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Le 2 novembre 2025, Unifor souligne Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes afin de mettre en lumière le rôle essentiel du journalisme dans les sociétés libres et les démocraties fonctionnelles.
Les journalistes donnent une voix aux sans-voix, ils rapportent nos histoires et demandent des comptes aux puissants. Trop souvent, cependant, leur travail se paie au prix fort : menaces, harcèlement, agressions physiques, intimidation juridique, voire parfois même la mort, sans que justice soit rendue et dans l’impunité des auteurs.
À l’échelle mondiale, l’ampleur de la violence et du harcèlement à l’égard des journalistes suscite de graves préoccupations. L’UNESCO rapporte que depuis 2006, quelque 85 % des meurtres de journalistes restent impunis.
Rien qu’en 2024, pas moins de 124 journalistes et professionnels des médias ont été tués dans le monde, soit le nombre le plus élevé depuis plus de trois décennies de suivi par le Comité pour la protection des journalistes.
Au Canada, les menaces, le harcèlement, l’intimidation juridique et l’obstruction ne cessent de se multiplier.
Les journalistes qui couvrent la politique, les manifestations, les questions autochtones ou les campagnes environnementales déclarent de plus en plus faire l’objet de surveillance, de divulgation de leurs données personnelles, de menaces ou de pressions juridiques ou réglementaires. En août dernier, par exemple, Unifor a dénoncé les terrifiants agissements d’individus anonymes qui ont pris pour cible et harcelé Carrie Tait, une journaliste du Globe and Mail , alors qu’elle enquêtait sur des allégations d’ingérence politique au sein de l’agence des services de santé de l’Alberta.
Au Canada, la liberté de la presse est protégée par la loi. Certes, la Charte garantit la liberté d'expression, et il existe des lois contre la diffamation et des mesures de protection des sources, mais des années de jurisprudence démontrent que les lois à elles seules ne suffisent pas à dissuader le harcèlement, les menaces ou les agressions physiques. Dans de nombreux cas, soit aucune accusation n’est portée, soit les accusations ne se soldent pas par des condamnations.
L’ère numérique a donné naissance au harcèlement en ligne, en particulier à l’encontre des femmes, des Autochtones, des personnes racialisées et d’autres travailleuses et travailleurs des médias méritant l’équité, ainsi qu’aux menaces alimentées par les médias sociaux, à la divulgation des données personnelles et à la surveillance invasive. Ces menaces dégénèrent souvent en risques physiques.
Pour mettre fin à l’impunité dont bénéficient les agresseurs de journalistes, les mesures suivantes sont essentielles :
- Codifier les infractions spécifiques pour les menaces, le harcèlement, la divulgation des données personnelles et l’intimidation des journalistes (en ligne et en personne), avec une application claire de la loi.
- Allouer des ressources aux forces de l’ordre et au système judiciaire pour la formation, le traitement et la priorisation des affaires impliquant des travailleuses et travailleurs des médias.
- Offrir une formation sur la sécurité numérique, la sécurité physique et la résilience face aux traumatismes.
- Veiller à ce que les pigistes aient accès aux mêmes protections que les journalistes salariés.
- Reconnaître que les femmes, les Autochtones, les personnes racialisées et les journalistes 2ELGBTQIA+ sont souvent plus ciblés, et adapter les mesures de soutien en conséquence.
- Assurer un financement et une infrastructure durables pour le journalisme. Les sections locales ont besoin de soutien pour survivre, car un affaiblissement des médias signifie moins de surveillance et moins de protection.
Unifor s’engage à jouer un rôle actif et continu dans ce domaine. Nos initiatives actuelles et récentes visant à soutenir les journalistes, les travailleuses et les travailleurs des médias et le journalisme comprennent :
- Le site Web Vous trouverez de l’aide ici des médias d’Unifor offre un soutien aux journalistes et aux travailleuses et travailleurs des médias victimes de harcèlement, qu’ils soient membres ou pigistes. Il fournit des liens vers des ressources de soutien par les pairs, des conseils et des astuces pour documenter les abus, des conseils pour signaler le harcèlement à l'employeur ou aux forces de l’ordre, ainsi que des conseils pratiques pour protéger les informations personnelles.
- La campagneVérification des faitsdu plan d’action des médias d’Unifor vise à rappeler aux Canadiens que les nouvelles provenant d’une source fiable sont des nouvelles qui ont été vérifiées, examinées et validées.
- Le syndicat élabore et donne la priorité à des clauses de négociation pour les conventions collectives qui traitent du harcèlement, des menaces et de la sécurité, afin de garantir que les travailleuses et les travailleurs des médias disposent de procédures claires pour signaler les abus, obtenir de l’aide et disposer de recours.
Le journalisme est un bien public. Une société qui tolère que les crimes contre les journalistes restent impunis est une société qui risque de perdre sa responsabilité et sa démocratie.
Nous devons veiller à ce qu’aucun journaliste ne craigne pour sa sécurité, qu’aucune vérité ne soit étouffée par l’impunité et que la justice ne soit pas une promesse, mais une réalité.