Partager
ENVOYÉ PAR COURRIEL À
L’honorable Jonathan Wilkinson
Ministre des Ressources naturelles
Chambre des communes
Ottawa (Ontario) K1A 0A6
Objet : Conflit de travail à Sel Windsor
Bonjour Monsieur le Ministre Wilkinson,
Au nom d’Unifor, le plus grand syndicat du secteur privé au Canada, je vous écris au sujet du conflit de travail à Sel Windsor qui touche l’un des plus grands producteurs de sel au pays. Plus de 250 membres des sections locales 240 et 1959 d’Unifor qui travaillent à la mine de sel et à l’usine d’évaporation de Windsor sont en grève depuis maintenant près de six semaines, soit depuis le 17 février.
Sel Windsor, l’un des plus anciens et des plus grands producteurs de sel au Canada, a été acheté en 2021 par la société Stone Canyon Industrie dont le siège social se situe en Californie. Stone Canyon est une société de portefeuille privée qui s’est engagée activement dans une stratégie d’acquisition visant des entreprises productrices de sel partout dans le monde, ce qui a permis à sa division SCI Salt de devenir l’une des plus grandes sociétés productrices de sel au monde. Cette société s’est approprié le marché nord-américain du sel à un point tel qu’elle a été forcée par le ministère américain de la Justice à se départir de l’une de ses filiales, US Salt, avant de conclure l’entente menant à l’acquisition de Sel Windsor. Selon le ministère de la Justice, la fusion proposée par Stone Canyon aurait entraîné « une hausse des prix et une baisse de la qualité pour les consommateurs ».
En vertu de l’entente d’acquisition ayant mené à l’achat de Sel Windsor, Stone Canyon a également obtenu le contrôle sur une part considérable de l’approvisionnement canadien en sel. En plus des nombreuses mines et usines de sel de Sel Windsor partout au pays, Stone Canyon est aussi propriétaire de NSC Mineral, un fournisseur de sel en vrac dont le siège social est situé en Saskatchewan et de la société ontarienne Kissner Miling Company qui fabrique et distribue des produits pour faire fondre la glace.
Monsieur le Ministre, je tiens à insister sur le fait qu’il y a un lien direct entre le pouvoir de marché démesuré de Stone Canyon et leurs stratégies de négociation, et je soulève cet aspect, car je considère que le gouvernement du Canada devrait être préoccupé par ce genre de stratégie. L’approche cavalière adoptée par cette société pour s’approprier le marché nord-américain du sel se reflète dans la stratégie qu’elle déploie à la table de négociation où elle a commencé sa toute première ronde de négociations avec les sections locales 240 et 1959 en exigeant des concessions inacceptables.
En particulier, Stone Canyon a refusé de discuter de tout enjeu financier tant que les sections locales n’acceptaient pas l’externalisation de tâches effectuées par la main-d’œuvre syndiquée, ce qui aurait véritablement ouvert la porte à de nombreuses mises à pied et mis en péril la représentation syndicale.
Bref, personne ne voulait de cette grève, mais les travailleuses et travailleurs n’ont eu d’autre choix que de s’y résoudre compte tenu de la menace existentielle pour leur sécurité d’emploi et leur syndicat. Bien que le soutien indéfectible démontré par les membres des sections locales 240 et 1959 ait obligé Stone Canyon à assouplir sa stratégie d’obstruction, l’employeur continue de demander des concessions significatives en matière d’externalisation du travail et de sécurité d’emploi.
Les membres d’Unifor continuent toutefois d’espérer qu’une entente juste puisse être conclue. Forts du soutien de l’ensemble de la communauté, les travailleuses et travailleurs de Sel Windsor sont conscients qu’en luttant aujourd’hui pour obtenir une entente équitable, ils contribueront à assurer un meilleur avenir économique à la région de Windsor pour les générations futures. Inutile d’expliquer l’importance économique d’une mine de sel qui est exploitée de façon continue depuis les années 50 et qui, selon les prévisions, devrait demeurer viable au moins jusqu’en 2063.
J’espère que le gouvernement est également d’avis que les travailleuses et travailleurs de Sel Windsor méritent une entente juste et que le processus de négociation collective exige que les parties en présence participent ouvertement aux négociations sans fixer de conditions préalables indues. Si vous avez des questions ou désirez discuter de cette situation plus en détail, n’hésitez pas à communiquer avec moi.
Cordialement,
Lana Payne
Présidente nationale
