Lettre au premier ministre sur les arguments d'Unifor en faveur d'une législation antibriseurs de grève au Canada

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Membres sur la ligne de piquetage à Regina
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Le très honorable Justin Trudeau, C.P., député
Premier ministre du Canada
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Objet : Le bien-fondé d'une loi anti-briseurs de grève au Canada 

Monsieur le Premier Ministre,

Je vous écris au nom des 315 000 membres d’Unifor qui travaillent d’un bout à l’autre du pays dans tous les grands secteurs de l’économie canadienne pour vous demander d’aider à rétablir un équilibre pour tous les travailleurs et travailleuses. Notre syndicat lance une campagne publique  réclamant une loi anti-briseurs de grève pour empêcher les employeurs de miner le pouvoir des travailleuses et travailleurs syndiqués.

Qu’ils travaillent pour Delastek Inc. à Grand-Mère, pour Compass Minerals à Goderich, pour D-J Composites à Gander, pour la raffinerie Co-Op à Regina ou pour Cascade Aerospace à Abbostsford, les membres d’Unifor de tout le pays ont subi personnellement les effets dommageables que les briseurs de grève causent à la lutte que nous menons au Canada dans le but de créer des emplois de qualité, stables et sûrs pour les travailleuses et travailleurs. Les trois plus longs conflits de travail de l’histoire d’Unifor ont fait intervenir des briseurs de grève. En fait, l’examen de tous les conflits de travail vécus par des membres d’Unifor montre que les conflits marqués par le recours à des briseurs de grève ont duré en moyenne six fois plus longtemps que les autres.

Aujourd’hui, Unifor rend public un rapport intitulé Le bien-fondé d'une loi anti-briseurs de grève au Canada. Cet important document présente des données et des analyses internes inédites qui exposent en détail les faits indéniables prouvant l’impact négatif des briseurs de grève sur la résolution des conflits de travail. En résumé, le recours à des briseurs de grève mine le pouvoir collectif des travailleuses et travailleurs, prolonge inutilement les conflits de travail et supprime la pression financière que le retrait de la main-d’œuvre est censé donner aux travailleuses et travailleurs pour les aider à mettre fin à un conflit.

Nous avons également inclus dans ce rapport des témoignages personnels de nos membres afin d’illustrer clairement que le recours aux travailleurs de remplacement rend les lignes de piquetage plus conflictuelles, compromet la sécurité sur le lieu de travail, déstabilise les relations de travail normalisées entre travailleurs et employeurs, et supprime la motivation des employeurs à négocier et à conclure de bonnes conventions collectives.

Au cours des prochaines semaines, vous entendrez parler de l’appui croissant de nos membres et

de nos alliés en faveur d’une loi anti-briseurs de grève tant au niveau fédéral que provincial. Nous croyons que le moment est venu de modifier le Code canadien du travail de façon à :

  • Interdire aux employeurs de recourir aux briseurs de grève pendant la durée d’une grève ou d’un lock-out légal, en interdisant expressément l’embauche d’employés ou de travailleurs contractuels pour accomplir les tâches des membres d’une unité de négociation.
  • Interdire aux employeurs de recourir aux briseurs de grève externes (ceux qui sont embauchés expressément pour remplacer les membres de l’unité de négociation en grève ou en lock-out), ainsi qu'aux briseurs de grève internes (nouveaux employés, membres de l’unité de négociation qui pourraient franchir la ligne de piquetage, ou d’autres employés travaillant dans un autre établissement de l’employeur, y compris les gestionnaires).
  • Prévoir des amendes importantes pour les employeurs qui défieront la loi anti-briseurs de grève.
  • Permettre un recours très limité aux travailleuses et travailleurs temporaires uniquement pour effectuer les tâches d’entretien essentielles à l’intégrité et à la sécurité du lieu de travail, mais non pour assurer le fonctionnement continu et normal du lieu de travail.

Dans cette nouvelle vidéo, vous entendrez les témoignages de plusieurs membres d’Unifor qui ont subi personnellement les effets dommageables que peuvent causer les briseurs de grève dans un milieu de travail.

Nous espérons que vous la regarderez et que vous prendrez le temps de lire le rapport Le bien-fondé d’une loi anti-briseurs de grève. Nous sommes enthousiastes à l’idée de collaborer avec vous à l’élaboration d’une loi qui réduira le nombre et la durée des conflits de travail et fera en sorte qu’il sera plus facile pour les employeurs, les travailleuses et les travailleurs syndiqués de conclure de bonnes conventions collectives. Une fois cette loi adoptée, nous pourrons nous remettre au travail pour rebâtir l’économie du pays.

Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de mes sentiments respectueux.

Jerry Dias
Président national d’Unifor

cc. Tous les députés du Parti libéral du Canada