Lettre au Premier ministre Objet : Crise de la couverture des médicaments

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Le 19 août 2020
Le Très Honorable Justin Trudeau, P.C., député                            
Par courriel: @email
Premier ministre du Canada
Chambre des communes
Ottawa (Ontario)  K1A 0A6

Monsieur le Premier ministre,
 
Bien que nous soyons heureux de constater des signes lents mais constants de reprise économique dans tout le pays, certains secteurs sont malheureusement encore ébranlés par la crise de la COVID-19 et les diverses fermetures liées à la pandémie. Unifor a travaillé en étroite collaboration avec les élus et les fonctionnaires pour fournir un retour d'information et des orientations politiques alors que les gouvernements fédéral et provinciaux ont relevé le défi historique de guider le Canada à travers la crise.

Les travailleuses et travailleurs de tout le pays ont bénéficié des nombreux programmes de soutien élaborés et mis en œuvre par les gouvernements fédéral et provinciaux, et les programmes de soutien du revenu et de subventions salariales ont empêché de nombreux Canadiens et Canadiennes de sombrer dans la pauvreté. Cependant, alors que la crise de la COVID-19 se prolonge dans son sixième mois, nous voyons une autre catastrophe potentielle se profiler à l'horizon.

Au fil des jours et des semaines, des milliers de travailleuses et travailleurs mis à pied risquent de perdre leur admissibilité à l'assurance-médicaments. Malheureusement, plusieurs travailleuses et travailleurs ont déjà perdu leur couverture, ce qui les place, eux et leurs familles, dans une situation incroyablement précaire, tant sur le plan financier que – plus important encore – sur le plan de la santé. C'est pourquoi nous avons écrit aux premiers ministres provinciaux le 18 mars, et à vous le 29 avril, pour vous faire part de nos préoccupations concernant la crise imminente de la couverture des médicaments.

Si les Canadiennes et Canadiens sont fiers de leur engagement collectif les uns envers les autres dans le cadre de notre système de santé publique universel, le fait est que trop de personnes sont déjà privées d'une couverture médicale adéquate. Même avant la pandémie, de nombreux Canadiens et Canadiennes n'avaient pas accès à des médicaments sur ordonnance abordables et, depuis l'effondrement économique, des milliers d'autres travailleuses et travailleurs mis à pied – syndiqués ou non – seront bientôt confrontés au même choix déchirant entre se payer des médicaments vitaux ou payer le loyer ou l'épicerie.

Cette crise de la couverture des médicaments touche les travailleuses et travailleurs d'un bout à l'autre du pays, mais, alors que certains secteurs continuent de s'effondrer, il devient évident que certains Canadiens et Canadiennes ont besoin d'un soutien plus urgent que d'autres. Les travailleuses et travailleurs des secteurs particulièrement touchés, comme les voyages et le tourisme, y compris l'hôtellerie, les jeux et les compagnies aériennes, sont les plus proches du gouffre, et nous avons tous l'obligation de nous réunir rapidement pour nous assurer que personne dans ces secteurs ne se prive de médicaments essentiels et vitaux.

Malheureusement, comme c'est trop souvent le cas, les crises telle que la pandémie touchent de manière disproportionnée les Canadiennes et Canadiens marginalisés. Par exemple, les travailleuses et travailleurs du secteur de l’hôtellerie et des jeux sont plus souvent des femmes, des personnes de couleur, des immigrants, des jeunes et des personnes à faible revenu. Cela signifie que les mesures visant à protéger l'accès des travailleuses et travailleurs du secteur de l’hôtellerie et des jeux aux médicaments vitaux apporteraient un soutien aux Canadiennes et Canadiens qui en ont le plus besoin.

Unifor représente à lui seul des milliers de travailleuses et travailleurs qui ont déjà perdu, ou vont bientôt perdre, leur assurance médicaments. Nous avons réussi à négocier des ententes syndicales et d'autres accords avec certains de nos employeurs qui ont temporairement étendu la couverture des médicaments pour nos membres, mais le temps presse même pour ces mesures provisoires. Nous pensons qu'il est temps que les gouvernements interviennent et apportent une solution plus globale à la crise de l’assurance-médicaments.

Nous pensons qu'il existe plusieurs moyens de fournir une couverture des médicaments d'urgence à ceux qui en ont besoin. Par exemple, des provinces comme l'Ontario et le Québec disposent déjà de leurs propres régimes d'assurance-médicaments limités, et ces programmes pourraient être révisés et étendus pour inclure les travailleuses et travailleurs qui risquent de perdre leur régime d'assurance-médicaments au travail. Les gouvernements pourraient également accorder des subventions directement aux employeurs ou aux fiducies d'avantages sociaux (y compris les fiducies patronales, syndicales et contrôlées conjointement), spécifiquement destinées à couvrir les coûts de l’assurance maladie complémentaire liée à la COVID.

Nous avons le devoir de défendre nos propres membres, le reste du mouvement syndical et les deux tiers des travailleuses et travailleurs canadiens qui n'appartiennent pas encore à un syndicat. Mais nous croyons aussi que le gouvernement fédéral doit prendre les devants et travailler avec ses partenaires provinciaux pour élaborer et mettre en œuvre une solution à la crise de la couverture des médicaments qui servira de pont pour les travailleuses et travailleurs des secteurs particulièrement touchés comme les voyages et le tourisme. Les Canadiennes et Canadiens ne devraient pas être pénalisés ou désavantagés parce qu'ils travaillent dans des secteurs qui, sans que ce soit leur faute, mettront plus de temps à se remettre de la pandémie et des fermetures qui en découlent.

Comme toujours, chez Unifor, nous sommes heureux d'offrir nos connaissances et notre expertise, et nous sommes heureux de nous réunir avec des représentants du gouvernement, des dirigeants d'entreprises et des experts de la santé, pour aider à l'élaboration et à la mise en œuvre d'une solution à la crise imminente de la couverture des médicaments.

Sincèrement,

JERRY DIAS
PRÉSIDENT NATIONAL