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Le 27 mai, lors d’une comparution devant le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), Randy Kitt, directeur du secteur des médias d’Unifor, a déclaré qu’à la suite de la guerre commerciale déclenchée par le président américain Donald Trump, nous devons plus que jamais défendre le contenu canadien, protéger notre souveraineté et faire les choix difficiles qui s’imposent pour sauver notre industrie médiatique canadienne, y compris les médias de nouvelles locales.
« Ce qui fait notre identité en tant que Canadiennes et Canadiens peut faire l’objet d’un débat en raison de la diversité de notre pays, mais notre fierté d’être Canadiennes et Canadiens, notre caractère unique et le sentiment d’être de plus en plus détachés de nos voisins du sud ne font plus aucun doute », a déclaré Randy Kitt lors de son intervention.
Il a expliqué que la crise dans le secteur des médias résulte de l’incapacité du CRTC à réglementer les services de diffusion en continu dès leur introduction en 1999, puis en 2009, lorsque le Conseil leur a accordé des exemptions au lieu d’imposer des lignes directrices claires.
Au cours des deux dernières années et demie, le secteur des médias a licencié 482 membres d’Unifor dans le domaine de la télévision, principalement dans les services de nouvelles locales, et 376 membres au cours de la dernière année. En 2013, l’année de la création d’Unifor, le secteur des médias comptait 13 000 membres; 13 ans plus tard, il en compte 3 000 de moins.
Selon Randy Kitt, ce déclin s’explique en grande partie par le fait que les dommages que les radiodiffuseurs étrangers pouvaient causer à l’industrie des médias ont été ignorés et qu’aucune réglementation n’a été mise en place. La solution réside dans une approche à deux volets : une réglementation stricte suivie d’un soutien concret.
Randy Kitt, qui a assisté à l’audience avec Marc Hollin, chercheur chez Unifor, à Gatineau, au Québec, a ajouté que dans le cadre de la « réglementation et du soutien », Unifor recommande que les postes de producteur et les principaux postes créatifs soient occupés par des Canadiennes et des Canadiens pour qu’une production soit considérée comme canadienne, et que le caractère « canadien » subjectif ne soit pas un facteur déterminant. De plus, les Canadiennes et les Canadiens devraient en détenir la propriété intellectuelle afin d’assurer la viabilité continue de nos industries.
Unifor recommande également que, afin d’uniformiser les règles du jeu, le Conseil impose aux radiodiffuseurs étrangers des exigences de dépenses en programmation canadienne de 30 %.
Unifor estime que le soutien à la création d’une couverture de l’actualité de première qualité, en particulier au niveau local, devrait être une priorité absolue pour le CRTC.
« Les [téléradiodiffuseurs étrangers] devraient absolument contribuer aux fonds qui soutiennent les nouvelles locales, parce que les télédiffuseurs canadiens ont toujours dû le faire et parce que c’est l’existence même des téléradiodiffuseurs étrangers en ligne dans ce pays qui a contribué au déclin des nouvelles locales et érodé notre démocratie », a ajouté Randy Kitt dans son intervention.
L’uniformisation des règles du jeu entre les radiodiffuseurs étrangers et canadiens ne devrait pas signifier moins de réglementation pour les radiodiffuseurs canadiens ou moins d’exigences en matière de nouvelles locales, mais plutôt une réglementation sensée qui soutient une industrie de l’information dynamique.
Plus précisément, Unifor recommande que le Conseil impose les conditions suivantes pour l’admissibilité au Fonds pour les nouvelles locales indépendantes ou à tout autre fonds destiné aux nouvelles :
Un nombre minimal de journalistes et de créateurs de nouvelles proportionnel au financement, situé dans les marchés locaux, afin de desservir ces marchés.
L’obligation de créer et de diffuser des nouvelles locales sept jours sur sept, y compris un nombre minimal d’heures de programmation originale de nouvelles locales proportionnel au financement dans le marché.
La garantie que les décisions éditoriales sont prises dans ce marché et ne sont pas centralisées.
La garantie qu’une station de nouvelles ou un bureau de nouvelles est exploité dans ce marché.
Empêcher la déréglementation des politiques relatives aux nouvelles et veiller à ce que toute flexibilité n’entraîne pas une réduction de la surveillance ou des concessions.
« Nous devons également accepter le fait que les grands acteurs comme Bell et Rogers ne sont pas trop grands pour être soutenus. Nous ne pouvons pas leur permettre de continuer à perdre de l’argent dans les nouvelles locales et ensuite s’attendre à ce qu'ils fournissent les nouvelles locales de haute qualité que nous attendons d’eux », a lancé Randy Kitt.
« Il est temps que nous reconnaissions tous que le modèle financier de la création de nouvelles régionales est défaillant et qu’un nouveau modèle de financement durable, continu et adéquat doit être mis en place pour toutes les entreprises de nouvelles canadiennes. »
Unifor représente 10 000 travailleuses et travailleurs des médias, dont 5 000 membres dans les industries de la radiodiffusion et du cinéma.