Unifor sonne l’alarme : le secteur automobile canadien est engagé dans un « combat sans merci » face aux menaces douanières américaines

Main Image
Image
screen shot of nine people on a zoom call.
Partager

Les travailleuses et travailleurs du secteur automobile canadien se mobilisent et élaborent des stratégies pour résister aux tarifs douaniers imposés par les États-Unis sur les exportations canadiennes de véhicules, de pièces et de matières premières, qui menacent des dizaines de milliers d’emplois et des milliards en investissements dans le secteur de la fabrication.

Le 15 août, au cours d’un webinaire du syndicat national sur les tarifs douaniers dans le secteur de l'automobile, Lana Payne, présidente d’Unifor, a déclaré aux membres de ce secteur que la position du syndicat est claire : si vous vendez au Canada, vous devez construire au Canada.

« Nous avons clairement indiqué qu'un mauvais accord, qui légitime les tarifs douaniers avec les États-Unis, est pire que pas d’accord du tout à l’heure actuelle », a tenu à préciser Mme Payne.

« C’est le combat de notre vie, [et] nous devons être prêts à jouer le tout pour le tout. Les enjeux et les risques sont énormes à l’heure actuelle. Nous nous heurtons à un président américain qui a clairement exprimé ses intentions : il veut des emplois dans le secteur automobile et n’hésite pas à recourir à l’extorsion et aux menaces quotidiennes pour les obtenir.  C’est donc nous, collectivement, qui nous dressons sur son chemin. »

Depuis que les États-Unis ont imposé des tarifs douaniers pouvant atteindre 50 % sur les produits en acier, en aluminium et en cuivre, 25 % sur les véhicules finis et les pièces, ainsi que d’autres droits de douane sur des intrants essentiels à la fabrication, le secteur automobile canadien cherche tant bien que mal à s’adapter. Ces mesures, qui comprennent un traitement différent pour les produits conformes aux exigences de l’ACEUM, sont présentées par la Maison-Blanche comme un moyen de protéger les emplois américains, mais elles visent en réalité à déplacer l’assemblage des véhicules au sud de la frontière.

« À moins que ces tarifs ne soient supprimés, l’industrie automobile canadienne et nord-américaine ne sera plus jamais la même. On doit considérer ce qui se passe comme une crise, » a déclaré Trevor Longpre, président de la section locale 199 de l’usine GM de St. Catharine Propulsion et président du comité central de négociation de GM.

« Nous vivons peut-être la plus grave crise industrielle de notre vie. Tout est en jeu. »

Angelo DiCaro, directeur du Service de la recherche d'Unifor, avertit les Canadiennes et Canadiens qu'ils doivent se préparer à d’autres mesures tarifaires.

« Les camions lourds, les semi-conducteurs, les produits pharmaceutiques, les avions, les drones, les produits du bois, les minéraux essentiels et le polysilicium – la liste s’allonge, dit-il. Nous ne sommes pas encore sortis d’affaire, et d’autres coups dur sont à venir. »

Le gouvernement fédéral doit utiliser tous les moyens à sa disposition et faire preuve d’une détermination sans faille pour obtenir la suppression totale des tarifs douaniers pour l’industrie automobile canadienne, a ajouté M. DiCaro, et les constructeurs automobiles doivent maintenir leurs engagements en matière d’investissements et de production au Canada.

Si les pièces fabriquées au Canada et expédiées directement aux usines américaines sont actuellement exemptées de tarifs douaniers en vertu d’un sursis temporaire, les pièces utilisées dans les véhicules assemblés au Canada et exportés vers les États-Unis sont soumises aux droits de dde 25 %. Unifor soutient que cette faille est intentionnelle, car elle permet de maintenir en activité les usines d assemblage américaines tout en sapant celles du Canada.

Les effets sont déjà visibles. Stellantis a reporté le réoutillage prévu de son usine d’assemblage de Brampton pour la production de véhicules électriques. Son usine de Windsor connaît un ralentissement de la production et le report d’une troisième équipe. General Motors a également annoncé des suppressions d’emplois et des réductions de production à Oshawa et Ingersoll. 

Unifor exhorte Ottawa à réagir de façon vigoureuse, notamment en maintenant les contremesures tarifaires sur les véhicules construits aux États-Unis et en veillant à ce que les constructeurs automobiles canadiens qui bénéficient d’exemptions tarifaires maintiennent leurs engagements en matière d’emploi et d’investissement au Canada. 

Le syndicat fait également pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il déploie son Fonds d’'intervention stratégique de 2 milliards de dollars destiné à maintenir le secteur automobile à flot pendant le conflit commercial.

« Les travailleuses et travailleurs de l’automobile, de la sidérurgie et de la foresterie ne doivent pas payer le prix de cette guerre commerciale. »

Lana Payne en a profité pour annoncer qu’Unifor prépare une deuxième phase de sa campagne « Protégeons les emplois canadiens » cet automne, avec des rassemblements prévus dans les principales villes automobiles, et pour demander aux membres du secteur de l’automobile, mais aussi à l'ensemble des membres des différentes industries, de se joindre à cette lutte en toute solidarité.

« Nous ne baissons pas les bras, et je sais que je peux compter sur vous toutes et tous pour être là dans les jours et les semaines à venir, quoi qu’on nous demande, a-t-elle ajouté. Je vous invite donc à rester fortes et forts. »

Media Contact

Jenny Yuen

Représentante aux communications
Email