À l'occasion de la Journée mondiale des réfugiés, Unifor s'engage à faire de la solidarité avec les millions de personnes déplacées et de migrants une composante essentielle de son militantisme

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Le 20 juin 2020, Unifor se joint aux personnes de bonne volonté du monde entier pour reconnaître la crise humanitaire à laquelle sont confrontés les 70,8 millions de réfugiés dans le monde. Au cours des deux décennies qui ont suivi la proclamation en 2000 par les Nations unies de la Journée mondiale des réfugiés, le nombre de réfugiés et leurs conditions sociales se sont aggravés. Déplacés de leurs foyers par un génocide, une guerre, des conflits civils, des catastrophes naturelles et environnementales et la crise climatique, les réfugiés sont confrontés quotidiennement à des dangers extrêmes dans leur parcours vers la sécurité et à des conditions désespérées, insalubres et socialement inacceptables qui règnent dans les camps où des dizaines de millions de personnes sont coincées.

Nous rejetons l'excuse selon laquelle la crise des réfugiés est insoluble, alors qu'en fait la majorité des réfugiés sont déplacés intentionnellement par la violence et la répression parrainées par l'État. On estime que 5,6 millions de réfugiés syriens se trouvent dans des camps au Liban, en Jordanie et en Turquie, alors que les troubles civils et la répression étatique se poursuivent en Syrie. Plus d'un million de réfugiés rohingyas sont déplacés dans des camps au Bangladesh, alors que les droits de citoyenneté leur sont toujours refusés au Myanmar. Les plus anciens réfugiés déplacés de force sont peut-être les millions de Palestiniens dans les camps en Syrie, au Liban et en Jordanie qui sont victimes de discrimination et souvent incapables de travailler alors que l'engagement international envers un État palestinien ne s'est pas encore concrétisé.

Les racines politiques de la crise des réfugiés peuvent et doivent être résolues, mais il est encore plus urgent d'augmenter immédiatement les ressources pour s'attaquer aux conditions sanitaires et sociales des réfugiés. Ces conditions sont aujourd'hui rendues encore plus dramatiques par la pandémie de la COVID-19. Selon les mots d'Abu Abdallah, un réfugié syrien dans la vallée de la Beqaa au Liban : « Le coronavirus est pire que la guerre car pendant la guerre, vous savez qui est votre ennemi. Mais maintenant, vous ne savez pas d'où va venir la maladie, de l'air ou d'une personne. » La distanciation sociale des réfugiés est pratiquement impossible, la densité de population dans les camps de réfugiés étant jusqu'à 20 fois supérieure à celle de la ville de New York, l'un des épicentres mondiaux de la pandémie. Dans le camp de réfugiés de Moria en Grèce, le plus grand camp de réfugiés d'Europe, on compte 20 000 personnes dans un espace d'une capacité maximale de 2 700 personnes. Le camp de Kutupalong au Bangladesh est le plus grand camp de réfugiés au monde selon le HCNUR, avec plus de 600 000 réfugiés.

Les réfugiés sont les conséquences humaines et l'héritage du colonialisme et du militarisme, ainsi que de l'inégalité croissante, du racisme institutionnalisé et de l'insoutenabilité du capitalisme mondial. En ce jour, nous dénonçons les racines systémiques de la crise des réfugiés et demandons au Canada et aux pays développés riches d'accroître considérablement leurs engagements pour atteindre les objectifs de développement durable du Programme 2030 des Nations unies « afin que personne ne soit laissé pour compte ». Pour les réfugiés et les personnes déplacées, ces objectifs exigent que chaque pays fasse de l'inclusion des réfugiés et des personnes déplacées une partie intégrante de ses propres plans de développement nationaux.

Unifor réaffirme ses engagements énoncés dans sa Politique sur les réfugiés de 2016, qui déclare : « Une politique sur les réfugiés équitable, inclusive et accueillante est l'expression des meilleures valeurs canadiennes et constitue un prolongement de la solidarité sociale qui unit le mouvement syndical canadien ». Cette politique est bien alignée sur le programme du HCNUR visant à faire de la crise des réfugiés une composante de la politique sociale nationale. Entre autres mesures, Unifor exige que les dispositions suivantes soient prises pour les réfugiés:

  • Aucune exclusion ou discrimination d'une quelconque catégorie de demandeurs d'asile sur la base du pays d'origine, de la race, du genre, de l'âge, de la religion, de la langue, des capacités physiques, du statut économique, de l’orientation sexuelle ou de l'affiliation politique;
  • La reconnaissance du fait que le parrainage des réfugiés est la responsabilité première du gouvernement;
  • Le droit à la protection de la Charte canadienne des droits et libertés, à une procédure régulière et à un droit d'appel, que le réfugié présente sa demande depuis le pays ou depuis un pays tiers;
  • La facilitation du regroupement familial par Immigration Canada pour les membres de la famille qui ne remplissent pas les conditions requises par la convention ou la désignation du HCNUR;
  • Le droit de travailler dès que possible après l'arrivée au Canada, et de permettre la participation à l'assurance-emploi, au RPC, au régime d’indemnisation des travailleuses et travailleurs et à tout autre régime juridique lié à l'emploi;  
  • L’octroi d’un permis de travail qui permet à un travailleur de rester employé jusqu'à ce que la demande de statut de réfugié ait été définitivement tranchée;
  • Le droit à la santé et aux services sociaux;
  • Le financement des organismes communautaires d'établissement et des programmes offrant des cours de langue; et
  • La mise en place de programmes de réinstallation des réfugiés impliquant les syndicats canadiens en tant que partenaires du programme et des parrains privés pour aider à l'intégration dans le monde du travail et pour fournir des services de défense des droits des travailleuses et travailleurs réfugiés.

Unifor s'est exprimé sur les questions relatives aux réfugiés et a fourni un financement et un soutien au travail de Médecins Sans Frontières en faveur des réfugiés rohingyas. Unifor a également fourni un financement et un soutien à de multiples projets du HCNUR en faveur des réfugiés, notamment en Syrie, en Jordanie et au Brésil, et Unifor et ses membres bénévoles ont parrainé cinq familles syriennes pour qu'elles se réinstallent au Canada.

En cette Journée mondiale des réfugiés 2020, Unifor s'engage à faire plus et à faire de la solidarité avec les millions de personnes déplacées et de migrants une composante essentielle de son travail et de sa lutte en tant que syndicat.

Nous appelons le gouvernement canadien à prendre également de nouveaux engagements audacieux pour répondre à la crise mondiale des réfugiés en augmentant considérablement le soutien au HCNUR pour améliorer les conditions sociales des réfugiés et en accueillant un plus grand nombre de réfugiés au Canada.