Unifor décrit comment la haine a affecté les travailleuses et travailleurs pendant la pandémie de COVID-19

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Un manifestant dans un camion a suivi jusque chez elle une femme qui conduisait son véhicule de presse après avoir couvert une manifestation contre les mesures sanitaires et elle a été victime d’insultes verbales.

Des conducteurs de véhicules de transport en commun ont été victimes de violence alors qu’ils faisaient respecter les règles selon lesquelles tous les passagers devaient porter un masque à bord.

Des clients qui refusaient de suivre les mesures sanitaires contre la COVID-19 pendant leur séjour ont harcelé des employés d’hôtel.

Ce sont là quelques-unes des histoires troublantes que les membres d’Unifor ont partagées avec le Bureau du commissaire aux droits de la personne de la Colombie‑Britannique lors d’une réunion d’enquête en ligne le 7 mars 2022 sur des incidents haineux survenus pendant la pandémie de COVID-19.

« Lorsque les gens pensent à la haine, ils pensent à des incidents que quelqu’un aurait saisi sur vidéo et non à la discrimination systémique permanente qui prive les gens de leur gagne-pain, leur vole leur travail ou les empêche d’accéder à des services de santé et d’aide sociale », a lancé Gavin McGarrigle, directeur de la région de l’Ouest d’Unifor dans ses observations préliminaires.

Gavin McGarrigle a critiqué « l’échec du gouvernement » à protéger les droits de rappel de milliers de travailleuses et travailleurs de l’hôtellerie, lesquels n’ont pas été protégés pendant la pandémie, dont plusieurs sont des femmes et des personnes de couleur et comptent des décennies d’ancienneté, même si le gouvernement « a distribué de l’argent à des groupes d’entreprises ».

Le gouvernement provincial a lancé une enquête en août 2021 pour répondre à la hausse significative d’incidents haineux en Colombie-Britannique, y compris en ligne, depuis le début de la pandémie en 2020.

Jennifer Moreau, présidente du Conseil des médias d’Unifor, a précisé que le harcèlement en ligne cible souvent le genre et que de nombreuses femmes journalistes sont touchées par le harcèlement au travail.

« La haine contre les journalistes est en hausse », a-t-elle expliqué, soulignant que Maxime Bernier a appelé ses partisans de la droite alternative sur Twitter à « jouer sale » avec les journalistes.

« [L’ancien président des États-Unis] Donald Trump a vraiment ouvert la porte à l’hostilité contre les travailleuses et travailleurs des médias, a ajouté Jennifer Moreau. La COVID-19 est un point de discorde quand vous couvrez la pandémie. C’est un point chaud pour le harcèlement en ligne et la couverture d’événements en direct, comme les manifestations contre le vaccin. Nous savons que le harcèlement est de nature sexiste et raciste. »

Selon Margaret Olal, agente de liaison pour la justice raciale d’Unifor en Colombie‑Britannique, de nombreux Canadiens d’origine asiatique ont été victimes de haine et de violence pendant la pandémie.

« La COVID-19 a été l’élément déclencheur, mais le problème sous-jacent de la discrimination à l’égard des Autochtones, des Noirs et des personnes de couleur, en général, s’accumule depuis des décennies, a-t-elle précisé. Mes collègues de travail qui sont d’origine asiatique et sud-asiatique m’ont dit qu’ils avaient peur de sortir le soir et que leurs parents âgés avaient même peur d’aller à l’épicerie. »

Paul Nagra, président d’Unifor-Vancouver Container Trucking Association, a fait remarquer que les chauffeuses et chauffeurs de camion porte-conteneurs ne pouvaient souvent même pas obtenir une tasse de café ou accéder à des toilettes publiques pendant la pandémie alors qu’ils travaillaient de longues heures pour se rendre à destination.

« Pendant la pandémie, les abus ont été amplifiés », a-t-il dit.

Andrea MacBride, directrice de la région de la Colombie-Britannique et de l’Alberta d’Unifor, a déclaré que les travailleuses et travailleurs du transport en commun sont victimes de violence verbale et d’agressions physiques et sexuelles au travail et que la hausse des cas est « perceptible » pour les membres du syndicat en cette période de pandémie.

« Nous constatons une hausse des congés de maladie et des demandes d’indemnisation des accidents du travail en raison de cette haine dont nos membres sont victimes. »

Mike McMillan, vice-président de la section locale 111, a donné des exemples d’usagers des transports en commun qui veulent monter à bord des véhicules sans porter le masque, créant des affrontements non seulement entre les conducteurs et les passagers, mais aussi à l’arrière de l’autobus et entre les conducteurs eux-mêmes. Il aimerait voir une augmentation des prestations pour des services de santé mentale afin de soulager certains des traumatismes que vivent les travailleuses et travailleurs après avoir été victimes de harcèlement et de violence.

La directrice du Service des droits de la personne d’Unifor, Christine Maclin, a déclaré à la commission que 90 % des cas de harcèlement au travail ne sont pas signalés. En tant que syndicat, « nous demandons un processus accéléré » pour répondre à ces préoccupations, pour que les travailleuses et travailleurs puissent se plaindre de façon anonyme, ainsi que des processus pour traiter des discours haineux. « Il est plus que nécessaire que les employeurs offrent des protections aux employés, même si leurs milieux de travail ne sont pas traditionnels », a-t-elle ajouté.

« La haine anonyme en ligne est de plus en plus fréquente, mais la haine est tout aussi blessante, a-t-elle dit. Les victimes ont l’impression qu’elles n’ont aucun recours. Les discours haineux, la haine en ligne, la violence et de nombreux préjudices touchent les membres de nos communautés, principalement les Noirs, les Autochtones, les personnes de couleur, les femmes, les personnes de religions et d’identités diverses, et les personnes ayant des incapacités. »

« La haine est une maladie et il n’y a pas de place pour elle, ni dans nos milieux de travail, ni dans notre société, ni dans notre pays ou dans le reste du monde. »

Les membres qui sont victimes de harcèlement au travail, de la part du public ou de collègues, sont encouragés à s’adresser aux représentants syndicaux de leur section locale pour obtenir du soutien, notamment l’application des protections de la convention collective et un soutien en matière de santé mentale. Ils peuvent également communiquer avec le Service des droits de la personne d’Unifor à l’adresse @email.