Unifor fait entendre la voix des travailleuses et travailleurs au sein du Conseil du premier ministre sur les relations canado-américaines

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woman standing outside in front of a column with the maple leaf on it.
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Message de Lana Payne

Bonjour à toutes et à tous les membres d’Unifor,

Jamais dans ma vie je n’ai craint comme je crains aujourd’hui pour le monde dans lequel nous vivons, mais en contrepartie, je n’ai jamais été aussi convaincue que je le suis aujourd’hui quant à tout ce que nous pouvons accomplir ensemble en tant que Canadiennes et Canadiens. C’est extraordinaire de voir l’ensemble de notre pays se serrer les coudes et faire preuve de solidarité pour se défendre, et voir tout le monde se rallier pour faire front commun. Les actions des Canadiennes et Canadiens au cours des dernières semaines sont une grande source d’inspiration.

Je sais que nous traversons une période remplie de craintes et d’incertitude. Nous devons toutefois garder à l’esprit que l’incertitude et le chaos sont précisément l’objectif poursuivi par Donald Trump et son administration.

Il n’y a pas de doute possible : les menaces auxquelles nous sommes confrontés sont bien réelles. Je le dis depuis le début. 

Il veut s’accaparer nos emplois. Il cherche à affaiblir notre économie, à détourner ces précieux investissements qui permettent de créer des emplois pour les gens du Canada. Ce faisant, il cherche à affaiblir notre pays. Il a multiplié les insultes à notre égard depuis son investiture le 20 janvier dernier, en mentionnant à plusieurs reprises son désir que le Canada devienne le 51e État américain. 

Cependant, nous sommes témoins depuis quelques semaines d’une détermination que peu de gens avaient anticipée. Nous avons vu les Canadiennes et les Canadiens monter aux barricades d’un océan à l’autre. Ils ont dit haut et fort qu’ils étaient prêts à lutter pour défendre leur pays, notamment en achetant canadien, en appuyant les biens et services d’ici ainsi qu’en soutenant les efforts visant à mettre en place de solides plans industriels pour les produits fabriqués au Canada.

Nous avons une économie dans ce pays et nous tenons à la garder.

Nous avons un pays à défendre et des emplois à protéger. Or, les Canadiennes et les Canadiens ont clairement montré qu’ils sont plus que prêts à relever le défi. 

Depuis ma nomination au sein du Conseil du premier ministre sur les relations canado-américaines, ce groupe s’est réuni plusieurs fois, y compris avec le cabinet du gouvernement fédéral. Je me suis également jointe au Conseil afin de participer au Sommet national d’urgence convoqué par le premier ministre.

Au cours de la dernière rencontre qui a eu lieu le 14 février, les membres du Conseil ont eu l’occasion de continuer de formuler leurs recommandations au premier ministre en lien avec les menaces constantes du président des États-Unis.

Cette rencontre s’inscrivait à la suite de l’annonce américaine sur l’imposition de tarifs douaniers de 25 % sur l’acier et l’aluminium à compter du 12 mars. Bien sûr, ces tarifs douaniers auront des répercussions dans ces secteurs, mais aussi dans d’autres qui dépendent de l’acier et de l’aluminium comme composantes dans leur processus de fabrication, notamment l’industrie automobile et l’aérospatiale. Trump a également déclaré son intention d’annoncer des tarifs douaniers particuliers pour l’industrie de l’automobile le 2 avril prochain. Le Canada fait également face à la menace de tarifs douaniers généraux pour lesquels nous avons obtenu un sursis jusqu’au 4 mars. S’ils sont imposés, ces tarifs douaniers considérables seront composés, ce qui pourrait faire en sorte que les pénalités sur l’acier et l’aluminium se chiffrent plutôt à 50 %. Chaque jour nous réserve une nouvelle menace, une nouvelle attaque. 

Dans les faits, comme je l’ai répété lors des rencontres du Conseil, peu importe si les tarifs douaniers sont imposés ou non, puisque c’est la menace continue associée à ces tarifs douaniers qui nuit à notre économie. Les entreprises mettent leurs investissements sur pause dans les milieux de travail canadiens et, dans certains cas, elles annulent tout simplement leurs plans d’expansion, ce qui entraîne des pertes d’emplois. Certaines entreprises ont annoncé leur intention de transférer leur production aux États-Unis. 

En tant que syndicat, nous savons très bien que certaines grandes entreprises choisiront de nous laisser tomber afin de satisfaire aux caprices de Trump et de protéger leurs bénéfices. Encore pire, certaines et certains croient que le Canada devrait se plier à la volonté américaine et accepter les concessions demandées par Trump. Les demandes du président américain ne font que croître de jour en jour. 

En réalité, nous ne devons absolument pas céder aux demandes du président. La réponse adéquate est simple : nous devons contre-attaquer. 

Il n’y a pas de retour en arrière. 

Nous faisons devons livrer deux combats urgents en tant que nation. Ces combats doivent être livrés simultanément : nos efforts pour défendre notre économie contre les attaques lancées par Trump, et nos efforts pour bâtir une économie plus résiliente que jamais.

J’ai continué à mettre l’accent sur un certain nombre de points clés avec le Conseil du premier ministre, soit :

  1. Le besoin urgent de fournir une réponse solide menée par les travailleuses et travailleurs en cas de guerre commerciale ouverte. 

  2. Le besoin pressant d’apporter des améliorations à notre filet social inadéquat puisque les travailleuses et travailleurs ressentiront les effets d’une économie constamment menacée.

  3. Le besoin de faire preuve de fermeté et de détermination dans notre réponse aux menaces tarifaires de Trump, notamment au moyen de tarifs douaniers de représailles et de mesures non tarifaires. Les mesures de représailles non tarifaires peuvent comprendre un certain nombre d’efforts proactifs visant à créer une économie canadienne plus résiliente. L’approvisionnement et les milliards de dollars dépensés chaque année par les gouvernements au Canada pour l’achat de biens ou la construction d’infrastructures devraient être immédiatement mis à profit afin d’alimenter les industries canadiennes et d’appuyer la mise sur pied de plans industriels dans les secteurs clés de l’économie, tout en mettant les Canadiennes et Canadiens au travail pour bâtir et produire ce dont nous avons besoin. La fabrication au Canada est importante et soutenir les produits « faits au Canada » n’a jamais été aussi crucial.

  4. Il est essentiel de fonder nos efforts sur des plans industriels axés sur les produits « faits au Canada ». Nous devons mettre en place des tables rondes sectorielles de haut niveau avec des représentants de l’industrie, du mouvement ouvrier et des gouvernements afin de tracer la voie à suivre. Nous avons le pouvoir de décider de plusieurs choses au Canada. Nous avons des moyens de négociation. Nous avons les ressources et les compétences qui sont recherchées partout dans le monde et nous pouvons appuyer le développement de l’industrie manufacturière canadienne. Dans certains cas, les infrastructures publiques aideront à combler les écarts laissés par le secteur privé. Le moment est venu pour nous en tant que nation de repenser nos façons de faire par le passé afin de déterminer une meilleure approche pour l’avenir. Pour ce faire, nous devrons mettre de côté les anciennes approches, celles qui n’ont jamais vraiment été efficaces, mais qui sont absolument impensables compte tenu du contexte et du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui.

  5. Évidemment, nous devons chercher à diversifier nos échanges commerciaux et à former des alliances avec des nations du monde qui sont également affectées par le courroux de l’approche privilégiée par l’administration Trump en matière d’affaires étrangères et de politiques économiques, notamment l’imposition de tarifs douaniers pour la plupart des autres pays du monde.

  6. Nous devons obtenir des investissements et accroître notre production à valeur ajoutée dans des secteurs comme l’automobile, l’aérospatiale, la foresterie, l’énergie, les mines et bien d’autres qui sont fortement interreliés avec les États-Unis. Unifor travaille de façon continue avec les gouvernements et l’industrie pour atteindre cet objectif.

  7. En cette période très difficile à l’échelle mondiale, nous devons nous assurer de déployer tous les efforts possibles pour protéger les médias canadiens et le contenu que nous produisons ici même au Canada et au Québec. Ce travail sera essentiel pour maintenir notre identité et nos connaissances, et il sera primordial de garder le contact entre nous dans les circonstances actuelles éprouvantes. Nous avons besoin de médias canadiens forts pour raconter les vraies histoires d’ici et présenter des reportages sur les nouvelles locales de nos communautés.

  8. Si le gouvernement décide d’augmenter ses dépenses en matière de défense, les sommes investies devront servir à défendre notre souveraineté en tant que nation et profiter aux travailleuses et travailleurs canadiens des secteurs de l’acier et de l’aluminium. 

  9. Nous devons restreindre la propriété étrangère des minéraux critiques et d’autres ressources importantes pour notre sécurité nationale. 

Les idées mentionnées ci-dessus, et plusieurs autres, ont été mises de l’avant par Unifor - votre syndicat - dans le cadre de ses efforts visant à protéger les emplois au Canada.

En bref, nous devons placer la solidarité et la voix des travailleuses et des travailleurs au cœur de tout ce que nous faisons.

Voici quelques autres points importants.

Cette économie ne fonctionnait pas si bien pour plusieurs d’entre nous. Toutefois, nous avons aujourd’hui l’occasion de nous réinventer et de changer nos façons de faire au Canada. Les possibilités sont infinies lorsque l’objectif à atteindre est la création d’une économie canadienne plus résiliente. 

Voici donc ce que je sais. Je sais ce que ce syndicat est capable de réaliser lorsque nous serrons les coudes. Je sais ce que ce pays est en mesure de réaliser lorsque les Canadiennes et les Canadiennes se rassemblent autour d’un objectif commun avec passion et détermination, en sachant que nous pouvons bâtir une nation plus forte dans laquelle personne n’est laissé pour compte. Nous y arriverons en imaginant ce qui est possible. C’est le moment de changer les choses. 

Alors, allons-y! 

Avec toute ma solidarité, comme toujours!

Lana Payne