Lettre au Premier ministre Eby : Déclarer la violence fondée sur le genre comme étant une épidémie en Colombie-Britannique

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Honorable David Eby, Premier ministre de la Colombie-Britannique
Cabinet du Premier ministre
Assemblée législative de la Colombie-Britannique 
501 rue Belleville, Victoria, C.-B. V8V 1X4 

Objet : Déclarer la violence fondée sur le genre comme étant une épidémie en Colombie-Britannique

Monsieur le Premier ministre Eby,

Nous vous écrivons aujourd’hui en tant que défenseurs des droits, experts et prestataires de services soucieux d’aider les survivantes et les survivants de la violence fondée sur le genre. Dans votre programme électoral, vous avez souligné l'importance de rendre la Colombie-Britannique plus sécuritaire et plus inclusive pour les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQIA+. Comme vous formez le nouveau gouvernement, l’occasion vous est donnée de reconnaître la gravité de la violence fondée sur le genre et de vous engager à la prévenir. En déclarant la violence fondée sur le genre comme étant une épidémie, vous franchiriez un énorme pas dans la reconnaissance de ce phénomène en tant que problème de santé publique justifiant une réponse importante et pertinente.

La violence fondée sur le genre est omniprésente dans notre province. Selon Statistique Canada, près de 30 % des femmes sont victimes de violence physique ou sexuelle de la part d’un partenaire intime. Ce pourcentage est beaucoup plus élevé chez les femmes autochtones de la Colombie-Britannique, où il atteint 42 %. Malgré ces statistiques, la violence fondée sur le genre demeure un crime peu signalé en raison de sa complexité et de la stigmatisation dont elle fait l’objet. Selon l’Observatoire canadien du fémicide pour la justice et la responsabilisation (OCFJR), au moins une femme ou une jeune fille est tuée tous les deux jours au Canada. Néanmoins, le fémicide - que les Nations unies décrivent comme un meurtre intentionnel motivé par le genre - est absent du code pénal canadien. Les données de l’OCFJR indiquent que la Colombie-Britannique a connu 21 fémicides en 2023. L’année précédente, 24 femmes avaient subi le même sort. Mais même un seul décès attribuable au genre est déjà un de trop.

En tant que prestataires de services et défenseurs des droits, nous constatons directement combien de femmes, de personnes issues de la diversité des genres et de leurs enfants sont victimes de violences. Des centaines de femmes et d’enfants sont inscrits sur les listes d’attente des refuges et des logements de transition de bon nombre de nos organismes, car les familles fuyant la violence sont à la recherche d’un endroit où vivre en toute sécurité. Le soutien à ce secteur est plus essentiel que jamais et des mesures supplémentaires doivent être prises.

Le fait de déclarer la violence fondée sur le genre comme étant une épidémie permettra non seulement de sensibiliser davantage le public, mais aussi de montrer aux survivantes et aux survivants que votre gouvernement est conscient de la fréquence et de la gravité du problème et qu’il s’est engagé à prendre des mesures pour le prévenir.

Déclarer que la violence fondée sur le genre est une épidémie, c’est aussi reconnaître que ce grave fléau nécessite une action de santé publique. Les conséquences de la violence fondée sur le genre ne se limitent pas aux personnes qui en sont directement victimes; elles peuvent avoir des effets négatifs et durables sur la santé, la société et l’économie qui s’étendent sur plusieurs générations.

Nous savons que le gouvernement provincial a pris des mesures par l’intermédiaire de Safe and Supported : BC’s Gender-Based Violence Action Plan (Le plan d’action de la Colombie-Britannique pour lutter contre la violence fondée sur le genre) et la nomination de Kim Stanton chargée d’examiner le traitement de la violence sexuelle et de la violence entre partenaires intimes dans le système juridique de la province. Il y a près de deux ans, Dr Bonnie Henry avait qualifié l’élimination de la violence fondée sur le genre comme étant une « priorité en matière de santé publique ». Le temps est venu de faire un pas de plus dans cette direction.

Pour répondre à l’urgence de cette situation, nous vous demandons d’inclure une déclaration reconnaissant que la violence fondée sur le genre est une épidémie dans vos prochaines lettres de mandat ministériel. Les gouvernements et les décideurs politiques peuvent exercer une influence durable en choisissant d’investir dans la prévention de la violence, l’intervention précoce et les services d’aide aux victimes. En tant que coalition de défenseurs des droits, d’experts et de prestataires de services concernés, nous présenterons à votre gouvernement des recommandations supplémentaires sur les mesures à prendre pour lutter contre la violence fondée sur le genre.

Par conséquent, nous vous invitons à nous rencontrer pour discuter plus en détails de cette question et à consulter le document d’information ci-joint.

En prenant dès aujourd’hui des mesures ambitieuses et en déclarant que la violence fondée sur le genre est une épidémie, votre gouvernement démontrera son engagement à assurer la sécurité, la santé et le bien-être global des femmes et des personnes issues de la diversité des genres dans notre province. Nous vous encourageons vivement à souscrire à cet engagement capital.

Cordialement,

Erin Seeley, présidente-directrice générale, YWCA de la région métropolitaine de Vancouver

En collaboration avec les personnes et les organismes suivants :

Allison Mclauchlan, directrice exécutive, Kamloops & District, Elizabeth Fry Society, Amy S. FitzGerald, directrice exécutive, BC Society of Transition Houses,

Ashley Oakes, directrice exécutive, PearlSpace

Chantelle Spicer, directrice de campagne, BC Poverty Reduction Coalition, Dalya Israel, directrice exécutive, Salal Sexual Violence Support Centre, Donne Rosa, présidente-directrice générale, Atira Women's Resource Society

Jessica L. Jimmo, Access BC