Un projet de loi antisyndical au Manitoba est un pas en arrière

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Message du président et photo de Jerry Dias
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Article publié dans le Huffington Post du 22 juin 2016

Les Canadiens disposent d’un droit constitutionnel de se joindre à un syndicat. Il n’y a aucune ambigüité juridique (et je dirais même morale) quant à la place des syndicats au Canada.

Les gouvernements conservateurs qui ne peuvent réécrire la constitution pour retirer ce droit vont utiliser des tactiques de dissimulation pour voler aux Canadiens leurs droits en milieu de travail.

Prenons simplement comme exemple récent des manœuvres des politiciens conservateurs le cas du premier ministre du Manitoba, Brian Pallister, qui tente fort d'affaiblir les droits constitutionnels.

En vertu de la loi actuelle au Manitoba, les travailleurs qui souhaitent obtenir la protection d'un syndicat et une voix collective peuvent soit recueillir des cartes signées d'une super-majorité (65 p. cent) de leurs collègues ou recueillir des cartes de seulement 40 p. cent pour tenir un vote formel. Lorsque des travailleurs sont confrontés à des dirigeants agressifs, ils vont souvent choisir l’accréditation syndicale en recourant à la méthode de la super-majorité de cartes signées, plutôt que de laisser l’employeur intimider les travailleurs dans la période précédant la tenue d’un vote.

Il n’y a aucune raison de rendre plus difficile la syndicalisation des travailleurs vulnérables au Manitoba.

Unifor plaide depuis longtemps que même les lois actuelles ne sont pas adéquates. Le syndicat réclame l'accréditation syndicale basée sur la signature de cartes pour tout lieu de travail où plus de 50 p. cent des travailleurs ont signé une carte, non seulement au Manitoba mais partout au Canada.

Or, plutôt que d’améliorer la législation actuelle, le premier ministre Pallister souhaite empirer les choses en retirant aux travailleurs l’option de la super-majorité pour former un syndicat. Déposé la semaine dernière, le projet de loi 7 du Manitoba élimine l’option de former un syndicat avec une super-majorité de cartes. Si le projet de loi 7 est adopté, la seule voie de la syndicalisation au Manitoba sera de suivre le long et difficile processus de la tenue d’un vote formel au cours duquel les travailleurs peuvent être exposés à du harcèlement et des menaces de la part de l’employeur dans la période menant au vote.

Il n’y a aucune raison de rendre plus difficile la syndicalisation des travailleurs vulnérables au Manitoba. Il s’agit non seulement d’un droit inscrit dans la constitution, mais c’est aussi une bonne chose pour la province. Les emplois syndiqués sont stables, bien rémunérés et contribuent à alimenter l’économie.

N’importe quel propriétaire d'une petite entreprise vous dira que la seule aide dont il a besoin est un bon client, et des salaires équitables qui contribuent à une base locale de clients. Le fait est que les travailleurs syndiqués occupant des emplois stables et recevant un meilleur salaire sont de meilleurs clients. Toutes les entreprises tirent avantage de cette réalité.

Nous vivons dans une économie de consommation. Des politiques comme celles recherchées au Manitoba s’en prennent maintenant à la capacité des consommateurs d’alimenter l’économie grâce à leurs dépenses. C’est pourquoi les actions du gouvernement Pallister sont tellement irréfléchies.

Les relations de travail seront toujours empreintes de tension entre les demandes des travailleurs pour des salaires équitables et la recherche de bénéfices plus élevés du côté des employeurs.

Le premier ministre Pallister choisit à la place une voie idéologique qui va entraîner une baisse du taux de syndicalisation, fragiliser la main-d’œuvre et interrompre la paix sociale dont cette province bénéficie depuis près de 20 ans.

La bonne nouvelle c’est que des premiers ministres comme Brian Pallister sont de plus en plus isolés, alors que d’autres gouvernements ayant une approche plus sophistiquée et inclusive font croître leurs économies régionales. Le premier ministre Justin Trudeau a signalé qu’il était prêt à renverser l’approche rétrograde de Stephen Harper à l’endroit des relations de travail, et la première ministre de l’Alberta, Rachel Notley, a ouvert la voie à une nouvelle ère de respect à l’égard des droits des travailleurs.

En Ontario, Tim Hudak et son Parti conservateur ont été judicieusement vaincus aux élections de 2014 après avoir proposé une plateforme antisyndicale draconienne.

Les relations de travail seront toujours empreintes de tension entre les demandes des travailleurs pour des salaires équitables et la recherche de bénéfices plus élevés du côté des employeurs. Il n’y a rien de nouveau; cela fait d'ailleurs partie de la dynamique qui contribue à trouver un équilibre entre les besoins des employeurs et les droits des travailleurs. Or, cette tension peut être facilement gérée par des gouvernements qui respectent tout simplement le processus de négociation.

Le premier ministre Pallister et ses collègues conservateurs tentent de truquer le jeu contre les travailleurs ordinaires. Comme nous l’avons déjà constaté, cette stratégie est moralement défaillante, discutable sur le plan juridique et insoutenable sur le plan électoral.

Unifor travaillera avec d’autres groupes progressistes de la province pour s’assurer qu’un plein débat ait lieu sur les changements proposés, et que ces politiques destructrices ne sont pas mises en œuvre.