leur vie dans ce secteur — sont impatients de retrouver l’emploi qu’ils adorent. Nous sommes convaincus que nous pouvons unir nos forces et assurer aux travailleurs et aux voyageurs qu’ils peuvent reprendre leurs activités en toute sécurité.

Monsieur le Premier Ministre Trudeau, et Messieurs les Premiers Ministres, partout au Canada — il est temps d’adopter une approche plus nuancée.

Il est temps que nos gouvernements autorisent la reprise de l’industrie touristique, qu’ils permettent à la population canadienne d’explorer leur pays cet été, et qu’ils rouvrent nos frontières aux autres pays sûrs.

L’avenir du secteur du voyage et du tourisme canadien en dépend.