Selon le panel sur l’économie du Sommet sur les emplois de qualité, les emplois décents sont possibles

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Bien que les changements structurels dans l’économie canadienne fassent en sorte qu’il se crée moins d’emplois de qualité et qu’il soit plus difficile d’en trouver, le changement est possible d’après les membres du panel d’inauguration du Sommet sur les emplois de qualité.

« Lorsque j’ai commencé à examiner les données, je croyais qu’il s’agissait d’un phénomène cyclique, mais ce n’est pas le cas », a affirmé Kaylie Tiessen, économiste du Centre canadien de politiques alternatives de l’Ontario, au sujet de la croissance qu’affichent les emplois précaires et à temps partiel ces dernières années.

Mme Tiessen a pris part à la discussion inaugurale du Sommet sur les emplois de qualité, qui rassemblait quelques-uns des grands économistes du Canada pour débattre de ce qui est nécessaire pour créer des emplois de qualité, en particulier pour les jeunes.

« Tout joue contre les jeunes Canadiens, a affirmé le panéliste Preet Banerjee, chroniqueur sur les finances personnelles au Globe and Mail, en faisant référence aux niveaux d’endettement élevés des diplômés, aux coûts de logement faramineux et aux difficultés liées au marché de l’emploi.

M. Banerjee a déclaré que l’époque où l’on travaillait pour la même entreprise pendant toute une carrière et obtenait une montre en or au moment de prendre sa retraite est révolue. D’après lui, les travailleuses et travailleurs d’aujourd’hui ne veulent pas occuper le même emploi leur vie entière.

Mme Tiessen a soutenu que les entreprises avaient cessé de former les jeunes travailleurs, ce qui force ces derniers à passer d’un emploi à l’autre jusqu’à ce qu’ils en trouvent un stable.

Jim Stanford, économiste chez Unifor, croit que les entreprises devraient peut-être offrir plus de formation.

« Nous ne pouvons pas laisser les entreprises choisir l’option plus économique de ne pas former de nouveaux travailleurs puis se plaindre de la pénurie de travailleurs qualifiés », a-t-il affirmé.

Les panélistes ont convenu que les gouvernements disposaient de moyens pour améliorer la situation à l’égard de l’emploi, mais ils avaient une opinion différente sur les mesures à privilégier. Par exemple, Mme Tiessen et M. Stanford ont suggéré que les gouvernements augmentent le salaire minimum.

« Nous devons nous assurer que les travailleurs qui ont un emploi gagnent suffisamment d’argent pour s’en sortir et réinvestissent cet argent dans l’économie, a dit Mme Tiessen, en ajoutant que la hausse des salaires aide à stimuler l’économie en augmentant le pouvoir d’achat. Nous devons commencer à parler de cette partie de l’équation. »

Todd Hirsch, économiste en chef chez ATB Financial, a mentionné que la meilleure stratégie du gouvernement serait d’améliorer le système d’éducation au Canada, de la maternelle à l’enseignement postsecondaire.

« Si vous devez investir quelque part, investissez dans l’éducation », a-t-il déclaré.

M. Hirsch a indiqué que les investissements dans l’infrastructure créeraient des emplois, en plus de préparer le terrain pour que les entreprises prospèrent et créent des emplois à long terme.

À une question du public, Alastair Woods, président de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants de l’Ontario, a répondu qu’il connaissait de nombreuses personnes qui travaillaient 40 heures par semaine ou plus dans le cadre de stages non rémunérés et qui craignaient de dire quoi que ce soit, de peur de ne plus jamais travailler dans leur domaine.

 « Tout travail se paye », a-t-il indiqué.

Jerry Dias, président national d’Unifor, a amorcé la soirée en disant que ce type d’histoire était la raison pour laquelle le Sommet sur les emplois de qualité était nécessaire.

« Les jeunes d’aujourd’hui ont carrément été trahis, et nous sommes ici pour redresser la situation », a-t-il précisé.