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La journée de clôture du Conseil canadien a été l’occasion d’écouter, d’apprendre et d’enseigner la sombre histoire de la colonisation et de l’exploitation des peuples autochtones au Canada, à la veille de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, célébrée chaque année le 30 septembre.
« Aujourd’hui, nous abordons l’une de nos plus importantes priorités en tant que syndicalistes et habitants de ce pays, a déclaré Lana Payne, présidente nationale d’Unifor. Aujourd’hui, vous serez appelés à vous remettre en question et à réfléchir à la manière dont notre syndicat peut réitérer son engagement en faveur de la vérité et de la réconciliation. Nous nous engageons de nouveau à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre fin à la violence contre les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones. »
Le hall principal du Palais des congrès de Montréal a été inondé d’une mer de chandails orange sur lesquels figuraient des œuvres d’art créées par Dwayne Wabegijig, un artiste autochtone adepte du style Woodlands de Thunder Bay, en reconnaissance de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation.
D’abord présentée sous le nom de la Journée du chandail orange, cette journée fait référence à l’expérience d’un enfant de 6 ans qui, en 1973, a été emmené dans un pensionnat et contraint de renoncer au précieux chandail orange que lui avait donné sa grand-mère.
Les membres délégués ont visionné un diaporama mettant en lumière le travail accompli par Unifor dans le domaine des relations avec les Autochtones.
L’ancien chef national Phil Fontaine a partagé son expérience personnelle marquante, lui qui a fréquenté deux pensionnats sur une période de 10 ans, et expliqué comment le chandail orange est devenu un symbole de la sombre histoire de génocide au Canada.
« Nous avons été maltraités, physiquement et sexuellement, a-t-il dit dans son allocution. La séparation de ma famille et de ma communauté pendant 10 ans symbolise le plus grand mal qui m’a été infligé. Lorsque j’ai commencé à fréquenter l’école publique, l’objectif de ces écoles était d’éradiquer tout sentiment "d’indianité", de nous priver de notre culture, de nos danses et de nos légendes. »
Phil Fontaine est né dans la Première Nation Sagkeeng, au Manitoba, à environ 150 kilomètres au nord de Winnipeg. Ses frères et sœurs plus âgés, son père, sa mère et sa grand-mère ont tous fréquenté des écoles industrielles.
Il a courageusement commencé à raconter son histoire publiquement en 1990, et fait remarquer que les pensionnats ont bénéficié d’une publicité internationale dans les dernières années et poussé les survivants à engager des poursuites civiles contre leurs agresseurs.
Ce processus de mobilisation des survivants, explique-t-il, a permis à leurs voix collectives de se faire entendre : la majeure partie de la population canadienne est aujourd’hui consciente et informée des expériences vécues dans les pensionnats, des tombes anonymes et des enfants disparus, et de ce que signifie l’origine de la vérité et de la réconciliation.
« Nous avons semé une graine, poursuit-il. Il y avait ici une histoire qui n’était pas seulement une expérience vécue par notre peuple, mais aussi une histoire canadienne. Il fallait que ce soit une leçon pour l’ensemble de la population canadienne. »
« Lorsque je vois tous les chandails orange, que j’écoute les reconnaissances du territoire lors d’événements sportifs ou de rassemblements universitaires, et que je vois des milliers de personnes défiler dans les rues de la ville, je crois alors qu’il est possible de changer les mentalités et le cœur de la population canadienne. »
Au cours du Conseil canadien, la présidente nationale a présenté sa recommandation finale, par laquelle Unifor réitère son engagement en faveur des 94 appels à l’action découlant de la Commission de vérité et réconciliation de 2015 ainsi que des 231 appels à la justice qui ont découlé du rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
La recommandation encourage également les sections locales à promouvoir la vérité et la réconciliation en s’informant sur les appels à l’action et les appels à la justice, en développant l’engagement des membres, en participant à des actions de solidarité autochtone et en promouvant l’éducation et la sensibilisation, notamment en participant à une série d’activités éducatives d’Unifor sur l’île de la Tortue.
Lana Payne a remercié Phil Fontaine d’avoir partagé son histoire émouvante, ainsi que Gina Smoke, agente de liaison d’Unifor avec les Autochtones, et d’autres personnes d’avoir aidé le syndicat à poursuivre son travail en faveur de la vérité et de la réconciliation en prêtant une oreille attentive aux expériences qu’ils ont vécues.
« Nous devons tous et toutes reconnaître que notre éducation dépend des expériences que Phil, Gina et l’ensemble de nos amis doivent revivre, a-t-elle mentionné. Il s’agit d’un enjeu de taille qui nous permettra de nous assurer que les erreurs du passé, le colonialisme et le génocide ne se répètent pas, a-t-elle ajouté. Nous avons beaucoup de travail à faire, et nous ne faisons que commencer. »
Alors que le Conseil canadien tirait à sa fin, Lana Payne a laissé aux membres délégués un message de solidarité et d’ardeur pour poursuivre sur leur lancée.
« Lorsque nous nous inspirons les uns des autres, je crois que nous pouvons tout faire. Nous allons continuer de nous mobiliser et de nous battre chaque jour pour les travailleuses et travailleurs. Lorsque nous nous battons, nous gagnons! »