« Tuer l'Indien dans l'enfant »: un webinaire se penche sur la réalité des pensionnats pour Autochtones

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Eva Wilson-Fontaine s'exprimant lors d'un appel vidéo sur Zoom.
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Des dizaines de membres d'Unifor ont participé au webinaire « Pensionnats pour Autochtones – Effets et impacts » le 14 septembre 2021, le dixième de la série d'Unifor sur l’Île de la Tortue.

« Tuer l'Indien dans l'enfant », tel était l'objectif des pensionnats, a déclaré la leader autochtone respectée Eva Wilson-Fontaine, qui a mené la discussion avec l'animatrice Gina Smoke, agente de liaison autochtone d'Unifor. L'événement, d'une durée de 90 minutes, a permis de passer en revue sans fard les objectifs et les pratiques du système de pensionnat canadien parrainé par l'État et les répercussions durables sur les communautés autochtones d'aujourd'hui.

Mme Wilson-Fontaine a commencé son intervention par une vidéo qui présente des récits de première main d'abus commis par des personnalités religieuses dans les pensionnats en vue de « civiliser » les communautés autochtones. En retirant de force des enfants de tous âges, l'Église, avec le soutien financier du gouvernement fédéral, cherchait à effacer la culture et la langue des Premières nations des jeunes générations.

Elle a également noté que de nombreuses agences de services à l'enfance et à la famille ont repris le travail des pensionnats en retirant les enfants de leur famille et en les plaçant dans des foyers non autochtones.

On estime que 150 000 enfants autochtones ont été arrachés à leur famille pendant la période des pensionnats, qui a débuté au début du 19e siècle et s'est poursuivie jusqu'à la fin des années 1970.

Parmi ces enfants retirés de force, certains chiffres indiquent que jusqu'à 50 000 enfants sont morts sous la « garde » des pensionnats, pour des causes allant de la maladie au suicide, en passant par la malnutrition et le meurtre. Beaucoup sont morts en essayant de s'échapper des pensionnats pour retrouver leur famille.

Des dizaines de milliers d'autres ont subi des abus sexuels, physiques et émotionnels de la part du personnel des écoles.

Dans ce contexte d'abus rituels et de génocide culturel, Mme Wilson-Fontaine a déclaré que les survivants des pensionnats avaient souvent du mal à nouer des relations amoureuses et étaient susceptibles de reproduire les cycles de violence qu'ils avaient subis dans leur enfance aux mains de l'Église.

« Ce traumatisme intergénérationnel et le sous-financement continu des services aux communautés autochtones constituent la base du travail de réconciliation d'Unifor, a déclaré Gina Smoke. L'injustice doit être dénoncée et nous devons tous nous battre pour que les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation soient mises en œuvre. »

Après sa présentation, Mme Wilson-Fontaine a répondu aux questions des membres d'Unifor qui portaient principalement sur l'action en tant que militants et alliés. Elle a contribué à encadrer la discussion en évoquant l'objectif du travail de son agence, qui est de transformer les « survivants » en personnes qui « s’épanouissent ».

Mme Wilson-Fontaine a suggéré aux membres de faire du service communautaire avec sincérité et respect et de rechercher des organismes de bienfaisance qui sont proches des communautés ayant besoin d'aide.