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Le secteur minier du Canada fait face à une attaque sans précédent menée par l’administration Trump, laquelle jette une fois encore son dévolu sur les métaux et les minéraux de notre pays. Après avoir perdu une guerre commerciale contre les industries canadiennes de l’aluminium et de l’acier, en 2018 et 2019, le président Trump menace cette fois-ci d’imposer des tarifs douaniers de 50 % sur tous les produits du secteur des mines et des métaux du Canada.
Le secteur minier est une composante essentielle de la chaîne d’approvisionnement canadienne qui joue un rôle de premier plan en appuyant plusieurs autres secteurs de l’économie, notamment l’industrie manufacturière, ainsi que les secteurs de l’énergie, de la pétrochimie et de la construction. Il contribue directement au PIB du Canada à la hauteur de 100 milliards de dollars et emploie plus de 400 000 travailleuses et travailleurs.
Or, ces tarifs douaniers causeront surtout du tort aux travailleuses et travailleurs, aux consommateurs et aux entreprises des États-Unis. Les États-Unis sont en effet beaucoup plus dépendants à l’égard du Canada pour leur approvisionnement en métaux et en minéraux que la plupart des autres pays. En effet, le Canada fournit 22 % de l’acier, 60 % de l’aluminium, 45 % du nickel, 62 % du zinc, 86 % de la potasse et 27 % de l’uranium, entre autres minéraux et métaux critiques, que les États-Unis importent.
Le motif invoqué pour justifier l’imposition de ces tarifs douaniers sur les produits canadiens est de stimuler les capacités d’extraction minière et de traitement des métaux aux États-Unis et d’augmenter la production totale de leur secteur manufacturier, mais des données provenant de la dernière partie de la guerre commerciale de Donald Trump semblent indiquer que ces tarifs produiront exactement l’effet contraire.
La Réserve fédérale américaine a estimé en 2020 que les tarifs douaniers imposés en 2018 et 2019 sur l’acier et l’aluminium canadiens avaient entraîné la perte d’environ 75 000 emplois manufacturiers aux États-Unis, en raison de l’augmentation du coût des intrants.
Une étude du Congrès américain menée en 2021 a révélé une perte de 700 emplois dans la fabrication primaire d’aluminium aux États-Unis, de 2017 à 2020, et que les tarifs douaniers n’ont rien fait pour mettre fin à la baisse continue de la capacité de production de l’industrie américaine de l’aluminium.
Une autre étude réalisée en 2023 par la Commission internationale du commerce des États-Unis a conclu que les importateurs américains avaient pris à leur charge presque la totalité des coûts des tarifs imposés au Canada et que toute augmentation marginale de la production d’acier et d’aluminium avait été plus que compensée par une baisse de 13,4 milliards de dollars dans la production en aval, de 2018 à 2021, en raison de l’augmentation des coûts de l’acier et de l’aluminium.
Non seulement Trump commet-il encore une fois la même erreur, mais il l’aggrave en élargissant la liste de ses cibles de façon à englober tout le secteur minier du Canada. Cette nouvelle attaque ne fera qu’augmenter encore un peu plus les coûts des produits essentiels
dont les États-Unis ont besoin, soit à peu près tout, allant du sel de voirie dont dépendent les municipalités américaines à la potasse canadienne absolument essentielle à l’agriculture américaine.
Le fait est que les États-Unis n’ont pas d’autre option que le Canada pour acheter des métaux et des minéraux fiables et d’un coût avantageux. La production canadienne d’aluminium, par exemple, génère entre 66 et 75 % moins d’émissions carboniques que l’aluminium produit ailleurs dans le monde. Si les États-Unis produisaient eux-mêmes tout l’aluminium qu’ils importent du Canada, ils auraient besoin de 40 millions de mégawatts-heures d’électricité, ce qui équivaut à quatre fois et demie la production annuelle du barrage Hoover.
Cela dit, les menaces tarifaires proposées représentent manifestement un risque réel pour l’industrie minière canadienne. Cependant, elles créent également une occasion d’établir de nouvelles relations commerciales et pourraient fournir l’impulsion indispensable pour accélérer le développement de l’écosystème des minéraux critiques du Canada.
Le Conseil des mines d’Unifor, qui représente près de 10 000 membres au pays, s’est engagé à défendre l’industrie minière pour protéger les emplois, les investissements et la capacité industrielle de ce secteur. Unifor défendra activement notre industrie, ses travailleuses et travailleurs et ses collectivités pendant qu’elle fait face à ces menaces.
Unifor est prêt à travailler avec tous les ordres de gouvernement à l’élaboration de stratégies efficaces pour défendre cette industrie contre les tarifs douaniers américains, aussi longtemps que ces mesures défensives, notamment les tarifs de représailles, protégeront les emplois des travailleuses et travailleurs du secteur canadien des mines et des métaux. Les conventions collectives aideront à soutenir les membres d’Unifor ainsi que toutes les travailleuses et tous les travailleurs de l’industrie minière qui affronteront ces difficultés ensemble.
Unifor est résolu à tout faire pour que l’industrie minière continue d’être l’un des principaux moteurs économiques du Canada et une source continue de bons emplois syndiqués. Unifor collaborera avec les syndicats, les gouvernements et les organisations qui partagent notre vision, afin de promouvoir un commerce juste, des pratiques minières durables et la solidarité au sein de la main-d’œuvre.
Ensemble, les travailleuses et travailleurs peuvent vaincre la menace de la guerre commerciale du président Trump et bâtir un avenir meilleur et plus prospère pour l’industrie minière du Canada.